(CIO Mag) – Le Bénin a subi de plein fouet pendant 24 heures le 28 avril dernier, jour des élections législatives, une coupure progressive d’Internet pour les abonnés des réseaux mobiles. Une mise hors tension que dénoncent les organisations de l’écosystème Internet du Bénin, à travers une déclaration conjointe.
« Cette coupure est trop progressive, coordonnée et organisée pour être le fait d’un hasard technique. Ceci a fait entrer la République du Bénin dans la tristement célèbre liste restreinte des Etats où Internet a été coupé en période électorale. Le silence médiatique sur les chaînes de télévision et de radio publiques et privées, ainsi que des opérateurs de téléphonie mobile et des Fournisseurs d’accès internet vient conforter l’hypothèse d’une action délibérée », ont fait remarquer les organisations de l’écosystème Internet du Bénin.
En effet, ces dernières années, Internet est devenu un outil indispensable dans la croissance économique des petites et moyennes entreprises et des start-ups en Afrique. Il constitue également un canal de communication privilégié aussi bien au plan social que politique. Au titre de son Programme d’actions du gouvernement pour le quinquennat 2016-2021, l’Etat Béninois avait, entre autres, prévu d’assainir et de dynamiser le « secteur des Technologies de l’Information et de la Communication, doubler la taille du marché et créer 90 000 emplois nets directs dans le secteur des TIC et [favoriser] l’enracinement des usages numériques au sein des entreprises, de l’administration publique et du secteur de l’éducation ».
Respecter les droits de l’Homme
Mais les faits liés à la coupure d’Internet marquent un contraste à ces ambitions. « Il faut également compter avec le fait que la coupure d’Internet permet l’installation d’une atmosphère propice à la suspicion et à la propagation de fausses informations, regrettent ces organisations. Ceci décrédibilise durablement l’ensemble des efforts du gouvernement dans le domaine de la promotion de l’économie numérique et nuit à l’établissement de la confiance dans la neutralité des outils et services numériques mis en place au Bénin. »
Pour que de pareilles situations ne se répètent, les associations membres de la communauté d’Internet au Bénin demandent aux dirigeants d’encourager les fournisseurs de services de télécommunications et de l’Internet à respecter les droits de l’Homme par le biais de la divulgation publique de politiques et pratiques affectant les utilisateurs. Mieux, d’informer à l’avenir le public de toute perturbation et des détails y afférents, tout en reconfirmant publiquement leur engagement à maintenir Internet ouvert et accessible à tous.
Michaël Tchokpodo, Bénin