Le Rwanda se positionne comme un modèle de développement digital et économique en Afrique. Et veut porter la dynamique des Smart cities sur le continent. Le pays des mille collines semble bien parti relever le défi avec Green City Kigali. Focus sur ce projet de ville durable.
Emmanuelle Pailhiez
Le Rwanda, petit pays d’Afrique de l’Est, voit loin et compte bien s’inscrire comme le modèle de la transformation numérique en Afrique. A Kigali, on y croit, d’autant plus que le projet de Smart city est sur de bons rails. Présenté comme un défi écologique, numérique, mais aussi économique, Green City Kigali s’étendra, à terme, sur 600 hectares. Quelque 30 000 habitations y seront construites et les autorités espèrent que le projet permettra de créer 16 000 emplois. Le pari est audacieux et les ambitions sont sans limites.
« La Green City Kigali vise à améliorer la qualité de vie des populations. Face aux changements climatiques, nous voulons mettre en place de nouveaux standards et créer un centre urbain vert et résilient. A la périphérie de cette ville nouvelle, des villes seront créées avec des logements écologiques, des infrastructures, du transport public, des magasins et des parcs accessibles à tous », détaille Florian Mugabo, Chef de division en charge des programmes au Rwanda Green Fund.
Inclusive et abordable
L’un des objectifs est de répondre à l’explosion démographique auquel fait face le pays. Alors que la population urbaine s’accroit, les défis sont de plus en plus nombreux. Et concernent l’augmentation de la production d’énergie, des déchets et des émissions de gaz à effet de serre. Dans les grands centres urbains, les populations sont de plus en plus vulnérables. Elles font face aux risques de catastrophes naturelles engendrés par le réchauffement climatique. Green City Kigali veut devenir un modèle d’urbanisation verte en se basant sur les dernières technologies et innovations.
Florian Mugabo insiste sur les aspects inclusif et abordable du projet Green City Kigali. « Le projet a été conçu comme une réponse globale aux menaces. Et doit servir d’abri aux familles les plus vulnérables au réchauffement climatique. Nous devons nous assurer que chacun ait accès à des logements abordables et qui puissent résister au changement climatique et écologique ».
Au plan du financement, le projet Green City peut compter sur un partenariat avec l’agence allemande de coopération internationale pour le développement (GIZ). « L’agence allemande intervient via l’Établissement de crédit pour la reconstruction (KfW) et le Fond vert pour le climat. Quelque 2.5 millions d’euros sont dédiés à l’étude de faisabilité du projet et 10 millions d’euros ont par ailleurs été promis pour la première phase de développement de 18 hectares ».
Une impulsion au plus haut sommet de l’Etat
Pour l’heure, ce projet pilote est déployé dans une zone non habitée de la capitale. Dans les prochaines années, il se déclinera sur 600 hectares à Kinyinya. L’étude de faisabilité a été finalisée début décembre et un concours international de design a été lancé. Les cabinets d’architectures devront rendre leurs projets à la fin de la première phase, laquelle devrait s’achever en 2023.
Kigali Green City, qui a été rebaptisé Wakanda en hommage au film Black Panther (voir encadré), saura être source d’inspiration. Le Rwanda mise sur sa population et sur le leadership de son président pour aller plus loin. La transformation digitale a en effet été amorcée depuis les années 2000, sous l’impulsion de Paul Kagamé. Pour preuve, le pays des mille collines a été choisi pour porter la thématique des Smart cities au sein de l’alliance panafricaine Smart Africa, créée à l’initiative du chef de l’Etat rwandais. La création de villes intelligentes est donc une priorité pour les autorités. Et les bases du projet sont d’ores et déjà posées.
Dans tout le Rwanda et au-delà
La construction des cités smart s’effectue via la mise en place de structures digitales. Le Rwanda a pour cela lancé un vaste plan de services en ligne à destination des citoyens. Parmi les autres réalisations, l’installation de caméras de sécurité pour gérer le trafic routier, le déploiement de la fibre optique et de la 4G sur l’ensemble du territoire. Ou encore le paiement des transports par cartes électroniques. « Pour construire des Smart cities, la base, c’est la connectivité », rappelle Didier Nkurikiyimfura, responsable du pôle technologies de Smart Africa. Une connectivité dont le but ultime est d’améliorer substantiellement la qualité de vie des habitants des zones urbaines.
Après Kigali, le Rwanda compte bien exporter son modèle de Smart city vers d’autres villes du pays, voire vers d’autres villes du continent africain. Kigali Green City pourrait alors servir de modèle de Smart city en Afrique. « Les pays africains intéressés viendront échanger et s’inspirer de notre expertise », se réjouit Florian Mugabo. Si ces projets se concrétisent en ce sens, les Smart cities du continent seront alors une véritable vitrine de la coopération sud-sud. Et une preuve de plus que le continent peut suivre sa propre voie de développement.
Wakanda, le royaume utopique africain
Le royaume de Wakanda, qui a inspiré le surnom donné à Kigali Green City, est un pays africain fictif présent dans l’univers cinématographique Marvel. Il a été popularisé par le film Black Panther. Dans ce blockbuster, Wakanga est particulièrement développé sur le plan technologique et culturel grâce à un métal, le vibranium.
Article paru dans CIO Mag N°61 de Décembre 2019 – Janvier 2020