(Cio Mag) – Walid Kaâbachi est co-fondateur et Directeur Générale de Biware Consulting, une société de conseil et d’intégration de systèmes spécialisée dans les solutions de business intelligence et d’analyse de données massives. Rencontré dans le cadre d’un séminaire récemment organisé et animé par son cabinet à Douala, au Cameroun, il a confié a Cio Mag sa stratégie de développement numérique en Afrique mais aussi sa perception de la relation entre les banques et les opérateurs télécoms vers la digitalisation.
“Notre stratégie africaine comprend que la digitalisation sur le continent n’est pas la même qu’en Europe ou sur d’autres continents. Nous réunissons des talents africains conscients de ce fait et qui maitrisent le contexte africain car ils constituent la compétence créatrice de demain” a déclaré Walid.
“Nous suivons les tendances à l’échelle internationale. Nous en sélectionnons les bonnes sur lesquelles nous développons des outils de digitalisation adéquats pour l’Afrique” a t-il ajouté.
Car, il dit avoir compris avec plusieurs années d’expérience qu’ “une bonne digitalisation passe avant tout par une fine connaissance du client final qu’il faut toucher. Ainsi dans sa stratégie africaine, il s’agit de se concentrer sur l’aspect Big Data Analytics soit la gestion et l’analyse des données massives.
“Pour y parvenir, nous travaillons avec nos partenaires sur la production des solutions à valeur ajoutée dans divers secteurs d’activités” a expliqué le patron de Biware.
Dans cette lancée, il a observé comment les entreprises africaines accueillent la digitalisation et il a noté des lacunes qui sont de nature à freiner cette transformation.
Selon lui, le continent souffre de la petitesse de la taille des économies de ses pays et d’un manque d’intégration des marchés.
“La majorité des opérateurs économiques n’ont pas encore la capacité de s’organiser pour la prise en charge de projets innovants ou de digitalisation” a t-il affirmé
“Nous avons deux grands challenges lorsque nous nous présentons à elles. Le premier c’est la donnée. En effet, les entreprises ont une faiblesse en terme de qualité de donnée. Parfois parce qu’elles n’ont pas pu mettre les process nécessaires pour l’acquérir ” a ajouté Walid.
Le second frein qu’il note est l’humain. D’après lui, la majorité de ces entreprises ne disposent pas d’organisation dédiée à la gestion des projets d’envergures et même si elles existent elles sont sous dimensionnées, ou bien elles n’ont pas la capacité d’acquérir cette compétence en externe pour appuyer ces projets.
Il remarque aussi la crainte qu’ont les humains vis-à-vis de la machine.
“Les gens pensent que nous venons remplacer ce qu’ils font. Et pourtant aujourd’hui, nous remplaçons la partie rébarbative de leurs tâches en automatisant l’ensemble de la chaîne de traitement de la donnée et permettons ainsi aux analystes de concentrer leurs efforts non-plus sur la gestion de la donnée mais plutôt sur son analyse. Il ne s’agit pas d’éliminer des emplois mais plutôt de permettre à ces mêmes employés de concentrer leurs efforts sur les tâches à valeur ajoutées et ainsi améliorer l’efficacité et la rentabilité de l’entreprise” a t-il expliqué.
Banque et opérateur télécom : une alliance essentielle
Concernant la relation entre les banques africaines et la digitalisation et banques contre/et les opérateurs télécoms dans la course vers cette transformation, ll rappelle que s’il reste encore beaucoup à faire à l’échelle mondiale, les banques africaines sont encore à l’arrière du peloton.
Selon son constat, “le taux des banques totalement digitales dans le monde est inférieur à 2%. En Afrique ce taux-là représente des poussière. Il leur reste énormément de chemin à faire pour aller vers le fully digital. Vu le chemin qui reste à parcourir et la concurrence qui fait rage entre les banques mais avec de nouveaux entrants, tel que les opérateurs de téléphonies mobiles, ce sont peut-être des opérateurs externes et exogènes à la banque qui pourront aider ces dernières à la transformation digitale . Lesquelles doivent être intelligentes pour savoir avec qui établir des partenariats pour demain car elles n’auront probablement pas le temps suffisant de se digitaliser totalement. Les fintech et opérateurs télécoms ont une avance considérable dans ce domaine. Seules, les banques ne vont jamais pouvoir gagner la partie.”
Pour accompagner les institutions bancaires et les assurances dans ce processus, son cabinet et partenaire éditeur de solutions logicielles « SAS » se sont engagés dans des “Roadshow” africains. Des sortes de caravanes de sensibilisations sur les usages liés aux technologies utiles aux entreprises. Après le tout premier tenu en Tunisie, pays où est basé la compagnie, le second à Abidjan, il ont déposé les valises le 21 novembre dernier à Douala. Le thème du séminaire était : « La connaissance client et le marketing digital, deux leviers pour une transformation digitale réussie » .
D’après l’administrateur de Biware, il y était question de transmettre un message. Celui qui stipule qu’ une digitalisation ne peut pas ramener de la valeur sans qu’on ne puisse connaitre son client dans les moindres détails.
“L’objet de ce séminaire était de faire comprendre la priorité de travailler sur la connaissance fine du client comme moyen et levier d’une digitalisation réussie. Nous y avons décrit un processeur de mise en place de l’environnement de cette connaissance au niveau des banques et des assurances”.
Une rencontre qui s’est enrichid’un nouveau constat relativement à l’attitude des banquiers vis-à-vis de l’innovation.
Il trouve qu’ils sont à la fois réceptifs et sceptiques.
” Cependant, les deux sont de mise. La qualité des données au sein des systèmes d’informations et un taux de bancarisation nettement plus élevé peuvent être considérés par les banquiers comme un palier non atteignable, qui les distance d’un projet de connaissance du client” a t-il affirmé.
Concernant les critères de choix de destination du Roadshow, Walid Kaabachi a confié qu’une analyse de marché se fait préalablement au sein de son cabinet. Mais aussi que son équipe, ses partenaires et lui choisissent les hub sous régionaux afin d’y rencontrer des responsables capables d’aller disséminer ces informations vers les autres filiales des banques et des assurances de la sous-région et les faire adhérer.
Le Nigeria est la prochaine destination.
Aurore Bonny