Eugène Rufin Bouya : « Le GUOT a eu un impact significatif sur le commerce transfrontalier entre le Congo et ses voisins »

Eugène Rufin Bouya,directeur général du GUOT

Le Guichet unique des opérations transfrontalières (GUOT) est une structure étatique qui dématérialise les procédures et les documents en facilitant les formalités administratives, commerciales et douanières liées aux opérations transfrontalières. Ce qui réduit sensiblement les tracasseries administratives et accélère le processus de dédouanement. Mais comment cette structure contribue à l’amélioration du climat des affaires au Congo ? Quelle est sa contribution en faveur de l’intégration régionale ? Eléments de réponses dans cet entretien avec son directeur général, Eugène Rufin Bouya.

Cio mag : Quel est l’impact du Guichet unique des opérations transfrontalières (GUOT) sur le commerce transfrontalier entre le Congo et ses voisins ?

Eugène Rufin Bouya : Le Guichet unique des opérations transfrontalières (GUOT) a eu un impact significatif sur le commerce transfrontalier entre le Congo et ses voisins. Il y a eu d’abord la simplification des procédures. Le GUOT a dématérialisé les procédures et les documents en facilitant les formalités administratives, commerciales et douanières liées aux opérations transfrontalières. Cela réduit les tracasseries administratives et accélère le processus de dédouanement, ce qui facilite les échanges commerciaux. Ensuite, la réduction des coûts et des délais. En éliminant les redondances et les duplications des procédures, le GUOT a permis de réduire les coûts et les délais associés aux transactions commerciales transfrontalières. Cela a favorisé une plus grande efficacité logistique et financière pour les opérateurs économiques.

Le GUOT contribue également à l’harmonisation des procédures et normes grâce à la mise en place d’un portail d’informations commerciales pour permettre à la République du Congo de s’arrimer à cette intégration dans le cadre du commerce international. Il favorise la promotion de l’intégration régionale. En harmonisant les procédures et les normes (cas du Certificat d’origine avec le Cameroun) avec les pays voisins, le GUOT a favorisé l’intégration régionale et contribue au développement d’une zone de libre-échange plus dynamique.

Il faut enfin noter la sécurisation et la traçabilité des recettes. Grâce aux systèmes informatisés mis en place par le GUOT, avec l’enregistrement et le suivi des transactions électroniques, la traçabilité des recettes est garantie. De ce fait, les risques de manipulations et de falsification sont réduits.

Quelles sont les grandes réalisations du GUOT en termes d’amélioration du climat des affaires au Congo ?

La mise en place d’une plateforme électronique révolutionnaire en République du Congo ; l’élaboration d’un cadre juridique qui a permis le passage des procédures manuelles aux procédures dématérialisées grâce à l’usage de la signature électronique. Du point de vue technologique, le système électronique du GUOT a permis de sécuriser les importations et les réserves de change grâce à la coopération avec les banques et l’administration de la monnaie. Du point de vue politique, il s’agit, pour l’Etat congolais, de la mise en place d’un instrument nécessaire de facilitation du commerce international.

Il est nécessaire de surmonter les freins bureaucratiques, d’encourager la collaboration et de promouvoir une approche intégrée pour assurer le bon déroulement des opérations sur la chaîne d’approvisionnement.

Quels sont les défis auxquels vous faites face dans l’exercice de votre travail et quelles sont vos perspectives d’avenir ?

Le premier défi est celui de la coordination interinstitutionnelle. Assurer une coordination (du point de vue de la circulation de l’information) efficace entre les différents acteurs impliqués dans les opérations transfrontalières peut être un défi majeur. Il est nécessaire de surmonter les freins bureaucratiques, d’encourager la collaboration et de promouvoir une approche intégrée pour assurer le bon déroulement des opérations sur la chaine d’approvisionnement.

Le deuxième est la sensibilisation et l’adhésion des acteurs. Il peut y avoir une résistance au changement ou une faible sensibilisation des acteurs concernés quant aux avantages et aux procédures du GUOT. Éduquer et sensibiliser les entreprises, les autorités gouvernementales et d’autres parties prenantes sur les avantages du GUOT est important pour promouvoir son adoption généralisée. Tout ceci ne peut se faire que grâce au renforcement de la culture numérique qui est un enjeu important.

Le troisième défi est relatif à l’infrastructure technologique. Le GUOT repose sur des systèmes informatisés pour faciliter les opérations transfrontalières. Assurer le bon fonctionnement et la maintenance de l’infrastructure technologique, ainsi que la sécurisation des données, est un défi technique et logistique.

Le quatrième tient à la formation et aux capacités. Il est nécessaire de renforcer les capacités et de continuer à fournir une formation adéquate aux agents gouvernementaux et aux opérateurs économiques sur les procédures et les outils du GUOT. Cela permettra une utilisation optimale du système et garantira une application cohérente des réglementations.

Quant aux perspectives d’avenir, voici quelques points importants. Expansion régionale et Collaboration internationale. Le GUOT peut envisager une expansion de ses services et de sa portée pour inclure d’autres pays de la région, dans le cadre de la Zlecaf. Cela favoriserait davantage l’intégration régionale et faciliterait les échanges commerciaux transfrontaliers. La coopération avec d’autres guichets uniques et organisations internationales travaillant dans le domaine des opérations transfrontalières, ce qui est le cas avec l’Alliance africaine pour le commerce électronique (AACE), peut permettre d’échanger des bonnes pratiques, de partager des expériences et de renforcer les capacités du GUOT.

L’intégration des nouvelles technologies émergentes. L’usage renforcé des technologies émergentes peut améliorer, davantage, l’efficacité du GUOT. On peut citer l’intelligence artificielle, la blockchain et l’internet des objets. La digitalisation continue des services publics. Il s’agira de repenser, de façon globale, les interactions entre les citoyens et les services publics. Cette digitalisation pourra automatiser toutes les procédures administratives et toutes les tâches répétitives.

Quel est l’impact du numérique sur le commerce transfrontalier au Congo ?

Le numérique a eu un impact significatif sur le commerce transfrontalier au Congo. Les transactions électroniques ont permis d’accélérer les processus administratifs, les paiements dématérialisés qui ont réduit la circulation des billets de banque et renforcer la sécurité des usagers. Il a contribuer à l’amélioration de l’indicateur du commerce transfrontalier, l’amélioration de la performance logistique, la réduction de la corruption et de la concussion. De même, il améliore la sécurisation des recettes de l’état et des revenus des opérateurs.

Enock Bulonza

Journaliste spécialisé dans les TIC et la santé. Passionné par les technologies émergentes (IA, Programmation web et mobile et la blockchain, etc). En tant que correspondant de Cio-Mag dans la région des Grands Lacs africains, je suis chargé de couvrir les développements technologiques et de fournir des informations précises et pertinentes sur ces sujets.

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