Le Colonel-Major Guelpétchin Ouattara à l’École nationale de police de Nicolet, au Canada, le 8 avril 2015. © François Gervais, Le Nouvelliste
Le Colonel-Major Guelpétchin Ouattara est le premier Directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Nouvel organe ivoirien dédié à la cybersécurité, l’ANSSI a vu le jour en octobre 2024 pour donner une nouvelle direction à la sécurité nationale. Aux commandes de cette structure concentrant toutes les attributions anciennes dévolues aux différents organes de la lutte contre la cybercriminalité et à la protection des systèmes informatiques, le Colonel se retrouve face à de nouveaux défis.
(Cio Mag) – Criminalité informatique. Exploration de l’esprit criminel et réaction du gouvernement. Questions juridiques internationales… C’est peu de dire que l’homme a été spécialement entraîné pour servir dans la lutte contre le crime en ligne. Jusqu’à cette nomination du 19 décembre 2024 à la tête de l’ANSSI, cet officier de la Gendarmerie occupait, depuis une décennie, le poste de Directeur de l’informatique et des traces technologiques (DITT), dont dépend la Plateforme ivoirienne de lutte contre la cybercriminalité (PLCC). Mais qui est-il ?
Un acteur déterminant dans la lutte contre la cybercriminalité
Discret et réservé, le Colonel-Major Guelpétchin Ouattara se manifeste peu en public. Sur le terrain, l’homme demeure globalement apprécié, y compris des décideurs locaux et de la communauté internationale. En 2016, le patronat ivoirien marquait sa reconnaissance pour cette direction en lui attribuant le Prix spécial de la meilleure entreprise/administration numérique. La même année, elle recevait le Trophée de l’initiative publique sous régionale attribué par TicSec Awards à Dakar. En juin 2023, la DITT a été primée par Interpol pour sa contribution aux enquêtes et la conduite des projets.
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Bien qu’ayant étudié l’ingénierie en génie mécanique et l’électromécanique, il est spécialisé dans les technologies Open Source, est certifié LPIC administrateur avancé Linux et a développé plusieurs plateformes et logiciels Open Sources pour l’armée, les assurances et le secteur bancaire.
Diplômé de la Gendarmerie Royale du Canada (2017), du Centre de formation de la JICA et de la Police nationale du Japon (2015) ou encore de l’Université de Virginie et de l’Académie nationale du FBI à Quantico (2013), Guelpétchin Ouattara est avant tout un soldat. Il a successivement travaillé pour la gendarmerie, l’armée et la police, sans oublier une décennie à l’informatique du Fonds de Prévoyance Militaire, structure de sécurité sociale pour la santé, la retraite, et les services bancaires.
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Aujourd’hui, il utilise ses connaissances en matière d’investigation numérique pour sécuriser le cyberespace ivoirien et déployer des systèmes technologiques de sécurité tels que la vidéo protection urbaine, la communication unifiée, etc., pour le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Ce qui en fait un acteur déterminant dans la lutte contre la cybercriminalité, mais également pour le soutien du numérique aux investigations de criminalité classique.
En 2019, Guelpétchin Ouattara explique à Cio Mag que les formes de criminalité varient d’une culture à l’autre ; à cela s’ajoute un environnement des TIC très particulier en Afrique. «Le défi, selon lui, est donc de bâtir son propre modèle de lutte contre les crimes technologiques. Ni s’agripper aux modèles et outils de lutte imposés par les pays riches via leurs aides, ni se laisser prendre à la puissance commerciale des multinationales vendeuses de solutions miracles de sécurité informatique. En cela, une formation très diversifiée permet de prendre le meilleur chez chacun pour construire la réponse la plus adaptée à nos pays.»
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En 2010, la Côte d’Ivoire avait été durement touchée par la cybercriminalité pour un préjudice financier de plus de 14 milliards de FCFA. Dix ans après, les tendances indiquent des chiffres en baisse de plus de la moitié. En 2021, le coût financier direct déclaré à la PLCC était de 6,3 milliards de FCFA, et de 6,2 milliards en 2022. Avant de connaître un nouveau trend croissant en 2023, avec plus de 9 milliards de FCFA de dommages financiers. Signe d’une recrudescence des activités cybercriminelles et d’une nécessaire intensification de la cybersécurité et de la protection des systèmes informatiques.