La onzième édition des sessions Orange Business Live (OBL 11) tenue le 24 novembre 2022 était centrée sur la digitalisation comme levier d’optimisation de la productivité agricole.
(Cio-Mag) – Le dernier rendez-vous phygital d’Orange Business Live de l’année 2022 a mis un accent sur les questions relatives aux enjeux, défis et perspectives de la digitalisation dans l’optimisation de la productivité agricole en Afrique. Pour lancer les échanges, Latifa Diack, directrice adjointe en charge de l’innovation et des solutions B2B à Orange Business Côte d’Ivoire est revenue sur les avantages basiques de la digitalisation dans le secteur agricole. Pour elle, « la digitalisation d’une chaîne de valeur permet d’avoir des informations claires ». D’emblée, ces informations aident les acteurs du secteur à mieux « exercer leur activité tout en ayant une vision plus globale de celle-ci », a-t-elle souligné.
En effet, le digital joue un rôle majeur dans tous les domaines de la vie humaine. Dans le monde paysan, il aide « les agriculteurs à optimiser leur potentiel de production grâce, entre autres, aux informations essentielles sur la météo, l’irrigation et les formations adaptées sur l’agriculture de précision », a poursuivi Hamza Bendahou, co-founder de Sowit, une start-up qui fournit des systèmes d’aide à la décision aux agriculteurs africains en ayant recours à la télédétection satellite.
Insécurité alimentaire et fracture numérique
En dépit de l’apport de la digitalisation dans l’optimisation de la production agricole, l’Afrique est en reste en matière d’application du digital dans l’agriculture. Quel est l’état des lieux de la digitalisation dans le secteur agricole sur le continent ? Quels en sont les défis et les limites de son application ? En réponse à ces questions, les conférenciers notent que l’agriculture est l’un des piliers de l’économie en Afrique. Ce secteur représente 32% du PIB africain et englobe environ 60 à 70% de la population active.
Pourtant, le continent fait face à une énorme crise alimentaire. Selon, la Fédération internationale des sociétés de la croix-rouge et du croissant-rouge (IFRC), environ146 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë due à une série de facteurs tels que l’insécurité, les conflits armés, les événements météorologiques extrêmes et la variabilité climatique.
En plus de ces facteurs, il y a une certaine disparité de l’application du digital dans l’agriculture dans les régions africaines. Ken Lohento, spécialiste en agriculture numérique au bureau Afrique de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a précisé que « les pays d’Afrique centrale sont peu bénéficiaires de l’agriculture digitale, soit 6% contre l’Afrique de l’Est comme le Kenya où plus de 150 applications/plateformes sont actives ». Un autre facteur majeur est la fracture numérique. « Environ 50 % de la population a accès aux téléphones mobiles ; malgré cela nous avons une large portion de la population qui n’a pas toujours accès à la connexion internet », a ajouté l’expert.
Nécessité d’une bonne politique agricole
Face à ce tableau peu reluisant, comment l’Afrique peut-elle bénéficier des avantages du digital dans le secteur agricole ? Comment la digitalisation de ce secteur peut-elle contribuer de manière concrète à lutter contre l’insécurité alimentaire sur le continent ? En 2014, à l’issue de la vingt-troisième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine tenue à Malabo en Guinée équatoriale, les Chefs d’Etats ont pris l’engagement de consacrer 10% de leurs budgets au développement agricole. Malheureusement, « lors de la dernière revue en date de ladite convention, il a été constaté que seul un pays sur les 54 a mis en œuvre cet engagement », a regretté M. Lohento,
Malgré cela, les intervenants à l’Orange Business Live ont proposé d’autres alternatives. Il s’agit de la nécessité du renforcement de l’accompagnement des agriculteurs, de l’intégration effective du digital dans le secteur agricole et de la lutte contre la fracture numérique. « La mise en œuvre de la digitalisation doit donc tenir compte du taux de pénétration de la connexion internet ; d’autres outils tels que les radios et les sons vocaux doivent continuer à être utilisés pour atteindre les communautés rurales », a recommandé Ken Lohento.
Inclusion des jeunes et femmes dans le secteur agricole
Selon Hamza Bendahou, l’optimisation du secteur agricole passe aussi par la mise en place d’une bonne politique du développement agricole et du renforcement du partenariat public-privé. « En tant que startup du secteur privé, Sowit n’a pas les moyens d’aller directement vers les agriculteurs (…) Les décideurs et les institutionnels ont un rôle important à jouer car ils disposent des capacités pour massifier la démocratisation de nos solutions. » Pour sa part, Mme Diack a plaidé pour « le renforcement de l’inclusion des femmes dans l’agriculture digitale pour favoriser la bonne gestion des ressources ». Pour changer la donne, M. Lohento recommande également aux Etats de « soutenir les jeunes startups à travers un partenariat gagnant-gagnant pour la transformation du continent et la valorisation des ressources locales ».
Les échanges se sont poursuivis par une série de questions/réponses qui ont clôturé ce rendez-vous pédagogique et participatif d’Orange Business et Broadband Côte d’Ivoire.