ATDA 2022 – Cybersécurité : regards croisés de Djibouti et du Bénin

Les ministres chargées de l’Economie du numérique du Bénin et du Djibouti ont animé le premier panel ministériel de la 11ème édition des Assises de la Transformation Digitale en Afrique (ATDA) à Genève. Enjeu de confiance numérique, la problématique de la cybersécurité a fait l’objet de ce panel au cours duquel, les deux ministres ont évoqué les visions et les stratégies de leurs pays pour garantir la confiance de leurs espaces numériques.

(Cio mag) – Le Bénin et le Djibouti, deux cas d’école du continent dont les expériences et les stratégies sont représentatives des bonnes pratiques en Afrique. Mariam Hamadou Ali, Ministre déléguée, chargée de l’Economie numérique et de l’Innovation du Djibouti et Aurélie Adam Soule Zoumarou, Ministre du numérique et de la Digitalisation du Bénin ont évoqué les défis de leurs pays face aux menaces cyber, menaces transversales auxquelles elles ont appelé à apporter des solutions transversales et intégrées.

Et pour cause, les attaques contre les infrastructures critiques portent un coup dur aux économies. Elles constituent un frein pour le développement que devraient induire les innovations technologiques et les investissements engagés par les Etats. Le Djibouti, avec ses quatorze câbles sous-marins, profite de son positionnement stratégique pour, non seulement attirer des investisseurs, mais aussi, faire profiter le projet Smart Africa à tous les pays du continent, a laissé entendre le Ministre Mariam Hamadou Ali. Ce choix qu’a fait Djibouti a nécessité justement d’importants investissements qu’il faut donc protéger. Pour garantir la cybersécurité de son espace, le pays a conscience des points à améliorer. « Il y a toujours des déficits dans les compétences numériques. La cybersécurité est une problématique transversale à laquelle il faut apporter une solution durable à travers la coordination et l’implication de toutes les institutions », a confié Mariam Hamadou Ali, Ministre déléguée de l’Economie numérique et de l’Innovation du Djibouti.

Son pays compte s’appuyer sur des expériences comme celles du Rwanda ou encore du Bénin. Une dynamique qui appelle à s’appuyer sur les forces des autres et à tirer les leçons de leurs faiblesses. « Les attaques proviennent de partout. Nous encourageons des échanges pour anticiper les risques », a alerté le ministre Hamadou Ali.

Des réponses plus adaptées

Au Bénin, la question de la cybersécurité est abordée avec une vision claire et des actions précises. Aurélie Adam Soule Zoumarou, Ministre du numérique et de la Digitalisation du Bénin a rappelé la nécessité de créer des cadres de coopération régionale, continentale et internationale. Mais avant, le Bénin, dans sa vision, donne la priorité à la formation et au recours aux compétences locales. « La cybercriminalité est capable de freiner l’avancée de nos programmes mondiaux de développement numérique », a rappelé la Ministre béninoise du numérique. Outre la formation, elle a évoqué le cadre légal, à travers une stratégie nationale de sécurité numérique ; ce qui revient une fois encore à disposer des compétences locales. Au-delà de ces compétences identifiées lors de hackathon régulièrement organisés, le Bénin amène les prestataires de solutions de sécurité numérique à en former davantage en local. De même, le pays promeut la mise en place de pôle en charge de la sécurité des systèmes d’information dans chaque secteur critique, a expliqué la ministre Soule Zoumarou.

« Il se développe une vraie économie de la cybercriminalité, il faut créer des conditions de développement d’une économie plus vertueuse pour la combattre », a insisté la ministre. Pour elle, il s’agit donc de promouvoir une économie de la cybersécurité.

Des actions communes

Le Bénin et le Djibouti partagent les mêmes visions de la lutte contre la cybersécurité. Les deux ministres du secteur du numérique sont convaincues que la problématique n’est pas qu’une préoccupation au niveau pays. Elles appellent à renforcer les actions pouvant permettre d’adopter une approche régionale, continentale et internationale face aux cybercriminels.

Le Bénin insiste donc sur une diplomatie en matière de la cybersécurité, avec l’implication des ministères des Affaires étrangères et des Finances. « Aucun pays ne peut s’en sortir seul. Il faut créer des cadres de coopération pour alerter très tôt et s’entraider », a invité Aurélie Adam Soule Zoumarou, Ministre du numérique et de la Digitalisation du Bénin. Le Djibouti pour sa part rappelle la nécessité pour les Etats de disposer de fonds propres et d’investir dans la cybersécurité. « Il ne faut pas priver les pays de moyens », a lancé Mariam Hamadou Ali, Ministre déléguée, chargée de l’Economie numérique et de l’Innovation du Djibouti.

La convention de Malabo, Smart Africa…autant d’initiatives qu’il faut promouvoir et auxquelles les pays africains sont appelés à adhérer.  A noter que ce panel a été modéré par Didier Nkurikiyimfura, Directeur de la Stratégie et de la Croissance à Smart Africa. En introduisant ce panel, il est revenu sur le contexte de la montée des cybermenaces sur le continent ; notamment l’amélioration de la connectivité et du potentiel de l’économie de l’internet, le développement du paiement mobile.

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

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