(CIO Mag) – La phase pilote du projet First Mile se déroule dans la région de Soubré. Grand pôle de production de cacao situé dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire. Ici, la coopérative Neccayo expérimente depuis 2016 un système de collecte numérique des données sur ses producteurs et ses exploitations agricoles. Objectif : gérer efficacement les processus de certification Rainforest Alliance. Les données recueillies à l’aide du logiciel First Mile fournissent en effet des informations sur les principaux défis de la coopérative : le travail des enfants, le changement climatique et le renforcement des capacités des producteurs. Des informations utiles pour orienter les initiatives sectorielles : conseils personnalisés, formation et intrants pour les agriculteurs, et audit.
« C’est ma première fois de participer à un audit au cours duquel une projection est faite à l’aide d’un vidéoprojecteur pour présenter tous les aspects de l’activité agricole. Depuis la salle, l’auditeur a un œil sur toute la plantation. Cela, grâce au système de mapping qui fournit une cartographie personnalisée de la structure. L’analyse faite permet d’identifier à travers des points rouges les zones de non-conformité [avec les standards de la certification Rainforest Alliance]. Ça nous facilite donc la tâche », explique Gouda Jean-Marc, responsable Durabilité au sein de la coopérative Neccayo.
Et d’ajouter : « C’est un fameux programme dans la mesure où, en un seul clic, on a accès à toutes nos informations. Par le passé, quand on entre dans un bureau, on a un tas de papier dans lequel il faut retrouver des dossiers importants. Aujourd’hui, avec mon téléphone, j’ai toutes ces informations avec moi. »
Programme Partenariats Sectoriels
La phase pilote du projet First Mile s’achève en 2020. C’est un pan du Programme Partenariats Sectoriels (SP). A l’instar de la Côte d’Ivoire, Rainforest Alliance l’exécute dans neuf pays africains, en collaboration avec le ministère néerlandais des Affaires étrangères. Il veut contribuer à des changements majeurs dans la planification et la mise en œuvre d’un financement adéquat ; l’inclusion des intérêts et besoins des groupes d’agriculteurs et d’agricultrices dans les politiques et services fournis par les secteurs public et privé ; et l’amélioration de la prestation de services pour les petits exploitants, y compris les femmes.
Sur le territoire ivoirien, Rainforest Alliance travaille avec les partenaires institutionnels tels que le ministère des Eaux et Forêts, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le ministère du Plan et du Développement et le ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, y compris la société civile.
Afin de réfléchir sur les progrès réalisés à ce jour, Rainforest a organisé le mardi 22 octobre dernier à Abidjan, un atelier visant à partager les développements clés et les leçons apprises sur les politiques influencées par la mise en œuvre de ce programme dans le secteur du cacao.
« Notre objectif global, c’est de faire en sorte que le secteur du cacao soit un secteur viable. Connaissant le poids de l’économie cacaoyère dans l’économie globale de notre pays, nous avons notre contribution à donner. En ciblant un nombre de thématiques pour lesquelles nous pensons avoir suffisamment d’expériences. Et travailler avec un certain nombre d’acteurs clés pour faire en sorte que, ensemble, nous arrivions à trouver des solutions holistiques face à des sujets majeurs qui touchent le secteur du cacao ivoirien », a déclaré Siriki Diakité, manager général de la région Afrique de l’Ouest chez Rainforest Alliance.
Digitalisation des processus
Parmi les sujets majeurs débattus au cours de cet atelier, la digitalisation des processus de production. « On ne peut parler de professionnalisation sans recourir aujourd’hui aux moyens technologiques que nous avons et qui peuvent nous aider à être plus performants. On évite de faire en sorte qu’il y ait une paperasse qu’on développe dans le cadre des processus de certification non seulement pour ne pas faire usage d’outils qu’on ne va pas exploiter mais aussi et surtout parce qu’on recherche l’efficience », a poursuivi M. Diakité.
Avant de préciser qu’il s’agit, ici, de la digitalisation du processus de certification « pour que la coopérative puisse prendre des décisions à un moment donné, en analysant les informations techniques qu’elle collecte » en vue d’améliorer ses revenus.
Pour M. Diakité, si le producteur a un revenu décent, il pourra impacter un certain nombre de conditions dans lesquelles le cacao est produit aujourd’hui. La question de la déforestation, le travail des enfants, le travail de la femme sont autant de problématiques auxquelles le secteur est confronté et auxquelles Rainforest Alliance est en train “d’apporter des réponses”, a conclu le manager Afrique de l’Ouest.