« Tirer parti de la transformation digitale pour promouvoir des systèmes alimentaires durables en Afrique » est le thème sous lequel s’est ouvert l’African Green Révolution Forum (AGRF) mardi 3 septembre à Accra. A cette occasion, plusieurs dirigeants africains ont échangé sur les impacts du numérique dans le développement du secteur agricole.
« L’Afrique n’a d’autre excuse que de tirer le meilleur parti de la numérisation. Nous devons saisir cette occasion pour utiliser cela pour transformer l’agriculture », a déclaré Nana Addo Dankwa Akufo Ado, président du Ghana. Selon lui, son pays s’est déjà considérablement modernisé dans ce secteur ces dernières années.
Concernant le Rwanda, son premier ministre Édouard Ngirente considère la numérisation comme faisant partie des réformes de l’agriculture dans le pays. Il a remarqué que tous ceux qui veulent y investir aujourd’hui emploient l’Internet.
Les efforts des pays d’Afrique de l’est ont été salués par Josefa Sacko, Commissaire à l’agriculture de l’Union Africaine (UA). Elle, qui en trouve des résultats excellents dans l’agriculture numérique, a invité les autres Etats à s’inscrire dans cette dynamique.
« Même dans les zones rurales mal connectées, la technologie peut toujours être utilisée pour aider les agriculteurs. L’information numérique peut être employée pour autonomiser les communautés marginalisées et défavorisées », a-t-elle déclaré.
La commissaire de l’UA considère aussi que le renforcement des capacités des agriculteurs est très important dans l’utilisation des technologies digitales. Lesquelles sont d’après elle un facteur attractif pour la jeunesse.
L’utilisation de la numérisation est en effet un instrument clé qui permettrait selon Josefa Sacko de nourrir 2,4 milliards de personnes dans le monde, et elle ouvre de vastes possibilités de transformer l’agriculture pour réduire la faim en Afrique, créer des emplois pour des millions de jeunes, endiguer le fléau de la migration et favoriser la paix et la stabilité.
L’avantage de l’Afrique
Yemi Osinbandjo, vice-président du Nigeria, a pour sa part reconnu la collaboration comme avantage de l’usage de ces nouvelles technologies. « Ce que nous avons constaté, c’est qu’il y a beaucoup plus de collaborations qu’avant et de transparence. Vous pouvez voir pratiquement tout et tous ceux qui sont connectés d’une manière ou d’une autre, et les gens apprennent plus rapidement grâce à beaucoup de collaboration », a commenté le dirigeant.
« Les gens peuvent se connecter et savoir ce que font les entreprises. Certaines d’entre elles mettent en relation des investisseurs avec des agriculteurs, et il est très facile de savoir ce qu’elles font en consultant simplement leurs sites Web », a-t-il poursuivi.
Le dirigeant africain considère que les TIC révolutionnent tous les secteurs. « Et je ne pense pas que nous ayons le choix ; ce que nous allons voir, c’est que la technologie numérique va changer le visage de l’agriculture en Afrique. Nous examinons son application non seulement dans le domaine agricole mais dans notre société et dans notre économie dans son ensemble”, a-t-il ajouté.
Selon les promoteurs de l’évènement qui s’achève vendredi 6 septembre, le continent a un avantage alors que la révolution verte actuelle se produit à un moment où les technologies qui changent la vie font partie de notre quotidien.
« Les ordinateurs et internet n’existaient pas quand les États-Unis ont vécu leur révolution verte, et les téléphones cellulaires n’étaient plus un rêve lorsque l’Asie transformait l’agriculture. Cela donne à l’Afrique l’occasion de dépasser la trajectoire de transformation agricole du passé et de révolutionner la vie en surmontant l’isolement, en accélérant les changements, en créant des emplois pour l’avenir et en exploitant le succès à grande échelle », rapportent-ils.
Rappelant par la même occasion que « le continent a connu une croissance économique soutenue et une modernisation de son économie pendant plus de deux décennies, alimentée par une transformation agricole inclusive et par la croissance rapide des innovations numériques. Son économie a crû de 35% entre 2000 et 2014 et le taux de pauvreté est en baisse. »
Concernant ce forum, il constitue une alliance de partenaires qui se soucient de l’agriculture, s’engagent et conduisent la transformation agricole inclusive en Afrique. Notamment la Banque africaine de développement (BAD), le Partenariat africain pour les engrais et l’agroalimentaire (AFAP), l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), l’Union africaine, le Centre technique pour l’agriculture et la coopération rurale (CTA) et plus encore. Sa première édition s’est tenue en 2010 au Ghana.
Aurore Bonny