Le deuxième panel de la 2ème journée des ATDA était consacré à la thématique : « Révolution industrielle 4.0, quelles perspectives pour l’Afrique à l’horizon 2030 ? Industrie 4.0 et innovation : spécificités pour l’Afrique et chaine de valeur ? »
(Cio Mag) – Co-organisé par Cio Mag et la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP-Maroc), ce 10ème anniversaire des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) a été officiellement sponsorisé par l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir où les échanges se sont déroulés ; et l’Agence de développement du digital (ADD) du Maroc.
Les deuxièmes débats de la seconde journée des ATDA ont tourné autour des perspectives de la révolution industrielle 4.0 en Afrique à l’horizon 2030. Ils ont réuni Chakib Achour, directeur marketing et stratégie, ambassadeur Huawei ICT de Huawei Maroc, Bilel Jamoussi, chef du département des normes internationales des TIC à l’UIT/ONU, Safia Faraj, directrice générale Atos au Maroc, Hicham Iraqi Houssaini, directeur général Afrique francophone SAP sous la modération de Salah Baina, consultant chercheur à ENSIAS au Maroc. Ce moment d’échanges était une occasion pour les panélistes de partager leurs expériences sur l’industrie 4.0.
La perception de la révolution industrielle 4.0
Que représente l’industrie 4.0 ? A cette question centrale, Salah Baina affirme que « c’est la 4e révolution industrielle dans l’ordre qui a été facilitée par les avancées techniques, notamment la capacité des objets à communiquer entre eux (IT), la capacité de traitement rapide de données (Data) et l’intelligence artificielle (IA) pour analyser et prédire le futur».
Pour Chakib Achour, « c’est la télémédecine, l’agriculture intelligence, l’irrigation 4.0, l’agriculture intelligente ». Il précise que « la révolution industrielle 4.0 implique la capture de données, la connectivité, le traitement dans une plateforme de Cloud et d’intelligence artificielle ».
Pour sa part, Hicham Iraqi Houssaini affirme que « l’industrie 4.0 est là pour servir un besoin réel, celui de ramener de l’intelligence dans tout ce qu’on fait. Il est donc question d’augmenter chaque entreprise et chaque humain pour améliorer les conditions de vie à travers divers secteurs d’activités ». « L’industrie 4.0 est « la transformation de notre espace physique en espace numérique », note Bilal Jamoussi.
Un partage d’expériences
En guise de cas d’usages, Hicham Iraqi parle du partenariat entre SAP et Uber Freight « dans la réservation de fret directement via SAP Logistics Business Network, une plateforme de gestion où tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement peuvent se connecter, collaborer et échanger des informations logistiques pour aider à rationaliser les flux de travail ». Cette collaboration a permis « aux clients accéder aux données de tarification instantanées en temps réel ».
De son côté, Chakib Achour se réjouit du cas d’usage de l’industrie 4.0 mis en place par Huawei dans l’industrie des voitures et de climatisation. « Aujourd’hui, pour optimiser les chaînes d’assemblage, nous agissons sur les caméras de haute définition qui prennent plusieurs images à la seconde et qui utilisent la connectivité 5G. Ces images sont transmises dans une plateforme de Cloud pour le traitement. Ce processus permet de réduire le temps d’arrêt des machines et le coût de maintenance, tout en augmentant la production ».
Dans sa communication, Safia Faraj a évoqué plusieurs cas d’usages d’Atos. Parmi eux, la mise en place d’un système de lutte contre les parasites sur les vaches qui coûtaient environ 1 milliard de dollars en termes de manque à gagner dans le secteur agricole aux États-Unis. « Nous avons mis en place des caméras qui permettent de recueillir des photos des troupes, identifier les types de parasites et donner le traitement rapidement pour limiter les dégâts ».
L’accompagnement de l’UIT dans le développement de l’industrie 4.0 en Afrique
Revenant sur les actions de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Bilel Jamoussi précise que depuis 2017, un programme dénommé intelligence artificielle au service du bien social a été lancé pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie des hommes. « Ce programme vise à utiliser l’intelligence artificielle et les données pour l’atteinte des objectifs de développement durable ». Pour y arriver, cette structure de l’ONU organise des webinaires hebdomadaires sur l’utilisation de l’IA et le machine learning pour divers usages. Outre ces actions, l’UIT intervient en Afrique dans la mise en lumière des petites et moyennes entreprises. « En Afrique, nous tablons sur l’implication des PME. Nous les aidons à interagir avec les entreprises comme Huawei ou Cisco et connectons leurs innovations sur des plateformes internationalespour plus de visibilité», ajoute-t-il.
Mais comment l’Afrique peut-elle développer sa propre version de l’industrie 4.0 ? Tous les panélistes parlent de la nécessité d’une bonne connectivité. Chakib Achour a demandé aux Etats africains de s’investir dans la mise en place « d’un bon plan de connectivité à haut débit, d’un cadre juridique et des plateformes de traitement de données ». Même point de vue pour Safia Baina qui pense que « les solutions doivent être locales et adaptées au contexte africain ». Pour Hicham, « l’éducation au numérique doit être intégrée dès le primaire en vue d’inculquer le coding aux jeunes dès le bas âge ».