(CIO Mag) – C’est les 28 & 29 novembre 2018 à Casablanca qu’a eu lieu la « Startup Grind Google for Entrepreneurs » autour de la 3éme édition de la Conférence MEET the Lead organisée sous le thème « Touch the Future with ABCD (AI, Blockchain, Cloud, Data). MEET the Lead décliné en un espace d’échanges, de partage, de networking pour comprendre mais surtout pour agir à l’ère du Digital, de la Blockchain, de l’Intelligence Artificielle, du Big Data, de l’Internet of Things, du Growth Hacking, VR, VA… Ainsi qu’un espace d’exposition dédié aux startups innovantes.
A l’ère de l’économie 4.0 et sur des marchés en mutation, le plus grand défi auquel les chefs d’entreprises sont confrontés, est de savoir comment rester compétitif au milieu de mutations permanentes et surtout comment dénicher l’hyper-croissance ? Repérer les innovations disruptives ? Repenser son modèle économique grâce à une innovation de rupture dans un marché saturé ? Définir les prérequis organisationnels et financiers pour pérenniser l’avantage compétitif ?
Autant de questions débattues lors de cette 3ème édition autour de conférences de haut niveau traitant de sujets comme :
Business Model x.0 : le renouveau de la transformation des entreprises – Par M. Mohammed BEN OUDA – DG Palmeraie Développement – Maroc
Supply Chain manager du futur : Logistique 4.0, Supply Chain 4.0, Blochchain & IoT par M. Hervé HILLION Associé SAY Partner et Expert en Supply Chain – France
A quoi ressemblera le futur du Divertissement – Par M. Andrea IEVERLINO Producteur de Film & Fondateur de la startup TATATU (Plateforme de divertissement)
Le Futur de la Connectivité – Par M. Yves Ghautier – DG Orange – Maroc et M. Adnane OUASSINI – Fondateur de STG Telecom – USA
Future of Intelligence Artificiel – par Mme Anabelle KWOK – Mathématicienne et Praticienne de l’IA – Singapour Futur de l’innovation – par M. Anas EL FILALI – Geek & CEO de LOREM – Maroc
Future of Banking : Innovation, Transformation & Cybersecurity – Avec M. Ahmed RAHHOU – P-DG CIH BANK ; M. Kamal MOKDAD – DG à la Banque Centrale Populaire ; M. Driss TAMSAMANI Head of Digital Channels & Corporate à CitiBank – USA ; M. Ken LISUDZA – Head of Global Delivery à Cellulant.
Cette dernière conférence a été l’occasion de poser quelques questions à M. Ahmed RAHHOU, PDG de CIH Bank.
L’interopérabilité aujourd’hui c’est quoi concrètement ?
Un client d’un établissement de paiement peut échanger facilement avec un client d’un autre établissement de paiement ou d’un autre opérateur. Au Maroc c’est construit nativement comme ça. Ce système est aujourd’hui opérationnel. Il y a au moins cinq acteurs qui sont déjà interopérables sur une vingtaine à venir. Donc un système simple, interopérable et gratuit au-dessous d’un certain montant pendant quelques années au moins le temps que le système se généralise et qu’il entre dans les mœurs. On n’en fait pas d’emblée une source de profit. On se dit il faut que ce soit une révolution dans les habitudes. Donc on généralise l’usage de ce canal mobile mais il faut que ce soit gratuit sinon les gens préféreront le cash. C’est un système au bénéfice des commerçants, des usagers et de l’Etat aussi, qui peut s’en servir pour verser les pensions, les aides…
L’autre particularité marocaine, c’est que ça c’est fait avec des start-up nationales. Il y a des solutions développées localement, pour la plupart par de petites équipes de talents. Aujourd’hui, la transformation digitale du Maroc se fait à 90% par des entreprises purement locales, avec souvent des jeunes, parfois issue du secteur bancaire ou du monde de la technologie. Là, la capacité de réaction est primordiale à la différence de la banque classique où il fallait des mois, voire des années pour implémenter de nouveaux projets. A présent, le cycle c’est des nouveautés tous les deux ou trois mois. C’est désormais une façon d’opérer nouvelle, facilité aujourd’hui par ce tissu de start-up, et de jeunes qui ont permis que la révolution soit en marche.
Quelles conséquences du digital sur l’économie et quelles obstacles ou recommandations pouvez-vous nous faire ?
Dans le monde virtuel, la problématique sera dans l’interface entre justement le virtuel avec le monde réel. Comme on dit « il faut livrer la marchandise » et donc Il faut rassurer. La problématique de confiance est posée. D’abord, qui il y a derrière l’écran ? Comment s’assurer que la personne physique et la personne virtuelle sont les mêmes ? Le gouvernement marocain y travaille. Il est en train de mettre en place le Registre social unifiée (RSU), qui est un registre biométrique national qui devrait englober à terme tous les citoyens.
L’authentification sera basée sur les empreintes digitales et la reconnaissance au niveau de l’iris. Le tout, contrôlé par un système central qui déterminera le type des services auxquels l’usager pourra accéder. Donc confiance en s’assurant du lien ou de la conformité entre monde virtuel et monde réel. Dans le monde virtuel, la blockchain apporte déjà la confiance entre deux personnes qui ne se connaissent pas. Sécuriser donc les transactions, sécuriser aussi la « sortie » : les documents édités doivent être authentifiés. Exemple, le cas d’un relevé bancaire que reçoit un client. Il faut s’assurer qu’il émane de la bonne source. Cet aller/retour entre monde virtuel et monde physique, nous y travaillons et c’est un grand chantier.
Autre obstacle, le Code de commerce au Maroc, et pas seulement au Maroc d’ailleurs, a été conçu à l’origine pour des échanges matériels et des contacts physiques. Moi, je prône sa révision pour que toutes les transactions soit possibles sans que les personnes ne se rencontrent. Le Code du commerce doit se mettre au diapason du monde virtuel. Il n’y aura pas de transformation digitale réussie dans un pays si l’administration de ce pays ne se digitalise pas elle-même. Le danger, c’est que si elle ne se fait pas, on sera dépassé. La digitalisation peut déplacer les centres de décision, les centres d’intérêt et le risque c’est qu’on se transforme en simple consommateur. Alors que le défi, c’est d’être prestataire de services, fournisseur de technologies et in fine créateur de richesses.
Un petit mot sur le bitcoin ?
C’est de la spéculation qui alimente un marché spéculatif. Il n’y a que 10% des bitcoins qui servent en réalité à de vrais échanges. C’est une marchandise qui attire parce que les gens pensent que ça va croitre très vite et qu’ils vont réaliser des gains rapides et conséquents. Dans un marché aussi spéculatif, la valeur du bien perd tout son sens car ça ne traduit que le sentiment très volatile des gens. Avec donc des risques à la baisse ou à la hausse très importants guidés par une grande part d’émotionnel.
Amine MERNISSI – Correspondant au Maroc de CIO Mag