La 6e édition de l’Africa SME champions Forum, un rendez-vous annuel dédié aux petites et moyennes entreprises, a baissé les rideaux le 13 novembre 2019, après deux jours de rencontres et d’échanges entre entrepreneurs et investisseurs à Johannesburg, en Afrique du Sud.
(CIO Mag) – Parce que « ces petites et moyennes entreprises sont des moteurs de croissance » comme le considère Ibrahima Cheikh Diong, président d’Africa Consulting and Trading et présentateur de la première journée de ce forum, elles ont mobilisé un important nombre de personnes intéressées et concernées.
« Six années déjà que nous célébrons nos champions. Car en effet ces PME sont des championnes qui constituent des moteurs de croissance et de véritables sources d’emploi en Afrique. Cette plateforme représente une famille dans laquelle nous nous retrouvons tous », a déclaré Didier Acouetey, l’organisateur, dans son discours d’ouverture.
Ouverture ayant bénéficié de plusieurs élocutions. Entre autres, celle d’Amine Idriss Adoum, administrateur au NEPAD et de Sidi Ould Tah, le président de la Banque Arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA).
« Les PME conduiront à l’innovation pour améliorer la vie sur le continent africain. Elles développent l’architecture africaine et conduisent l’industrialisation », a déclaré Idriss Adoum. Dans son propos, il a souligné l’importance de la connectivité, des infrastructures, de l’énergie, des institutions fortes, de la collaboration des Etats et l’investissement sur le capital humain à travers l’éducation et la santé. Par la même occasion, Adoum a indiqué la plateforme numérique du NEPAD comme un espace sur lequel sont guidés ceux qui cherchent des accès aux opportunités d’affaires.
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Pour sa part, Sidi Ould Tah n’a pas tari d’éloges sur les impacts des PME. Il trouve qu’il y a de quoi être fière des réalisations du continent et que ce type de forum contribue à son développement en mettant un accent particulier sur le secteur privé.
Papa Amadou Diaw, le Directeur de la Délégation sénégalaise à l’Entrepreneuriat Rapide (DER) a démontré à travers un exposé détaillé, comment son pays encourage les jeunes et les femmes entrepreneurs.
Digital et la crise économique
Les deux journées de rencontre ont donné lieu à six panels de discussions et à des ateliers d’échange d’expériences et de de créations d’opportunités. L ‘un de ces panels, le tout premier d’ailleurs, s’est installé sous le thème « l’Afrique est-elle prête à faire face à la crise économique à l’ère numérique ? »
Face à cette interrogation, l’économiste sud-africaine Thabi Leoka a estimé que le continent embrasse doucement mais bien, le monde digital et que les Africains vont vers des technologies qui leur sont utiles au quotidien, particulièrement dans le domaine de l’agriculture.
Tout comme elle, Paul Gomes, président de New African Capital Partners (NACP) pense qu’il faut injecter l’esprit d’innovation dans la jeunesse et aussi l’impliquer davantage dans les prises de décisions.
« Pour réaliser l’Afrique que nous voulons, nous devons investir dans la jeunesse. La technologie avance rapidement mais l’innovation crée l’état d’esprit de la population. Si nos jeunes s’en servent, nous parviendrons à de très grandes choses. Ils doivent apprendre à innover depuis l’école”, a-t-il affirmé.
Soromfe Uzomah, responsable du développement chez Microsoft pour l’Afrique, s’est exprimé sur les divers programmes de compétences du groupe, les partenariats stratégiques avec les banques et entreprises de télécommunication pour aider les entrepreneurs à passer à la vitesse supérieure. Il considère que l’accès à Internet, l’adoption de technologies et l’innovation numérique facilitent l’activité des PME en Afrique.
“Les PME doivent se transformer numériquement pour réussir à l’ère du digital. Nous travaillons activement au développement des compétences du XXIe siècle ainsi qu’à la création de partenariats stratégiques et à la promotion de politiques visant à soutenir la transformation des PME. Nous aidons aussi dans la mise en place des egovernements”, a-t-il dit.
Soromfe a aussi évoqué le manque d’électricité comme un obstacle à traverser dans l’usage de l’internet. Pour y faire face, d’après lui, Microsoft développe des panneaux solaires et des plateformes technologiques.
Une solution numérique primée
En dehors des tables de discussions sur des sujets apportant des réponses aux développement des PME, des témoignages de réussite en affaires ont fortement impressionné l’assistance. Tous reflétaient des parcours similaires au cours desquels les entrepreneurs ont fait face à plusieurs refus, mais grâce à leur détermination sont aujourd’hui de véritables modèles de réussite. L’importance de l’implication de la gente féminine dans le monde des affaires a été soulignée par un témoignage poignant de Daphnée Mashile, une femme d’affaire sud-africaine, propriétaire d’une entreprise à succès de Manganèse.
Un dîner de gala a clôturé la première journée du forum. Le point principal de la soirée était la cérémonie de récompenses. Parmi les 4 prix décernés au cours de cette soirée, Agripredict, une jeune pousse zambienne a remporté le prix de la « Startup de l’année ». Il s’agit d’une plateforme de gestion des risques agricoles basée sur Internet et sur un téléphone mobile et employant l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique. Elle fournit aux agriculteurs un outil leur permettant d’identifier les maladies des plantes, à prévoir les infestations d’organismes nuisibles et aux conditions météorologiques.
Selon l’explication des promoteurs, à partir de cette solution, un agriculteur peut simplement prendre une photo de la plante suspectée et le système fournira à la demande un diagnostic, des options de traitement si nécessaire et l’emplacement du revendeur agroalimentaire le plus proche.
En plus des applications pour téléphones intelligents et des médias sociaux, le service est également accessible sur la plate-forme USSD pour répondre aux besoins des agriculteurs qui ne possèdent peut-être pas de smartphone.
Parlant d’intelligence artificielle, Nazri Bin Muhd, fondateur de MyFinB Singapore, une société de Big data et d’analyse utilisant l’intelligence artificielle pour traduire des données financières telles que des états financiers et des données bancaires en informations narratives, a accordé un don numérique aux entrepreneurs. En effet, au lieu de payer une inscription de 500 USD, elle leur a été attribuée gratuitement.
Au second jour, le Sénégalais Amadou Diaw, fondateur d’ISM Group, un espace de formations a inspiré le public à travers la narration de son parcours traversé avec risque et innovation.
Selon Didier Acouetey, cette 6e édition a eu la particularité d’avoir des deals room et des masterclass. Ce qu’il considère comme outils permettant aux PME de repartir avec des choses concrètes pratiques, rapides et opérationnelles. Elles constituent également des portes de discussions qui leurs permettront de mieux se préparer pour accéder aux financements.
Il a également annoncé le lancement de l’Africa SME Growth Initiative. Elle aura pour fonction de prolonger le forum dans la mesure où son idée est de soutenir sur 10 ans, un millier de PME afin qu’elles aient la capacité de se développer plus rapidement et accéder aux marchés et aux financements. L’initiative s’accompagne d’une plateforme en ligne qui permettra aux entrepreneurs d’avoir accès aux informations nécessaires.
Aurore Bonny, depuis Johannesburg, en Afrique du Sud