Ce 27 octobre, le journal américain The Financial Times a annoncé la signature d’un contrat entre Amazon, le MI5 et le MI6, des services secrets britanniques. Le géant américain se voit confier la gestion des données sensibles d’Etat.
En Europe, ce contrat n’est pas vu d’un bon œil. Le gouvernement français par la voix de son ministre de l’économie, des finances et de la relance l’a qualifié de menace. « Je pense que c’est une menace invisible, mais une menace réelle. Jamais nous ne stockerons des données sensibles, des données secrètes ou des données stratégiques d’entreprises sensibles chez l’entreprise américaine. Ce serait perdre sa souveraineté », a déclaré Bruno Le Maire.
Avec cet accord, les géants du numérique confortent leur puissance de plus en plus inquiétante même pour les Etats. La Grande Bretagne pour sa part relative pour l’instant les réactions, affirmant aux médias avoir déjà utilisé des technologies privées pour des besoins de la sécurité nationale.
L’accord estimé par les médias entre 500 et un milliard de livres consistera entre autres en une assistance en analyse de données, ou en hébergement de données sans pour autant y accéder directement, expliquent des experts.
Cette actualité relance l’enjeu de la souveraineté numérique des Etats. L’Afrique pourrait s’en saisir afin de se poser elle-aussi les bonnes questions. Sur le continent, l’hébergement de données stratégiques reste encore en majorité confié à des sociétés étrangères. Le manque d’hébergeurs nationaux de taille, la rareté des compétences locales en termes de gestion et d’analyse de données à grande échelle ont jusqu’ici handicapé le continent. Même si la tendance commence progressivement par évoluer avec la construction de data centers nationaux, ces derniers sont pour une bonne majorité toujours géré par des entités étrangères.
Souleyman Tobias