(CIO Mag) – C’est la conclusion d’un processus qui aura duré quasiment une année et demie. L’Agence française de développement (AFD) et l’Agence nationale du service universel des télécommunications-TIC (ANSUT) ont paraphé, le vendredi 29 juin 2018 à la Primature de Côte d’Ivoire, une convention de prêt direct, non souverain de 110 millions d’euros (environ 71 milliards FCFA), pour le financement d’une partie des travaux de la phase 3 du Réseau national haut débit (RNHD) en fibre optique et le refinancement d’une partie du prêt des banques locales.
La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, du ministre Bruno Nabagné Koné en charge de la Communication, de l’Economie numérique et de la Poste, et de plusieurs membres du Gouvernement. Les signataires étaient : Euloge Soro-Kipeya, directeur général de l’ANSUT, et Delphine Geny Stephann, secrétaire d’Etat français auprès du ministre de l’Economie et des Finances qu’accompagnait le directeur général de l’AFD Côte d’Ivoire, Bruno Leclerc, ainsi qu’une forte délégation.
D’une durée de 20 ans dont 5 ans de différé, le prêt AFD permettra à l’ANSUT de ramener le service de la dette à un niveau plus supportable, et de terminer le déploiement du réseau de fibre optique.
« C’est le premier prêt non souverain signé entre l’AFD et une entité de la Côte d’Ivoire. Prêt d’un montant de 110 millions d’euros, ce qui représente à peu près 71 milliards de francs CFA. Ce financement devra nous permettre d’achever ce projet que nous avons commencé, celui de la construction des 7000 kilomètres de fibre optique qui devra mailler l’ensemble du territoire », a déclaré Euloge Soro-Kipeya.
Démarrée en avril 2016, la phase 3 du RNHD est longue de 5000 km. Les travaux sont réalisés par les entreprises Sagemcom, Bouygues Energies & Services et Vinci Energies/Cegelec, et devraient s’achever, à en croire M. Euloge Soro-Kipeya, à la fin du mois de décembre 2018.
« L’exploitation d’une partie déjà réalisée de ce réseau est en cours par les opérateurs de téléphonie et par les fournisseurs d’accès internet. Ce réseau devra être disponible pour l’ensemble des opérateurs de façon définitive à la fin 2018 », a-t-il indiqué.
« Nous sommes extrêmement contents de signer cette convention aujourd’hui de 71 milliards de francs CFA. Le prêt souverain, cela veut dire : prêt à une entreprise qui n’est pas l’Etat. C’est une façon de travailler avec une entreprise publique sans pour cela endetter l’Etat. Et nous pensons que c’est une voie vertueuse qu’il faut continuer, et nous sommes tout à fait prêts à continuer avec d’autres entreprises publiques présentes en Côte d’Ivoire », a déclaré pour sa part, Bruno Leclerc, le directeur général de l’AFD Côte d’Ivoire.
Et d’ajouter : « 71 milliards de francs pour l’AFD à une entreprise publique sans garantie de l’Etat, c’est quand même un montant important. Nous n’avons pas l’habitude de faire ce genre de montant. Cela montre la confiance que nous avons dans l’ANSUT dans la réalisation de son programme et dans la perspective des objectifs qu’elle s’est fixée d’étendre sur l’ensemble du territoire national, le réseau de fibre optique. »
Cet accord de prêt, il faut le préciser, a été obtenu en janvier 2017. Il a été finalisé ce vendredi dans le sillage d’un Réseau national haut débit en nette progression. En attestent les 4995 Km de fibre optique déjà posés à la date du 29 janvier 2018 mais qui sont avant tout à mettre au crédit de la politique de l’ANSUT visant à offrir aux populations et aux entreprises un mode de vie connecté en permanence.
C’est en tout cas ce qu’a exprimé le directeur général, Euloge Soro-Kipeya. Selon lui, ce projet « majeur » va « permettre à l’ensemble de la population et des entreprises sur le territoire ivoirien de bénéficier des services de télécommunications de qualité à des tarifs abordables ».
Le déploiement du réseau haut débit à base de fibre optique se fait en 3 phases. La phase 1, longue de 1400 km, a été financée par un prêt chinois. La phase 2, longue de 622 km, a été réalisée sur fonds propre de l’ANSUT. A terme, le RNHD permettra d’étendre et fiabiliser le réseau dorsal de fibres optiques et d’équipements associés ; d’apporter des services mobile et internet haut débit aux populations dans les zones mal desservies ; et enfin de diminuer les coûts de transmission des opérateurs par la construction d’un réseau accès ouvert.
De quoi réjouir le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. « C’est un message fort de reprise de la coopération avec l’ensemble des instruments de financement qui sont à la disposition de la France et de sa coopération avec notre pays », a-t-il déclaré au sujet du financement du programme de fibre optique de l’ANSUT, « programme important pour améliorer nos infrastructures en matière de télécommunications et de débit internet ».
Pour Delphine Geny Stephann, les prêts non souverains de l’AFD, les prêts du Trésor et le Contrat de désendettement et de développement montrent la palette des instruments que la France doit mettre à profit dans son partenariat avec la Côte d’Ivoire.
Soulignons que ce Réseau national haut débit en fibre optique sera l’un des plus vaste et des plus long jamais construit en Afrique subsaharienne en un laps de temps aussi court, soit 5 ans. C’est essentiellement un réseau de collecte. Construit pour relier des agglomérations, il est différent des réseaux de desserte construits à l’intérieur des agglomérations pour raccorder des abonnés.
Anselme AKEKO, Abidjan