Les nouveaux enjeux de sécurité dans les villes africaines impliquent l’utilisation de solutions numériques. Un défi pour les gouvernements et les fabricants de matériels réunis trois jours durant au ShieldAfrica 2021.
(Cio Mag) – Mercredi 9 juin, rue des jardins, à Abidjan. Des étudiants se succèdent à l’Ecole nationale de police où se tient la 6e édition du salon international ShieldAfrica dédié aux nouveaux enjeux de sécurité des métropoles africaines. Sur l’un des stands de la Force française en Côte d’Ivoire (Ffci), certains profitent de l’exposition que leur offre ce salon pour s’essayer au maniement d’armes dont un pistolet Lock 17 et un HK416. D’autres font des selfies avec des militaires français. Mais le décor de ce jour ne se compose pas que de fusils d’assaut ou d’armes de guerre. Des outils numériques y sont également exposés, en raison des menaces liées au terrorisme et à la cybercriminalité qui se développent par l’introduction et l’utilisation intensive des nouvelles technologies.
Dans ce contexte, la croissance ne peut se maintenir « que si les conditions optimum de sécurité sont réunies, tant dans la protection des biens et des personnes que celles des systèmes d’information, de communication et des bases de données numériques », estime le Général Vagondo Diomandé, ministre ivoirien de l’intérieur et de la sécurité.
Ecosystème de la sécurité
Engagé pour l’innovation technologique, ShieldAfrica permet aux organisations publiques et privées de rencontrer des industriels de l’écosystème de la sécurité. Cette année, les fabricants sont venus de plusieurs pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Burkina Faso, Maroc, Mali) d’Europe (Bosnie-Herzégovine, France, Allemagne, Suisse, Suède, etc.), du Moyen-Orient (Emirats arabes unis, Israël) et d’Asie (Pakistan, Hong Kong).
« Ce salon est très important parce qu’il permet à toutes les délégations des pays de la sous-région de venir voir, ici en Côte d’Ivoire, ce qui se fait le mieux en matière d’outils pour les enquêteurs, pour l’anti-terrorisme, la criminalité (…) Tous les pays africains ont besoin de déployer des outils informatiques, numériques, pour arriver à déjouer les attentats, etc. » déclare Jacques Salognon, président de Deveryware, une société française présente dans la cyberdéfense.
Selon lui, le numérique et la data constituent l’avenir de l’élucidation des enquêtes. « On ne peut plus résoudre une enquête sans le numérique », dira-t-il, en faisant allusion à des outils permettant, entre autres, de géolocaliser un téléphone mobile en temps réel ou de récupérer des données sur des supports.
Jacques Salognon a aussi tenu à attirer l’attention des forces de sécurité sur leurs capacités à utiliser les outils numériques : « Il y a de très bons informaticiens ici, aussi bons que ceux qui sont en France. La Côte d’Ivoire et les pays d’Afrique sont tout à fait capables de faire en Afrique ce que l’on fait chez nous. C’est une question de volonté politique. »
Veille technologique
Pour les industriels ivoiriens aussi, ShieldAfrica est l’occasion de jouer leur rôle de veille technologique en matière de défense et de sécurité. « Pour nous, ShieldAfrica est un rendez-vous nécessaire ; c’est un cadre qui permet à tous les fabricants de rencontrer tous les utilisateurs qui sont les Etats et les armées », déclare Abdoulaye Zeba, directeur général de la société ivoirienne Cogitech. Il a surtout insisté sur le renforcement de la communication entre la population et les forces de défense et de sécurité, « afin que nos armées soient plus efficaces dans leurs opérations avec du matériel technologique ».
Ouvert mardi 8 juin, le salon ShieldAfrica s’est achevé jeudi. Ces journées ont été précédées de quatre e-conférences (du 31 mai au 4 juin 2021), durant lesquelles les experts reconnus du secteur ont exposé des défis sécuritaires auxquels les villes africaines en forte croissance sont confrontées.