Invité sur la plateforme i-conférences dans le cadre du panel Adex & Huawei, Marc André Loko, Directeur général de l’Agence pour le développement du numérique (ADN) a formulé des recommandations pour réduire la fracture numérique en Afrique. Il préconise entre autres une préparation des gouvernements, un encadrement réglementaire pour renforcer la confiance entre les parties prenantes et des partenariats avec des tiers de confiance.
(CIO Mag) – L’Afrique doit s’activer digitalement parlant pour prétendre à un développement ou elle restera à la touche. Face à la diversité des modèles de développement numérique dans le monde, le continent doit créer un standard propre et plus adapté au contexte de ses peuples. La question a fait l’objet du panel de la plateforme i-conférences ayant pour thème « Adex & Huawei : Afrique digitale, quel impact sur la réforme des modèles numériques. » Partant des leçons tirées processus de digitalisation du Bénin et des reformes en cours dans le secteur, Marc-André Loko recommande aux États africains une démarche en trois axes prioritaires.
En prélude à la réforme du numérique au Bénin
L’économie du prochain siècle sera digitale et le monde assiste déjà aux signes avant-coureurs de cette mutation. En témoignent la digitalisation des moyens de paiement, la dématérialisation des services administratifs, la montée en puissance des monnaies numériques, etc. Néanmoins, le constat en Afrique, marqué par des réformes numériques à l’étape embryonnaire, révèle la nécessité pour le continent de se construire un modèle propre. Le Bénin s’est engagé sur cette voie et expérimente depuis 2017, un modèle qui montre un début de succès.
Avant d’en arriver à cette étape, le Bénin était marqué, selon Marc-André Loko, par la faible pénétration des services numériques et le manque d’infrastructures appropriées pour les supporter. La faiblesse des compétences de base et le niveau d’appropriation des terminaux numériques compliquaient davantage l’accès à ces services. La pandémie du Covid-19 qui a impacté tous les secteurs d’activité de l’économie a accentué le constat dans le domaine de l’éducation. À en croire le DG-ADN, elle a occasionné la perturbation des cursus, révélé le manque de modèle de mise à disposition des contenus numériques et la nécessité d’investir massivement dans le secteur.
Axes clés de mise en œuvre des réformes
Ayant identifié les principaux nœuds à détacher pour faire de l’accès au numérique un droit pour tous, le Bénin a misé sur un certain nombre d’actions. « Un des enjeux majeurs sur lesquels nous travaillons aujourd’hui, c’est le renforcement des compétences de base pour que l’adoption des services numériques puisse se faire dans les foyers et au sein des entreprises », a indiqué Marc-André Loko.
En effet, le renforcement des capacités est l’un des terreaux sur lesquels le gouvernement béninois a mis la graine de la transition vers le numérique pour permettre au pays de saisir les opportunités qui se présentent dans le secteur. Celles-ci viennent en complément à la définition des objectifs qui ont dévoilé les ambitions du gouvernement. Elle s’est traduite par un encadrement réglementaire à travers l’adoption du Code du numérique pour accroître la confiance des utilisateurs de ces services, la mise en place de projets pour stimuler la création des plateformes digitaux, la coopération avec des précurseurs du développement digital notamment le Rwanda et l’Estonie, sans oublier la création du portail des services publics et la délivrance d’actes divers en ligne.
Des recommandations
Le digital peut devenir le levier de création de valeur ajoutée dans les pays d’Afrique. Pour Marc-André Loko, cela dépendra principalement de la vision définie par les gouvernements. À son avis, la première étape vers cet idéal consiste à une préparation en amont. Ajouté à cela, la nécessité d’asseoir un cadre législatif et réglementaire stable. « Il ne faut pas un cadre réglementaire qui soit trop lourd, trop figé […] l’enjeu, c’est d’avoir un cadre législatif assez stable et des leviers réglementaires pour ajuster et anticiper », explique-t-il.
Cette approche revêt d’autres avantages tels que la sécurisation des données personnelles des individus et des entreprises, la création par les entreprises des services de sécurité informatique, la cybersécurité, la création de nouveaux métiers, l’investissement local. Il recommande aussi l’établissement des partenariats avec des tiers de confiance pour stimuler l’adoption des services numériques. Cet ensemble de mesures pourrait réellement acter l’adoption d’un modèle économique et par extension l’intégration des populations dans la transformation digitale souhaitée en Afrique.