Aussi dynamique qu’il soit, le marché mondial de l’économie numérique se caractérise par des disparités régionales qu’il faut corriger avec intelligence. C’est en substance, le message que Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, a partagé le 26 novembre 2021 à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir où se tenait la 10ème édition des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA). Un événement coorganisé par Cio Mag et la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel du Maroc (CNDP), en partenariat avec l’Agence de développement du digital (ADD).
(Cio Mag) – Selon l’Ivoirien Lacina Koné, les Etats-Unis contrôlent 70% de l’économie numérique, la Chine 22%, l’Europe 3,4% et l’Afrique 1,5% avec moins de 1% des données qui réside en Afrique. Ces statistiques que le directeur général a exposées dans une Keynote sur le thème « L’Afrique, un marché numérique unique à l’horizon 2030 », contrastent avec l’ADN de Smart Africa. Implanté par les chefs d’Etats, il stipule que les données de l’Afrique doivent rester sur le continent, tout comme ses flux de voix.
Aussi, Lacina Koné, par ailleurs président du comité scientifique des ATDA 2021, recommande-t-il de « promouvoir nos secteurs privés et nos champions locaux à relever le défi du développement socio-économique dans un contexte local avec un partenariat intelligent », aussi bien avec les géants de la Tech qu’avec l’intelligentsia locale. Toutes choses qui auront pour conséquence de freiner la fuite des données, mais aussi des cerveaux, en dehors d’un continent dont le PIB pourrait le positionner au sixième rang des puissances économiques mondiales en 2034.
« Le paradigme doit changer, le mind set doit changer », a lancé le directeur général de Smart Africa. Non sans évoquer l’une des difficultés auxquelles sont confrontés les gouvernements africains, à savoir le chômage des jeunes.
Intensifier les efforts d’intégration régionale
Bien que sous l’influence de la configuration actuelle du marché de l’économie de partage, l’Afrique a de loin la population la plus jeune du globe. 40% des Africains a moins de 15 ans, contre 16% en Europe, 23% en Asie et 18% en Amérique du Nord. Malgré ce potentiel, les jeunes sont contraints de quitter le continent « par manque d’un environnement propice à la croissance de leurs entreprises », s’est offusqué Lacina Koné, avant d’inviter les Africains à intensifier leurs efforts d’intégration régionale afin de trouver des solutions viables à la crise du chômage des jeunes et tirer ainsi parti de leur potentiel.
« Une Afrique intégrée offrira aux jeunes davantage de perspectives économiques, un accès plus large aux capitaux et aux investisseurs ainsi qu’un marché vaste », a argumenté le directeur général de Smart Africa, alléguant que le renforcement de la collaboration entre Etats permettra aux jeunes de jouer « un rôle principal » dans le processus de développement socio-économique du continent.
A l’en croire, c’est pour accélérer ce processus que sept chefs d’Etat ont créé l’Alliance Smart Africa en 2013 ayant en ligne de mire, la transformation de l’Afrique en un marché numérique unique d’ici 2030.
« Les TIC offrent aux pays africains l’opportunité d’accélérer l’intégration régionale en facilitant les échanges inter Etats en vue de l’harmonisation des politiques, stratégies et réglementations au sein des espaces régionaux et inter-régionaux », a ajouté l’Ivoirien.
Supprimer les frontières dans le numérique
Endossé par l’Union africaine en 2014, l’Alliance se compose aujourd’hui de 32 chefs d’Etats et de gouvernements africains sur un espace de 815 millions de consommateurs. Un marché au sein duquel il n’existe pas de barrière pour les Gafam. Rivalisant d’ingéniosité, ceux-ci profitent des occasions commerciales favorisées notamment par l’accès omniprésent à la téléphonie mobile.
« Comme les Gafam, nous devons supprimer les frontières dans le monde du numérique ; réfléchir africain et ainsi permettre à nos jeunes et acteurs du numérique de tirer pleinement parti du marché africain grand de 1,3 milliard de personnes », a martelé le directeur général sur la scène des ATDA 2021.
« Nous ne devons pas échouer, a-t-il insisté. Il en va de l’avenir de nos jeunes. Il nous faut travailler ensemble. C’est la voie pour une Afrique souveraine et résiliente. »
M. Koné a ensuite déclaré que « la souveraineté numérique est un domaine prioritaire en Afrique et doit être intégré dans toutes les étapes de la transformation numérique du continent pour les prochaines années que nous appelons souverainity by design ».
Enfin, le directeur général a invité les Africains à rejoindre les projets de Smart Africa dans toutes les étapes de développement, afin d’agir ensemble « pour que nos pays soient mieux armés face à ce tsunami technologique » qui déferle sur le continent.
La vidéo YouTube pour accéder au replay de ce panel.