La startup NafsiyaTECH a organisé, du 31 mars 2021 au 22 mars 2022, la première édition du marathon Tech féminin de l’Innovation et de l’entrepreneuriat inclusif de la diaspora « She’s IN TECH Challenge ». Un programme en ligne pour favoriser l’émergence de nouveaux talents féminins dans l’innovation et encourager la diaspora à investir dans la Tech en Algérie. A l’issue de la compétition, 10 lauréates ont été récompensées. Djalila Rahali, CEO et fondatrice de NafsiyaTECH, revient, pour Cio Mag, sur le bilan de cette première édition. Elle évalue également le développement de l’écosystème des startups en Algérie.
Cio Mag : Vous venez de clôturer la première édition du marathon “She’s IN TECH Challenge”. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à organiser cet évènement ?
D’abord, ayant moi même participé à plusieurs hackathons, en Algérie et à l’étranger, j’ai commencé à bien cerner tous les aspects organisationnels liées à l’organisation de tels évènements. J’ai été également agréablement surprise par le niveau de travail et d’innovation lors des compétitions. Ensuite, j’ai remarqué une accélération de l’utilisation des outils numériques pendant la crise sanitaire. Les femmes, surtout celles au foyer, ont commencé à utiliser le digital pour développer des petits business, pour pouvoir s’en sortir financièrement. Enfin, c’est une histoire personnelle qui m’a motivé à initier ce projet. Après avoir perdu ma sœur, décédée des suites d’un cancer, j’ai rajouté la thématique « She Challenges Cancer » pour récompenser le meilleur projet féminin contre le cancer. Au final, l’idée du challenge a commencé à murir et cela a coïncidé avec la multiplication des hackathons en Algérie pendant la crise sanitaire.
Cio Mag : Quel bilan faites-vous de cette première édition ?
D’abord, je dois dire que l’organisation s’est avérée plus compliquée que prévu. Malgré le parrainage de 4 ministères et le soutien de 8 institutions, ce n’était pas évident d’organiser la finale en présentiel, compte tenu de la situation sanitaire dans le pays. Nous avons eu également du mal à attirer des sponsors en ces temps de crise, mais grâce au soutien de nos sponsors officiels Sonatrach et AdexCloud, nous avons réussi à mettre en valeur notre initiative.
Nous avions eu aussi un autre défi à gagner sur le terrain, là où le contexte social n’était pas encore assez favorable pour l’entrepreneuriat féminin alors que l’Etat algérien a octroyé des avantages fiscaux aux startups via le ministère délégué chargé de l’économie de la connaissance et des startups permettant la création de l‘ASF , le fonds public dédié aux startups (Algerian startup Fund).
Au final, le taux de participation, pour une première édition, était très satisfaisant. Nous avons reçu des candidatures de femmes porteuses de projets, des quatre coins du pays. Nous n’avons pas oublié les femmes de la diaspora qui ont également participé au challenge. Au total, 87 projets ont été présentés aux membres du jury. Ces derniers ont récompensé 10 lauréates, avec l’ambition de créer 10 startups innovantes dans les secteurs de l’énergie, le transport, la finance et la santé.
Cio Mag : Justement, comment comptez-vous accompagner ces 10 lauréates ?
L’accompagnement sera assuré par NafsiyaTECH. Les lauréates de notre programme pourrons créer leurs startups, proposer des services et lever des fonds auprès des investisseurs. Grâce au soutien de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE), les startups pourront avoir les fonds nécessaires au démarrage de leurs projets. Nous prévoyons également des formations en partenariat avec notre partenaire scientifique, l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (ANVREDET).
Cio Mag : Comment évaluez-vous aujourd’hui le développement de l’écosystème des start-up en Algérie ? Quelle place pour la femme algérienne dans cet écosystème ?
L’écosystème des startups est en plein développement. Les bailleurs de fonds et business Angels ont commencé à investir dans les startups à fort potentiel de croissance. Les incubateurs se multiplient également sur tout le territoire algérien. L’Etat s’engage également à accompagner les jeunes entrepreneurs à travers la création d’un ministère dédié aux startups. Plusieurs ministères (transport, énergie, culture) ont créé leur propre incubateur pour favoriser l’émergence de nouvelles structures sectorielles. Nous assistons donc à une véritable effervescence dans l’écosystème entrepreneurial surtout concernant le digital et la technologie.
En parallèle, nous assistons à un réveil réel concernant l’entrepreneuriat féminin et donc on en parle de plus en plus dans les médias et dans la société, dans les entreprises et même dans nos universités. Pour accélérer le processus, j’estime que les femmes doivent avoir accès à des formations de qualité, qui leurs permettront d’intégrer naturellement le monde de l’entrepreneuriat et de l’innovation. A travers l’initiative “She’s IN TECH Challenge”, NafsiyaTECH apporte sa pierre à l’édifice.