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Dans l’univers du digital, l’intelligence artificielle s’est frayé une place qui ne cesse de s’élargir. Dans cette nouvelle configuration, la formation des ressources humaines semble capitale. Les pays semblent l’avoir compris. Les initiatives, même si elles sont encore balbutiantes, présagent de belles perspectives.
« La technologie évolue et il faut s’adapter. Il faut renforcer la formation dans les métiers du numérique ». Cette analyse du Professeur Moussa Lo, Recteur de l’université numérique Cheich Hamidou Kane du Sénégal, en dit beaucoup sur les profondes mutations apportées par l’intelligence artificielle dans le domaine du numérique. En perpétuelle évolution, le numérique a fini de prouver qu’il n’avait pas encore fini de révolutionner la vie humaine, l’environnement professionnel et bien plus. Et tout porte à croire que nous sommes au début des mutations. L’IA a, selon le Professeur, montré qu’on ne peut pas prévoir les métiers de demain. « Certains vont disparaître bientôt. Mais il y’en a beaucoup d’autres qui vont naître », prédit-il. D’où l’importance, selon lui, d’accorder beaucoup d’énergie à la formation des ressources humaines. « Il faut anticiper, pour ne pas être largué », dit-il.
Dénicheur et créateur de pépites, Chams Diagne, CEO de Talents2Africa, estime pour sa part que la percée surprenante de l’IA a montré un aperçu de ce que le numérique peut apporter comme chamboulement dans les habitudes. Et que des connaissances spécifiques sont requises. Pour s’adapter à cette nouvelle donne, M. Diagne appelle lui aussi à miser sur la formation. « Le numérique doit être aussi service de l’humain. L’homme doit prendre le contrepied de la technologie pour l’utiliser à bon escient. Aujourd’hui, la technologie, l’intelligence artificielle en particulier, a montré qu’il ne s’agit plus seulement de diplôme. Il faut constamment se former. Celui qui ne se forme plus stagne. Il y a une course permanente pour se mettre à jour », analyse-t-il.
L’expert estime que l’IA est en train d’apporter des mutations dans tous les secteurs d’activité. C’est pourquoi il est convaincu de la nécessité de faire en sorte que les automatismes se créent et que les jeunes puissent se former en permanence. « L’apprentissage est devenu accessible à tous. Il faut juste mettre en forme et centrer les besoins sur les connaissances. C’est à la portée de tous. Même celui qui n’a pas un niveau d’études supérieures a la possibilité de former », a-t-il plaidé.
« L’IA va profondément transformer le monde du travail »
Les impacts sont réels, les perspectives méconnues. Mais ce qui est constant et que plusieurs spécialistes partagent : la compréhension et la maîtrise de l’IA deviennent cruciales pour une participation éclairée dans le monde contemporain. C’est la conviction de Nicolas Poussielgue, fondateur du Dakar Institute of Technology, une des premières écoles à former en intelligence artificielle. Selon lui, l’avènement de ChatGPT a suscité un certain appétit du côté des jeunes. Aujourd’hui, soutient M. Poussielgue, les jeunes souhaitent de plus en plus se former dans le domaine de l’intelligence artificielle. « Même parmi les informaticiens déjà en poste, on observe un désir croissant de se perfectionner dans le domaine de l’IA, afin de saisir les opportunités émergentes. C’est inéluctable. En parallèle, on constate l’émergence de nombreuses startups axées sur l’IA sur le continent africain, ce qui témoigne de l’engouement croissant pour cette technologie », a-t-il ajouté. Il se dit persuadé que cette place de plus en plus grande, notamment chez les jeunes, permettra de créer des solutions intelligentes pour les défis locaux et mondiaux.
Rester pertinent sur le marché du travail
Où va s’arrêter l’intelligence artificielle ? Nul ne peut y apporter une réponse claire. Mais ce qui est sûr, selon Tafsir Sall, ingénieur informatique, il est risqué de fermer les yeux sur la révolution qui s’opère et s’impose à tous. « Si vous vous rappelez bien, ceux qui ne savaient pas utiliser un ordinateur et qui restaient fidèles à leur machine à écrire se sont retrouvés à la retraite. C’est la même chose qui est en train de se passer avec l’intelligence artificielle. Aujourd’hui pour garder ses chances dans le marché de l’emploi, il est essentiel de s’adapter et de comprendre comment fonctionne l’IA. Plutôt que de craindre qu’elle nous remplace, nous devons chercher à utiliser l’IA comme un outil qui peut nous aider à travailler plus efficacement et à résoudre des problèmes complexes », a-t-il indiqué. Poursuivant son analyse, il explique que les avantages sont tellement nombreux que tous finiront par l’adopter.
Pourtant, dans les instituts et écoles de formation où des enseignements informatiques sont dispensés, la formation sur l’IA reste encore théorique ou faible. Pour Mounir Cissé, membre de l’organisation des professionnels des Tic au Sénégal, les autorités doivent tout faire pour mette en place un cadre qui prennent en compte les enjeux de l’heure. Pour lui, prendre en compte dans la formation, l’intelligence artificielle peut contribuer à réduire l’écart entre les pays développés et les autres.
« Il faut intégrer la formation dès les niveaux inférieurs. Avant d’arriver à l’université, l’apprenant doit avoir maîtrisé toutes les notions de base. Peu importe le domaine de spécialisation, l’intelligence artificielle ne peut être qu’un atout », a-t-il admis.
Aujourd’hui la donne est claire, il faut s’adapter. De toute façon, indique Ibrahim Nour Eddine Diagne, CEO de GAINDE 2000, ceux qui ne le feront pas, se verront imposer les conséquences. « La formation doit occuper une place de choix dans cette dynamique », a-t-il indiqué. Même si les pays africains sont encore derrière dans la mise en place d’offres de formation adéquates et adaptées aux nouveaux enjeux, une prise de conscience réelle est en train de s’opérer.
Des initiatives commencent à germer
Même si l’intelligence artificielle est un concept encore nouveau, les acteurs ont commencé à mettre en place des outils pour disposer d’une main d’œuvre de qualité. C’est le cas au Sénégal, pays africain plutôt avancé dans le domaine. En plus de l’école supérieure Polytechnique et l’Université de Thiès, qui ont créé des masters dédiés à l’IA, d’autres initiatives privées ont vu le jour. C’est le cas de Dakar Institute of Technology, de Galsen AI, qui regroupe des acteurs du privé.
Au Maroc, ce ne sont pas moins de 11 masters qui sont disponibles, délivrés par les plus grandes universités. Au Rwanda, la première promotion du Master en intelligence artificielle a démarré ses apprentissages en 2018, faisant du pays un des précurseurs dans le continent. Et le mouvement sur le continent ne fait que commencer.
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