En juillet, Alpha Barry a été nommé CEO d’Atos Afrique. Avec plus de trente années d’expérience dans le secteur des technologies de l’information, celui qui a rejoint le Groupe Atos, en 2014, pour prendre la direction financière de la région Afrique, Moyen Orient et Turquie, est à présent aux commandes de l’entreprise sur le continent africain.
Après des études en informatique et en gestion, puis un master en audit des organisations à l’IAE d’Aix-en-Provence, Alpha Barry a commencé sa carrière chez Bull. Il a occupé plusieurs postes de direction financière en Afrique (Sénégal, Cameroun, Côte d’Ivoire), aux Caraïbes (Guadeloupe) et en Europe. Et a été directeur financier du réseau international de l’entreprise. Interview.
CIO Mag : Vous venez de prendre la direction d’Atos Afrique. En nommant, pour la première fois, un Africain à ce poste, quel est le message que l’entreprise souhaite véhiculer ?
Alpha Barry : Je suis très honoré par cette nomination et très heureux de pouvoir servir et contribuer au développement, par le digital, de notre continent.
Il s’agit d’un choix basé sur l’adéquation entre le profil et le poste, et qui prend en compte l’expérience sur le continent africain, ainsi que la connaissance des clients et du marché. A cela s’ajoute la motivation réelle, de l’Africain que je suis, à ce poste.
Quelle sera votre stratégie et quelles sont vos priorités ?
Notre stratégie en Afrique est de devenir le partenaire numéro 1 de la digitalisation des économies africaines, par une approche que je peux décrire en trois points :
- Pour répondre aux besoins métiers de nos clients, les offres du groupe sont au service de toute entreprise en recherche de modernisation de ses process par la digitalisation.
- Nous proposons des offres et des solutions adaptées au contexte africain, en partenariat avec des sociétés africaines du secteur numérique destinées aux entreprises locales. Notre objectif est de soutenir leur croissance et de permettre, notamment, la création et le développement de produits ou de services dits d’innovation inversée. C’est-à-dire, des produits conçus et développés en Afrique et qui s’exportent sur le marché mondial.
- Nous développons les capacités « digital offshore » des ingénieurs africains, pour qu’ils deviennent une référence dans le domaine, comme c’est le cas, par exemple, des centres offshore IT indiens.
En quoi l’Afrique est-elle stratégique pour Atos ?
L’Afrique est un continent en croissance, qui compte aujourd’hui environ 1,2 milliards d’habitants et atteindra 2 milliards d’habitants en 2050. Sa population est jeune et proportionnellement à d’autres, elle a une plus forte appétence pour les outils digitaux et ses usages. Atos a compris cet enjeu et a, depuis plusieurs années, investi sur le continent (avec, par exemple, la création de Delivery center au Maroc et au Sénégal) pour devenir le partenaire de cette évolution.
Le développement démographique et la formidable créativité de sa population constituent des atouts réels, que notre groupe a intégrés dans sa stratégie à moyen et long terme.
Récemment, de nombreuses multinationales ont fait le choix d’installer leur siège et leur structure en terre africaine. Est-ce qu’Atos s’oriente également dans cette voie ?
Le siège d’Atos est près de Paris, mais pour notre développement africain, nous sommes implémentés dans différents pays : Sénégal, Egypte, Algérie, Maroc, Côte d’Ivoire, Gabon, mais aussi Madagascar et l’Afrique du Sud.
Notre nouvelle organisation géographique et sectorielle, mise en place cette année, permettra à nos clients africains de bénéficier, pour chacun de leurs métiers, du large éventail des compétences spécifiques.
Face à la pandémie mondiale, le secteur du numérique a été, à l’échelle planétaire, et plus particulièrement encore en Afrique, au cœur des stratégies de résilience économique. Il est naturellement apparu comme crucial, voire vital. En tant que leader des entreprises du secteur numérique, quel est l’impact de la Covid-19 sur votre business ?
L’épidémie de la Covid-19 a démontré l’importance des solutions digitales dans quasiment tous les secteurs économiques. Prenons l’exemple du télétravail, qui a concerné 97% de nos collaborateurs. Ils ont rapidement su répondre aux exigences de nos clients pendant la période de confinement.
Le Groupe a également adapté ses offres pour offrir aux clients toutes les solutions digitales sécurisées afin de leur permettre de poursuivre leurs activités.
Le dossier de CIO Mag porte sur la FinTech et l’E-commerce en Afrique. Pensez-vous qu’il existe un modèle pour l’E-commerce sur le continent ? Que propose Atos dans ce secteur ?
Sur la FinTech, l’Afrique a déjà prouvé ses compétences en matière de créativité, le Mobile Banking M-Pesa au Kenya en étant l’illustration célèbre et la preuve. Avec la FinTech, des services financiers sécurisés à des prix abordables vont être mis à disposition de centaines de milliers d’Africains, qui en sont aujourd’hui exclus.
Je peux également citer un autre domaine, qui concerne les transferts de fonds internationaux, et dont les coûts sont actuellement très élevés. Les frais de transfert d’Europe en Afrique sont estimés à plus de 12% en moyenne, ce qui est considérable. Il existe des Fintech européennes, qui réduisent de façon significative les frais, mais elles sont peu implantées en Afrique. Atos dispose d’une solide expérience, avec des solutions propres (notamment développées à Dakar). Avec ses partenaires africains, le Groupe accompagne les FinTech dans leurs projets en intervenant aussi bien sur les aspects infrastructure (cloud public ou hybride), que sur les applications front office et back office.
En ce qui concerne l’E-commerce, pour s’adapter au contexte du continent, il faudra proposer des solutions innovantes, qui combinent à la fois l’utilisation du Mobile Banking et la mise en place d’une logistique repensée. Le volume du commerce en ligne, qui ne représente que 1% de la distribution totale (contre plus de 20% en Chine), est un challenge à relever.
Comme pour les FinTech, ATOS accompagne les acteurs locaux de l’E-commerce et met à disposition des solutions flexibles, adaptées aux besoins en infrastructures et en applicatifs des entreprises.