Le développement vertigineux de la technologie a engendré des usages et besoins sans cesse croissants. Et l’intelligence artificielle, bien qu’existante depuis plusieurs décennies, en a profité pour s’imposer à tous. Une nouvelle jeunesse sans doute facilitée, en grande partie par l’arrivée de la 5G. A quel prix ? C’est justement autour de cette question qu’a tourné le 13e Orange Business Live (#OBL13) sur le thème « Intelligence artificielle et cybersécurité : leviers de croissance ou menaces pour les entreprises ! »
(Cio Mag) – Intelligence artificielle et technologie 5G ; les deux termes sont en vogue et constituent des enjeux mondiaux qui n’épargnent personne. L’édition du 22 juin 2023 des Orange Business Live (OBL) a été l’occasion de poser le débat. Cette rencontre virtuelle qui a vu la participation d’éminents spécialistes a permis de revenir sur des enjeux qui n’ont pas fini de révolutionner le monde.
Pour Steve Fayomi, Global project manager 5G, panéliste, les réseaux deviennent de plus en plus efficients grâce à la 5G. Dans un terme très imagé, il considère la 5G et l’Intelligence artificielle comme deux faces d’une seule pièce. « L’IA permet, par exemple, d’allouer les bonnes ressources du réseau 5G afin de garantir la continuité du service. La 5G est le réseau qui va répondre aux besoins futurs de l’humanité. » Poursuivant, il estime que cette association « permettra la création d’un écosystème vertueux dans lequel les objets seront mieux connectés et dont les données pourraient être remontées en temps réel ».
Des risques à prendre en compte
S’il est vrai que le potentiel est énorme, il ne manque pas de constituer des risques énormes qu’il semble urgent de prendre en compte. C’est l’appel des différents panélistes. Si Mame Diop Bâ, directrice adjointe Cyberdéfense, estime que la perte d’emplois est l’un des risques majeurs liés à l’usage de l’IA, avec l’autonomisation progressive de certaines tâches. Didier Kla, lui, a plus d’inquiétudes, d’ordre sécuritaire notamment. Le directeur Orange Business et Broadband estime que la menace est globale et nécessite une réponse globale. « Toute technologie est à double tranchant et l’IA n’échappe pas à cette règle. La menace étant globale, la réponse doit l’être également. L’IA permet d’avoir les informations sur le comportement des usagers et analyser les potentielles cyberattaques. Il faut mettre en place des mécanismes de régulation de l’IA », a-t-il indiqué, non sans préciser « être sceptique sur les régulations des technologies disruptives ».
Dans le même ordre d’idées, M. Fayomi semble partager les inquiétudes de Mme Bâ, mais préfère regarder du côté des opportunités qui vont être engendrées par les nouveaux enjeux. « Il y a certes le risque de perte d’emplois engendrée par l’avènement de l’IA. Mais il y a aussi les nouvelles compétences qui seront très demandées dans le domaine de la cybersécurité ou le machine learning », a-t-il souligné. Par contre, s’il a des inquiétudes, ils sont relatifs aux risques sécuritaires. « Avec le développement de l’IA, la 5G va constituer un facteur de risque plus important en matière de cybersécurité », a-t-il dit.
Par ailleurs, il estime qu’avec le coût exorbitant du déploiement de la 5G, le coût de la technologie constitue un risque d’augmentation de la fracture numérique entre les pays riches et les pays en développement. « En Europe, on parle de 30 milliards de dollars d’investissement pour le déploiement de la technologie de la 5G. En Côte d’ivoire, le calendrier de déploiement de la 5G d’Orange dépend de la disponibilité des fréquences et de leurs coûts d’acquisition. C’est en cours de discussion avec les autorités du pays et nous serons prêts pour le déploiement », a-t-il cependant rassuré.
Pour Mme Diop Bâ, l’autre préoccupation à prendre en compte, c’est la question de la protection des données à caractère personnel. Selon elle, même si grâce à l’intelligence et avec toute la masse de données collectées, on sera en capacité de prédire des cybers attaques en détectant rapidement les comportements anormaux, les risques sur la protection des données à caractère personnel sont réels. « Sur la question de la protection des données à caractère personnel, il y a un jeu de positionnement entre l’Europe, la Chine et les USA dans ce domaine et personne ne veut se faire dépasser », a-t-elle souligné.