VivaTech, le plus grand salon tech d’Europe, était à sa 6è édition du 15 au 18 juin 2022 à Paris. Au milieu de cette exposition de l’écosystème technologique mondial, les startups africaines ont pu se frotter aux géants et gratter quelques opportunités.
(Cio Mag) – A Porte de Versailles où il s’est tenu, VivaTech 2022 a rassemblé start-ups, grands groupes, décideurs et personnalités fortes de l’écosystème technologique mondial. Dans les salons, plus 1 500 stands exposaient toutes sortes d’innovations devant plus de 26 000 visiteurs en présentiel, pour une trentaine de pays représentés. Dans le même temps, se tenaient des conférences-débats, tables-rondes, pitchs ou des événements B2B sur le Métaverse, la Web3, le rebond de la mobilité, le futur du travail, l’inclusion ou encore la course à zéro émission. Sans oublier les démos.
Malgré la levée des restrictions liées à la Covid-19, le salon a maintenu son format hybride, pour partager une expérience digitale enrichissante au plus grand nombre à travers le monde. Quelques 100 mille personnes ont suivi en ligne, les différentes séquences du plus grand événement d’exposition de la FrenchTech. Au cours des trois premiers jours dédiés aux professionnels, l’Afrique de la tech était présente à travers le Sénégal, l’Egypte, le Congo Brazzaville, ou le Nigéria, etc. Entre les géants tels que Google, Huawei, Microsoft ou Meta, l’écosystème tech africaine était portée par Click2Sure, Tolbi, Chefaa, REMA et bien d’autres. Enfin, le dernier jour du salon était réservé au grand public.
Développer l’innovation et la recherche
Très peu visible sur le marché mondial de la tech, le continent africain a quand même joué son va-tout à VivaTech. Moins de 4 milliards de dollars : c’est la taille de son marché entre 2013 et 2019. Une manne beaucoup plus produite par la partie anglophone, entre le Nigéria, le Kenya et l’Afrique du Sud. Des pays dont la force d’innovation fait d’ombre à la zone francophone. Ce n’est pourtant pas un facteur dissuasif.
« Nous sommes venus avec les startups sénégalaises [Tolbi, Oui Carry, Paps, etc.] qui évoluent dans l’innovation, la tech et le numérique afin de les promouvoir, les mettre en avant et leur permettre de s’exporter », avance fièrement Mame Aby Seye, Ministre déléguée générale à l’Entrepreneuriat rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ). Nommée à ce poste il y a trois mois, elle est de ceux qui pensent que l’exportation des startups africaines ne doit plus être à sens unique. Il faut « créer une mobilité qui prendra tout son sens dans le fait que les investisseurs, les entreprises et les structures d’accompagnement rencontrés à VivaTech, puissent aussi venir au Sénégal », préconise-t-elle.
Le pays de la Téranga a désormais tout pour plaire : érection d’un parc des technologies numériques, mise en œuvre d’une stratégie numérique (SN 2025) bien affinée et, en cours de construction, le centre Mohamed Bin Zayed pour l’entrepreneuriat et l’innovation. Comme la station F en France, il se veut la station S du Sénégal, destinée à « recevoir, créer et développer l’innovation et la recherche. Ce centre aura la vocation d’accueillir des entreprises et des startups étrangères » pour partager des expériences et susciter des émules.
Des retombées !
A l’instar du Sénégal, le Congo Brazzaville a dépêché une délégation du côté de VivaTech. Tinda, Noki-Noki et Green TechAfrica sont les startups sélectionnées après un challenge organisé au cours de la 6e édition du salon Osiane par son promoteur Luc Missidimbazi. Elles ont effectué le déplacement avec l’objectif « de découvrir l’écosystème mondial de l’entrepreneuriat et de l’innovation, de mettre en lumière leurs produits et d’élargir leur réseau », confie Luc Missidimbazi. Alors que Tinda et Noki-Noki font dans la livraison, Green TechAfrica est du domaine des technologies propres et propose des services de valorisation énergétique des déchets.
Avec ses six startups présentes à VivaTech, le Sénégal expose un échantillon de la diversité des secteurs dans lesquels évoluent ses jeunes pousses. Il y en a dans la Fintech, l’Agritech, la logistique, les services, etc. De ce salon d’envergure mondiale, elles sont reparties « plus fortes, avec des contrats » et des promesses d’accompagnement et de « mobilité des investisseurs, des startups et des structures d’accompagnement vers le Sénégal. »
Désiré Cashmir Eberande Kolongele, ministre du numérique de la République démocratique du Congo (RDC) peut être satisfait : « C’est un rendez-vous positif pour notre délégation. Nous allons capitaliser sur les échanges que nous avons eus avec les différents interlocuteurs qui ont pu être intéressés par les solutions proposées par nos startups. » Au plan bilatéral, il a eu des partages d’expériences avec ses collègues de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de la France. Par ailleurs, le salon Osiane s’en sort avec des partenariats avec des institutions et des plateformes de renom.
AfricaTech Awards, une première !
A VivaTech, les innovations foisonnaient, les unes aussi ingénieuses que les autres. Comme d’habitude, les meilleures sont récompensées à travers les Next Unicorn Awards par exemple. AfricaTech Awards est une première, organisé pour révéler les innovations africaines au monde et les soutenir. Sur les 45 startups retenues, seulement trois à fort potentiel ont finalement été distinguées. Toutes provenant des milieux anglophones, elles portent sur la Fintech, Healthtech et Climate tech et favorisent l’innovation positive.
Startup kényanne, WEEE Centre est l’un des lauréats de l’AfricaTech Awards dans la catégorie Climate tech. Elle est fondée en 2012 et fournit des services de gestion des déchets électroniques en menant des opérations écologiques sûres qui protègent l’environnement et la santé humaine.
D’origine égyptienne, Chefaa a damé le pion à ses challengers dans la catégorie Health Tech. C’est une plateforme de prestations pharmaceutiques avec une fonction GPS pour aider les malades chroniques à commander, programmer et renouveler leurs ordonnances et tous leurs besoins pharmaceutiques. Ils peuvent aussi gérer le suivi de leur traitement, indépendamment de leur localisation et de leurs revenus. Chefaa existe depuis 2018.
Dans le domaine de la Fintech, c’est Click2Sure, la startup sud-africaine qui a été choisie. Fondée en 2015, elle a mis en place un logiciel en tant que service (SaaS) basé sur le cloud pour faciliter la vie aux entreprises opérant dans le secteur des assurances. Elles peuvent bénéficier d’une réduction des coûts administratifs, d’une distribution omnicanale et de meilleures décisions grâce à des rapports et des informations en temps réel.
Aussi bien les startups et délégations francophones que celles anglophones sont reparties galvanisées de cette 6e édition de VivaTech. Mais c’est un retour à la réalité des limites à l’éclosion de l’écosystème tech africaine à l’échelle mondiale. Si les autorités prêchent une nette amélioration des standards, elles comptent sur les relations bilatérales, les partenariats et l’accompagnement pour une AfricaTech imposante.