Mohamed Ben Amor, Secrétariat général de l’AICTO : « Créer cinq à six pôles régionaux pour développer la monnaie fiduciaire numérique »

L’Organisation arabe des Technologies de l’information et de la communication (AICTO), créée en 2001, opère sous l’égide de la Ligue des Etats arabes. Cette organisation intergouvernementale, composée de dix-sept pays du monde arabe, est en charge du secteur des Technologies de l’information et de la communication. La structure, qui est également ouverte au secteur privé, est constituée d’une quinzaine de personnes. Elle reçoit des financements publics et privés.

L’AICTO développe également des partenariats avec des opérateurs de pays non membres de l’organisation. Des coopérations sont notamment établies avec l’Afrique, telle celle avec l’Union africaine des télécommunications. Et des projets sont en cours de réalisation. A commencer par le Forum arabo-africain de confiance numérique, qui se déroulera à Tunis, les 4 et 5 Avril 2019.

Les actions mises en œuvre par l’Organisation arabe des Technologies de l’information concernent le développement des ressources humaines, les questions d’actualités technologiques, la transformation numérique, la confiance numérique et la science de l’innovation. Parmi les activités développées, des études, des conférences, l’organisation de groupes de travail et de sessions de formations au profit de la région arabe.

Mohamed Ben Amor, du Secrétariat général de l’Organisation arabe des Technologies de l’information et de la communication (AICTO), répond aux questions de CIO Mag.

Entretien réalisé par Mohamadou Diallo à Barcelone

L’AICTO est-elle déjà positionnée sur la finance digitale ?

L’AICTO est d’ores et déjà positionnés sur l’agriculture, à travers le Forum arabo-africain de l’agriculture intelligente, ainsi que sur le secteur bancaire, via le Forum africain pour la confiance numérique. S’agissant de ce dernier secteur, nous travaillons sur la crypto monnaie. Et avons, en conséquence, installé à Tunis le premier centre régional sur le digital money, en lien avec l’Union Internationale des Télécommunications.

En convertissant le modèle de monnaie classique par le numérique, l’AICTO a pris le parti de conserver les instances de contrôle et de régulations des marchés avec de la monnaie fiduciaire, mais sous une forme numérique, de sorte à maintenir la stabilité du marché financier.

Notre objectif est à présent de créer cinq à six centres régionaux, qui seront chargés de la monnaie fiduciaire numérique. Ces entités vont réaliser des études, des applications et des sessions de formations. Elles seront présentes à Tunis pour la zone arabe et africaine ; aux USA pour la zone Amérique ; en Chine pour la zone asiatique et en Russie, en attendant l’éventuelle création d’autres centres. Nous avons déjà lancé le premier centre en Chine, en octobre 2018. L’ouverture du prochain centre régional se fera à Tunis, en Avril.

Avec quels opérateurs télécoms collaborez-vous ?

Nous travaillons beaucoup avec les opérateurs arabes et des opérateurs non membres, tels qu’Etisalat. Et coopérons également avec Huawei, dans le cadre d’un partenariat stratégique signé à Tunis en 2018.

Qu’implique exactement ce partenariat avec Huawei ?

Compte tenu de sa position internationale sur les technologies, il est dans l’intérêt de notre coordination d’entretenir une étroite coopération avec cette entreprise créatrice de technologies. Ensemble, nous nous activons au déploiement du secteur technologique dans la zone arabe, via diverses activités, dont l’édition de certains documents de référence.

Par exemple, l’année dernière, nous avons édité un « livre blanc ». Il s’agissait d’expliquer, aux gouvernements arabes, combien il était important d’adopter notre organisation comme élément de la stratégie nationale. Et comme moteur de développement socio-économique. Cet ouvrage détaille également les stratégies qui peuvent être appliquées sur le plan national. A commencer par le développement de l’infrastructure à Large Bande, qui constitue la base du développement du secteur technologique et de la gestion gouvernementale de l’ensemble d’un pays ou d’une nation.

Rappelons que la région arabe est en dessous de la moyenne sur la connectivité à Large bande. Nous sommes à peu près à 35% par rapport à la moyenne mondiale. Et à près de 45% pour ce qui est de l’adoption de large bande mobile et de 5% pour la large bande fixe, comparativement à une moyenne internationale qui se situe entre 13 à 15%. Cette situation peu confortable nous incite à hisser la zone dans une bonne moyenne.

Comment est traitée la question de la cyber sécurité ?

La sécurité est une question de souveraineté nationale. Chaque pays est ainsi libre de choisir, en terme de sécurité, les moyens de défense de ses intérêts. Aucun pays n’a par ailleurs déclaré avoir eu des soupçons sur la sécurité dans l’usage des produits Huawei. L’AICTO étant le porte-parole régional, elle adopte uniquement les décisions déjà entérinées. Et se centre sur le terrain technologique, sans s’immiscer dans des considérations géostratégiques.

Quel est le sens de votre participation à cette édition du « Mobile World congress » ?

Ce forum constitue une excellente opportunité de rencontres avec l’ensemble de nos pays membres, ainsi qu’avec les partenaires privés. C’est également le lieu pour s’informer sur les actualités et les tendances technologiques. L’AICTO, en sa qualité d’organe principal de la ligue des Etats arabes, se doit d’être présente vis-à-vis de l’ensemble des pays arabes. Et doit jouer son rôle de conseiller sur les tendances technologiques et sur les meilleures opportunités pour développer cet écosystème.

Quel plan d’action adoptez-vous pour les startups ?

Notre plan d’action consiste à accompagner les startups dans le sens de l’innovation et de la création. Nous avons d’ailleurs initié un programme pour favoriser l’éclosion de l’innovation de ces jeunes pousses et sommes, pour l’heure, en phase de bouclage avec notre partenaire Huawei. Lors de la prochaine édition de l’évènement « Huawei Innovation day », qui sera consacré à l’innovation dans les TICs, les plateformes dont dispose l’entreprise seront mises à profit des jeunes innovateurs et des startups.

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