Odo Marie, Yasmine Diarrassouba, Biagui Koita et Ahoua Touré : quand le numérique booste l’entrepreneuriat ivoirien

Ils ont voulu vivre de leur passion, sortir un peu du train-train quotidien, et se lancer dans l’entrepreneuriat représentait un beau défi pour eux. Réunis le samedi 14 juin 2025 à Abidjan sur la scène du Golden Impact 6, Odo Marie, Yasmine Diarrassouba, Biagui Koita et Ahoua Touré (de gauche à droite sur la photo d’illustration) ont partagé leur expérience avec plusieurs centaines de jeunes venus les écouter et échanger avec eux. C’était le moment propice pour expliquer à ces jeunes l’importance du numérique dans la vie d’un entrepreneur, en gardant à l’esprit que les réseaux sociaux sont un puissant accélérateur, mais pas une solution miracle.

(CIO Mag) – Odo Marie est actrice et productrice dans le cinéma, la télévision et la WebTV. Yasmine Diarrassouba exerce dans la vente de produits cosmétiques et de beauté. Biagui Koita, quant à lui, est commerçant de poulets et d’œufs issus de son élevage. Ahoua Touré, pour sa part, dirige une fabrique de biscuits. Issus de divers secteurs d’activité, ces quatre entrepreneurs ivoiriens, qui n’ont apparemment rien en commun, bénéficient tous des effets du numérique. Ils en ont témoigné lors de la 6e édition du Golden Impact, un événement dédié à l’accompagnement des jeunes entrepreneurs, fondé par Imran Diarrassouba. Il a été organisé cette année sur le thème : “Stratégie pour booster les jeunes entreprises : la place de l’État et des grandes entreprises”.

Imran Diarrassouba

Rome ne s’est pas faite en un jour. La croissance d’une jeune entreprise ou d’une start-up demande du temps, de la détermination et une bonne dose de persévérance. C’est ce discours sans filtre qui a été adressé aux participants afin de susciter en eux la résilience. Cette qualité, ils en auront besoin pour faire face à la multitude de difficultés d’ordre financier, fiscal, administratif et autres, auxquelles ils pourraient être confrontés au démarrage de leurs activités.

L’occasion était idéale pour mesurer la résonance concrète du numérique, notamment des réseaux sociaux, dans le succès de ces quatre entrepreneurs. Voici ce qu’ils ont confié à CIO Mag.

Odo Marie : «Le numérique, c’est tout pour moi»

« Ma première expérience de productrice, c’était sur le Web. J’ai réalisé une saison pilote que j’ai publiée. Ça s’appelle “Un BaBatchê* à tout prix“. Avec le temps, la WebTV a commencé à prendre. Tout le monde a commencé à partager sur les réseaux sociaux. Ensuite, j’ai vendu la série à un média en ligne basé en France. Ils ont vu la réaction de toutes les personnes. Ils ont constaté que c’était une série appréciée tout de suite. C’est ainsi que j’ai pu signer ma première collaboration. Ensuite, j’ai fait des placements de produits avec des marques. Le numérique, c’est tout pour moi. Et la télévision, en plus, c’était intéressant », a raconté Odo Marie, actrice et productrice.

Yasmine Diarrassouba : «Internet compte à 95%»

Pour Yasmine Diarrassouba, CEO de Yasmine Cosmétique, le numérique représente 95 % de la croissance de son chiffre d’affaires. « Moi, ce sont des prestations que j’offre, et pour pouvoir les voir, c’est sur Internet. Vous naviguez sur Internet et vous tombez, par exemple, sur une prestation de coiffure qui vous plaît. Vous prenez des informations et vous venez. Je pense que ça compte à 95 % parce que rares sont les personnes qui vont passer (physiquement). Sur le numérique, on peut bien voir l’institut de beauté et les services proposés. Plus ils voient la prestation, plus ils aiment. Je dirais qu’aujourd’hui, Internet m’apporte beaucoup, voire presque tout ».

Biagui Koita : «Grâce à Internet, on arrive à contourner les circuits classiques»

CEO de Master Chicken, Biagui Koita considère le numérique comme un outil indispensable pour l’entreprise : « En 2025, c’est vraiment un espace où, sans payer, tu viens présenter tes produits à des millions, voire des milliards de personnes. Donc, c’est vraiment un outil capital pour notre business. Par le passé, les éleveurs étaient obligés d’utiliser les canaux classiques, par exemple donner leurs poulets aux revendeurs qui allaient peut-être mal payer leurs produits car ce sont eux qui maîtrisent le marché, ce sont eux qui ont le pouvoir. Aujourd’hui, grâce à Internet, on arrive à contourner ces circuits classiques pour vendre directement aux clients. Donc, Internet nous permet non seulement d’atteindre notre cible, mais aussi de leur proposer des produits à des prix raisonnables ».

Ahoua Touré : «Les réseaux sociaux nous permettent de passer les messages que l’on souhaite»

Même son de cloche chez Ahoua Touré, gérante et fondatrice de la biscuiterie Maison Mandjou : « Le numérique me permet de créer une application pour la société. Les multiples plateformes présentes sur les réseaux sociaux aujourd’hui nous permettent de transmettre les messages que l’on souhaite et que l’on veut. Aujourd’hui, on peut créer des buzz autour de nos personnes, autour de nos produits. À travers les réseaux sociaux, on arrive facilement à s’exprimer. Lorsqu’on sait bien les utiliser et qu’on a une bonne stratégie, il est plus facile pour nous de dire : “Voici la stratégie de communication que nous allons adopter pour toucher directement notre cible afin de booster nos ventes” ».

L’influence négative des réseaux sociaux sur la jeunesse

Lors de l’événement Golden Impact 6, Ahoua Touré s’est également exprimée sur l’influence négative des réseaux sociaux sur la jeunesse ivoirienne. Selon elle, des plateformes comme TikTok, Instagram et Facebook, bien qu’utiles pour certains business, ont des effets délétères sur les jeunes, qui privilégient désormais le contenu visuel au détriment de la réflexion approfondie. Elle souligne que beaucoup de jeunes cherchent à s’enrichir rapidement, sans effort, influencés par le succès apparent d’une minorité très médiatisée sur les réseaux.

Elle critique l’image faussée de la réussite véhiculée par les influenceurs, qui exposent une vie luxueuse et superficielle, loin des réalités de l’entrepreneuriat authentique. Pour elle, ce modèle détourne les jeunes, notamment les jeunes filles, de la valeur du travail et de l’effort, en les incitant à rechercher des solutions faciles et immédiates au lieu de s’investir dans des projets durables. Elle appelle ainsi à revaloriser l’entrepreneuriat réel et à sensibiliser la jeunesse aux dangers d’une vision déformée de la réussite.

Clou de l’événement, la finale du GAP Contest – Golden African Performance, soutenue par une fondation, a consacré la startup Charb’Cocoa, fondée par Baye Tiezan Daniel Bah, pour son approche innovante dans la transformation du cacao.

« Golden Impact doit rester un espace utile, tourné vers l’action, où chacun, public comme privé, vient avec des solutions concrètes pour l’entrepreneuriat en Côte d’Ivoire », a souligné Imran Diarrassouba, fondateur et commissaire général de ce rassemblement.

*Un homme fortuné

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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