(Cio Mag) – Sur les réseaux sociaux, les consommateurs togolais sont appelés à boycotter les services de télécommunications le dimanche 16 août 2020. Régulièrement critiqués par des consommateurs pour « mauvaise qualité de service et coût élevé », les telcos vont-ils subir la colère des clients ? C’est du moins le souhait d’Anani Sossou, le web activiste à l’origine de l’appel au boycott qui ne mâche pas ses mots, taxant les telcos de « vols et arnaques ».
Un dimanche sans appel téléphonique et sans connexion mobile. C’est l’appel lancé par l’activiste Anani Sossou sur les réseaux sociaux. Il s’agit pour lui de contraindre les deux opérateurs télécoms Togocom et Moov-Togo à revoir le « coût de communication au Togo qui est le plus élevé dans la sous-région, l’un des plus élevés d’Afrique et une certaine médiocrité au niveau du réseau », soutient Anani Sossou.
Il appelle donc les Togolais à « faire pression sur les opérateurs pour améliorer la qualité de leurs services et diminuer les coûts de communication ». « Si les Togolais se sentent lésés, il faudrait qu’ils prennent soin de ne pas téléphoner, de ne pas se connecter aux données mobiles ; sauf en cas d’urgence », martèle l’homme.
Le gouvernement togolais a privatisé l’opérateur télécom parapublic Togocom en novembre 2019. L’une des raisons évoquées, permettre un accès aux services de qualité et aux meilleurs prix aux Togolais en vue de faire émerger un écosystème d’innovations et rendre attractif le pays en termes de services. Pour les consommateurs, l’attente semble désormais longue. Début 2020, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) avait interpellé l’opérateur Moov-Togo suite à des dysfonctionnements constatés sur le réseau.
L’ATC dit donc encourager l’initiative du journaliste et web-activiste Anani Sossou. L’Association pense qu’elle ne devrait pas être la seule dépositaire des actions de revendication dans l’intérêt des consommateurs. « Le boycott est l’arme du consommateur et il faut que les Togolais en prennent conscience », a confié à Cio Mag Benetti GAGALO, Vice-président de l’ATC.
Depuis 20 ans, l’ATC sensibilise les consommateurs pour la prise de conscience de leur pouvoir de décision. Pour l’association, le grand défi reste l’adhésion des consommateurs aux différentes actions menées pour le respect de leurs droits.
L’ART&P, l’arbitre…
L’Autorité de Régulation des secteurs de Postes et de Télécommunication (ARP&P) est le premier recours des consommateurs. Avec pour entre autres missions de veiller au respect des cahiers de charge des opérateurs, l’ART&P traite aussi les plaintes de ces derniers. Ces plaintes peuvent être reçues sur le site de l’institution mais aussi via le numéro court 80008000. Selon OURO-AGORO Kader, Responsable Département des Affaires Juridiques de l’ART&P, « les consommateurs utilisent le numéro vert mis en place par l’ART&P pour les plaintes. Ces plaintes sont de tous ordres et ne portent pas nécessairement sur les problèmes de tarifs et de qualité de service ».
Mai 2019, l’autorité de régulation a signé un accord de partenariat avec les associations de consommateurs afin d’adopter une démarche inclusive dans la défense des intérêts des consommateurs. En ce qui concerne l’appel au boycott de dimanche, l’ART&P se garde de tout commentaire et rappelle que les associations des consommateurs restent ses partenaires stratégiques. Cependant, n’utilisant pas forcément les mêmes outils d’évaluation, les points de vue pourraient converger ou diverger, soutient-on à l’ART&P. L’essentiel, à en croire l’institution, c’est le cadre de dialogue permanent qui existe avec tous les acteurs.
Souleyman Tobias, Lomé