Le gouvernement béninois a lancé le projet « J’aime ma langue », le 10 novembre 2025 à Cotonou. Porté par l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN) et l’Institute for Inclusive Digital Africa (IIDIA) et soutenu par la Fondation Gates et Sèmè City, ce projet constitue pour le Bénin une révolution numérique enracinée dans ses langues locale.
(Cio Mag) – L’initiative “J’aime ma langue” vise à travailler une intelligence artificielle capable de comprendre et de parler les langues béninoises. Il s’agit d’une vision d’inclusion numérique, culturelle et linguistique. C’est d’ailleurs ce qu’affirme François Agoua, directeur des projets d’innovation numérique et représentant du directeur général de l’ASIN, lors de la cérémonie de lancement en ces termes : « Ce que nous lançons aujourd’hui va bien au-delà de la technologie. C’est une démarche humaine, culturelle et citoyenne. » Ce projet ambitionne de bâtir un environnement numérique inclusif, accessible et adapté aux réalités locales, que ce soit dans l’administration, l’éducation ou les services publics.
Pour la réussite du projet, les citoyens sont encouragés à enregistrer leurs voix sur la plateforme jaimemalangue.bj, en utilisant leur langue d’origine. Chaque extrait vocal rejoint ensuite une base de données nationale destinée à former des systèmes d’intelligence artificielle capables de comprendre et de restituer les langues béninoises.
Selon Anziz Adéhan, responsable du département e-services et plateformes à l’ASIN : « L’objectif, c’est de ne laisser personne derrière. Nos langues locales ne sont pas un frein à la technologie. Au contraire, elles en sont la clé. Nous voulons un numérique qui parle comme nous, qui nous ressemble. » Ainsi, des applications sont disponibles selon les domaines. En effet, dans le domaine éducatif, des outils automatisés permettront d’enseigner dans les langues locales, réduisant les inégalités linguistiques à l’école. Dans le secteur de la santé, un assistant vocal multilingue aidera les agents communautaires à mieux interpréter les informations médicales sur le terrain.
Pour la souveraineté numérique
Pour Nicaise Laleye, enseignant-chercheur et représentant du président du conseil d’administration de l’IIDIA, « ce projet représente bien plus qu’un slogan ou un geste culturel. C’est une vision claire de l’inclusion numérique ». Il rappelle que l’intelligence artificielle ne peut être pleinement pertinente que si elle comprend et utilise les langues qui façonnent la pensée des populations.
Avec la digitalisation des services publics au Bénin, les plateformes sont plus en français et en anglais, ce qui constitue pour plusieurs citoyens une barrière linguistique. « Aujourd’hui, nos services sont accessibles en français et en anglais, mais qu’en est-il de ceux qui ne maîtrisent aucune de ces langues ? Avec “J’aime ma langue”, nous posons les bases d’un numérique qui ne discrimine pas », a déclaré Anziz Adéhan.
François Agoua trouve que cette l’initiative marque une étape clé dans la quête de souveraineté numérique. Lors du lancement de ce projet d’intérêt national plusieurs participants ont enregistré des phrases dans leurs langues maternelles. La première phase du projet, consacrée au fongbé, ouvrira la voie à l’intégration progressive d’autres langues nationales. « Chaque mot enregistré est une pierre ajoutée à l’édifice de notre souveraineté numérique. Nos voix ne s’éteindront plus. Elles deviennent le langage du futur », a affirmé Nicaise Laleye.
En conjuguant innovation, patrimoine culturel et engagement citoyen, « J’aime ma langue » s’impose comme une révolution qui redonne toute sa place aux langues locales dans un monde en pleine transformation numérique.





