Membre de la direction chez Sage, Franck Hourdin était le 5 mars dernier à Abidjan pour une session d’échanges avec les entreprises. Pour Cio Mag, il a accepté de dévoiler les enjeux de cette rencontre.
Propos recueillis à Abidjan par Anselme AKEKO
Cio Mag : Pourquoi la tenue de cette session à Abidjan est-elle si importante pour Sage ?
Franck Hourdin : La Côte d’Ivoire est un des grands pays stratégiques pour Sage. Nous avons 1200 clients dans tous les secteurs d’activité, de toutes tailles d’entreprises, et nous croyons à la digitalisation de la Côte d’Ivoire. Nous pensons que ce pays est en forte croissance du fait de sa révolution numérique, et nous souhaitons accompagner cette transformation à travers de nouveaux usages que sont la mobilité, la dématérialisation et l’intelligence artificielle.
Quels sont les objectifs de cette session ?
Sage évolue aujourd’hui dans un modèle indirect. 80% de nos activités est fait via les partenaires. C’est eux qui ont le contact quotidien avec les entreprises. A travers des échanges, nous découvrons que ces entreprises ont besoin aussi d’avoir un contact avec l’éditeur, un contact complémentaire. Notre objectif aujourd’hui, c’est donc de rencontrer ces entreprises, de les connaître dans un rôle de conseil, afin de définir la bonne trajectoire dans cette révolution numérique, dans cette destination cloud, qui sont les prochains challenges pour l’ensemble des entreprises ivoiriennes : TPE, PME ou grandes entreprises.
Plus concrètement, qu’est-ce qui vous assure que la Côte d’ivoire charrie des promesses de développement considérables pour un éditeur technologique comme Sage ?
J’ai des éléments extrêmement factuels qui me font dire que la Côte d’Ivoire se digitalise. C’est ce programme autour du numérique pour tous. Un exemple concret : la Côte d’Ivoire, c’est 26 millions d’habitants, et c’est aujourd’hui 34 millions de smartphones. Des smartphones qui utilisent massivement internet, mais aussi les réseaux sociaux à travers la jeunesse. Cet usage autour de la mobilité, du cloud me font dire qu’il y a une croissance à venir et inclusive en Côte d’Ivoire, dans laquelle Sage souhaite s’inscrire.
Quelle est votre part de marché en Côte d’Ivoire ?
Selon les études, Sage est leader dans le monde ERP en Côte d’Ivoire avec près de 30% de parts de marché, avec une multitude de concurrents à la fois internationaux mais qui n’ont pas cette présence historique et cette proximité locale. Vous avez des acteurs locaux dans une logique de consolidation actuelle, mais qui ont des durées de vie de 2 ou 3 ans. Nous sommes en Côte d’Ivoire, je vous le rappelle, depuis plus de 30 ans.
« … nous sommes en train d’échanger avec des opérateurs télécoms en Côte d’Ivoire pour (…) proposer des offres d’hébergement dans le pays… »
Au cours de votre présentation, vous avez annoncé des signatures de partenariats. De quoi s’agit-il ?
Aujourd’hui, nous avons une quinzaine de grands partenaires qui ont également une présence et une proximité locale, puisqu’ils sont installés en Côte d’Ivoire. Nous souhaitons étendre leurs compétences. Actuellement, ces partenaires sont sur un segment, que ce soit la TPE ou la PME. On veut qu’ils soient multi-segments, qu’ils couvrent l’ensemble de nos segments, y compris les grandes et moyennes entreprises. Et puis, nous sommes en train d’échanger avec des opérateurs télécoms en Côte d’Ivoire pour également proposer des offres d’hébergement dans le pays afin de respecter les données personnelles. Mais surtout pour que les data center soient physiquement en Côte d’Ivoire.
Parlez-nous des besoins en cloud des entreprises ivoiriennes ?
La connectivité et les opérateurs qui sont sur place permettent aux infrastructures d’accélérer sur le cloud. Le cloud a énormément d’avantages en termes de simplicité, de performance, de sécurité. Cependant, les cloud provider sont plus sécurisés que la plupart des systèmes d’information actuel des entreprises. Donc, avec ces partenariats que je signerai avec des hébergeurs locaux, nous allons proposer des cloud souverains, des cloud citoyens respectueux de l’environnement.
Quelles sont vos perspectives de développement sur la Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest ?
C’est d’abord accentuer notre proximité en investissant toujours plus. Nous avons 100 personnes qui sont dédiées sur la zone Afrique pour gérer 31 000 clients. Pour ce faire, nous avons 150 partenaires à travers la zone Afrique. Nous allons continuer à embaucher à la fois des forces commerciales mais aussi des consultants. Nous allons aider nos partenaires, les entreprises à embaucher des consultants en développant de nouvelles filières. Par exemple, des filières avec des écoles d’ingénieurs, de commerce, de finance. Nous allons aussi signer des partenariats avec des écoles pour créer des filières de nouveaux consultants pour les entreprises.
« Vous avez un marché du travail où il y a beaucoup de chômage, et pourtant la filière informatique manque de ressources… »
A quoi répond cette approche ?
L’une des difficultés de nos partenaires et des entreprises aujourd’hui, c’est le manque de ressources. C’est un paradoxe. Vous avez un marché du travail où il y a beaucoup de chômage, et pourtant la filière informatique manque de ressources, de consultants techniques, de consultants fonctionnels, de directeurs projets, etc. Sage veut donc aider ses partenaires à recruter de nouveaux talents. C’est un grand enjeu pour nous sur la zone Afrique.
Le digital est une réalité en Côte d’Ivoire. Mais l’accès aux services administratifs par le numérique l’est moins. Que fait Sage pour accélérer la dématérialisation des services publics ?
C’est une situation de fait. C’est pourquoi Sage a demandé à rencontrer le ministère de l’Economie numérique et de la Poste afin, justement, de proposer de nouveaux programmes pour les citoyens autour de la dématérialisation. Nous nous appuyons sur un partenaire qui est GFI Informatique, qui est aussi en contact avec le secteur public sur des sujets de dématérialisation ; et nous souhaitons expliquer ce qu’on a fait dans d’autres pays et ce qu’on voudrait bien faire pour les citoyens dans les prochains mois.
« L’ensemble de nos collaborateurs en France, en Belgique et au Maroc sont aujourd’hui en télétravail. »
L’actualité, c’est aussi la menace du coronavirus. Quel est son impact sur une multinationale de la taille de Sage ?
La santé et la sécurité de nos employés, de nos clients et de nos partenaires sont notre priorité. Nous avons pris les mesures nécessaires pour les protéger. L’ensemble de nos collaborateurs en France, en Belgique et au Maroc sont aujourd’hui en télétravail.
Sage travaille depuis plusieurs semaines sur un Plan de continuité afin que nos partenaires puissent continuer de nous contacter sans rupture de service, et cela en toute sérénité.
En tant qu’entreprise technologique, nous disposons de toutes les infrastructures nécessaires (Saas, hébergement cloud et solutions de travail à distance) afin de leur garantir un niveau de service à 100% et un accompagnement de qualité. Tous nos collaborateurs sont équipés pour travailler à distance et continuer à répondre à leurs besoins.
Nous vivons une situation inédite dans laquelle nous avons la responsabilité d’informer et d’accompagner les entreprises dans la gestion de leurs activités. C’est ce que nous faisons aujourd’hui et ferons demain pour aussi préparer les entreprises à l’après-crise à travers nos solutions et nos services.