(CIO Mag) – Même si le délai fixé par le Chef de l’Etat sénégalais aux différents protagonistes de l’affaire Tigo est arrivé à expiration ce mois-ci, Abdou Karim Sall soutient que “les discussions sont en train de se poursuivre”. A en croire le directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), en avançant un ultimatum, Macky Sall entendait simplement accélérer le processus. Où en sont les acteurs ? Aucune précision pour le moment du régulateur en chef qui ne souhaite pas dévoiler le contenu des échanges en cours. On s’en souvient. En décembre 2017, le président de la République avait tapé du poing sur la table en regrettant les lenteurs dans le dossier. C’est suite au changement d’avis du groupe luxembourgeois des télécommunications qui ne souhaitait plus céder sa filiale sénégalaise à la société de Kabirou Mbodje. Suivant les derniers développements de l’affaire, Tigo doit revenir au consortium composé du Français Xavier Niel, du Sénégalais Yérim Sow et du Malgache Hassanein Hiridjee. Wari avait contesté ce choix en portant l’affaire devant les tribunaux.
La couverture réseau, encore un gros problème au Sénégal
Lors de l’interview accordée à CIO Mag en perspective du numéro spécial dédié aux leaders du numérique au Sénégal et en Côte d’Ivoire, Abdou Karim Sall a aussi abordé les perturbations répétitives dans le réseau téléphonique. “Nous avons saisi l’opérateur impacté qui était Sonatel et nous lui avons demandé de nous fournir un rapport quant aux causes de ces interruptions”, a déclaré le patron de l’ARTP tout en rappelant la vaste opération qui avait porté sur la mesure de la qualité de service dans la région de Dakar. Une problématique qui se pose aussi, souligne-t-il, dans les régions comme Matam (Nord) où il a “constaté effectivement quelques difficultés pour les trois opérateurs aussi bien sur la voix que sur l’Internet”. A en juger par ces nombreux rappels à l’ordre pour une meilleure qualité de service, on serait tenté de parler d’un échec du régulateur au regard des dysfonctionnements qui reprennent de plus belle. Seulement, M. Sall estime que ce n’est pas un échec étant donné que “l’ARTP a une mission continue dans le temps. Je pense qu’il y a beaucoup de choses que nous avons réussies et nous continuons d’investir les chantiers que nous avons démarré pour avoir la satisfaction aussi bien des usagers que toutes les parties prenantes”.
La baisse des tarifs s’impose au regard de la nouvelle configuration
Au sujet des concertations lancées avec les opérateurs et les autres acteurs du secteur en vue de baisser les coûts des appels et d’Internet, Abdou Karim Sall précise que ça n’a pas encore été clos. Il espère que “les tarifs voix vont baisser de manière naturelle avec l’entrée en jeu des opérateurs mobile virtuels qui vont démarrer leur activité très prochainement”. L’avantage, selon lui, c’est que “ces MVNO qui n’ont aucune charge quand à la gestion des réseaux , mais qui s’appuient sur des réseaux existants des trois opérateurs pour fournir des services aux utilisateurs. C’est la raison pour laquelle, nous espérons comme c’était le cas en France quand Free est arrivé, les tarifs ont connu une baisse significative et je pense que ce sera le cas avec les nouveaux opérateurs virtuels”. Pour une meilleure réglementation de la tarification, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) s’est doté d’outils efficaces pour tout mesurer en plus de mettre en ligne, sur son site Internet, un observatoire des tarifs “pour rendre accessibles les tarifs de la voix, du fixe, du mobile et de l’Internet au public”.