Abdoulaye Barry, Pdg de Ymo : « Nous sommes une solution d’inclusion financière »

Après avoir officiellement lancé les activités sa plateforme de paiement électronique, YMO, le Président directeur général s’est prêté aux questions de CIO MAG. Dans cet entretien, il aborde les défis de la bancarisation, le déploiement en Afrique, l’équation du secteur informel…

Cio Mag : Quelle est la valeur ajoutée de YMO devant cette pléthore de fintechs?

Abdoulaye Barry : Quand vous parlez de pléthore c’est, sans doute ces offres venues d’ailleurs qui essaient de comprendre ce que nous faisons. Nous, nous sommes une émanation africaine. Nous connaissons nos problèmes. C’est pourquoi nous ne sommes pas une société de transfert d’argent, mais une solution d’inclusion financière qui permet le transfert d’argent.

En 2022, 1,3 milliard d’Africains sont exclus du système financier classique. Notre conviction, c’est qu’il est possible d’avoir un compte, de recevoir de l’argent, d’en émettre sans tenir du cash. C’est ce que nous proposons. Le deuxième aspect repose sur le crédit. Les fintechs ici reposent sur le paiement. Avec Ymo, nous allons nouer des partenariats avec des établissements de crédits pour favoriser l’obtention de prêts, avec son téléphone mobile. Pour que l’établissement t’accorde du crédit, il s’assure de ta capacité de remboursement. Or, les solutions classiques ne l’offrent pas. Nous, nous offrons la possibilité de virement de compte à compte qui puisse rassurer l’établissement de crédit. Et notre solution n’exige que l’accès à son téléphone. Il suffit d’avoir un téléphone et de disposer de la carte. Notre système profite d’un système NFC ou du code QR avec lequel on peut faire tout type de transaction. Donc même ceux qui n’ont pas accès à internet, peuvent en profiter.

Est-ce que l’idée de devenir une banque n’est pas dans un coin de votre esprit?

Pour l’instant, nous sommes un établissement de monnaie électronique agréé par la Banque centrale de Guinée. Nous pensons qu’il y a énormément à faire dans le paiement électronique et les services connexes. C’est sur cela que nous allons nous focaliser dans les deux trois prochaines années.

Comment toucher le secteur informel?

Les acteurs et les pouvoirs publics ont une mission de favoriser la formalisation des acteurs informels. Cela passe par des lois et outils adaptés. Il faut qu’ils y trouvent de l’intérêt. Nous contribuons déjà à la formalisation du secteur informel. Comme vous le savez, les Africains s’envoient de l’argent depuis très longtemps et sans passer par les banques. Nous avons décidé d’offrir un outil adapté à leurs réalités. Ensuite, nous les accompagnons dans les processus de formalisation. Nous les encourageons à ouvrir des comptes bancaires qui sont incorporés, et lorsque nous payons les commissions, nous le faisons par virement bancaire. Donc ils sont obligés de se formaliser. Ce sont des acteurs qui comprennent l’économie africaine mieux que quiconque. Nous avons à apprendre d’eux.

Une trouvaille africaine pour des Africains. Quel message pour la diaspora?

Lorsque nous avons commencé les panneaux publicitaires, beaucoup pensaient que c’était un acteur étranger. En 2022, nous continuons à croire que notre développement doit forcément venir de l’étranger. Cela me frustre énormément. Mais je suis heureux de savoir que nous n’avons pas eu besoin d’importer une société étrangère. Il faut que nous Africains, nous le comprenions, il n’y aura pas de développement qui nous profite, si ce n’est pas nous qui le portons.

Le marché guinéen est très concurrentiel. Comment comptez-vous tirer votre épingle du jeu?

Il y a un demi-million de clients qui reçoivent chaque mois de l’argent via notre plateforme et cela en trois ans d’existence. C’est vrai que nous avons des concurrents qui sont là depuis près de dix ans, mais ils n’ont pas réussi à relever le défi de l’inclusion financière. Cela veut dire qu’il y a encore un gap à résorber et c’est notre défi. Mais nous ne sommes pas dans une démarche de conflits. Nous voulons créer un environnement concurrentiel positif. Le danger du monopole, c’est de créer un marasme où rien ne bouge. Le marché est assez ouvert et nous avons des surprises à révéler.

Mamadou Diop

Correspondant au Sénégal

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