De nouvelles méthodes de management des jeunes, la formation et la requalification des salariés, la participation des femmes aux TIC et leur autonomisation par le numérique sont selon Mme Saloua Karkri-Belkeziz autant de vecteurs stratégiques pour placer véritablement l’humain au cœur de la transformation digitale.
Propos recueillis par Anselme AKEKO, à Lomé
Pourquoi est-ce important pour le Groupe GFI Informatique d’être présent au Digital African Tour ?
La relation entre le groupe GFI Informatique et CIO Mag s’est construite et consolidée avec les années et nous avons été présents à plusieurs des événements organisés au vu de la pertinence des thématiques ainsi que de la forte visibilité sur le continent africain. C’est ainsi que nous avons choisi pour 2019 d’être partenaire de CIO Mag pour la plupart des étapes du Digital African Tour. Cette implication traduit la volonté stratégique du groupe GFI Informatique d’affirmer et renforcer ses activités dans les pays d’Afrique et étendre son offre de services pour déliver valeur et proximité à ses clients.
Ici au Togo, nous accompagnons déjà la Banque ouest-africaine de développement, à partir de notre filiale en Côte d’Ivoire dans leurs processus de transformation digitale. Nous accompagnons aussi l’opérateur Moov Togo (filiale de Maroc Télécom) dans la mise en place d’un progiciel de gestion intégré des processus support et le déploiement suit actuellement son cours normal. Dans la même optique, nous sommes aussi présents dans les filiales Maroc Telecom au Bénin, Niger, Côte d’Ivoire et Mali. Nous comptons aussi de grands groupes industriels parmi nos clients que nous accompagnons activement dans l’évolution de leurs systèmes d’information, et ce à travers 4 piliers de compétences qui sont la mise à disposition de solutions industrielles novatrices et durables, des partenariats avec les plus grands éditeurs mondiaux, un haut niveau de certification des collabortaeurs et processus métiers et, enfin, un axiome important : le Think Global, Act local pour assurer proximité et écoute à nos clients.
Nous avons des projets dans plus de 17 pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne totalisant plus de 250 clients privés et opérateurs publics. Pour ce faire, nous disposons de plus de 700 collaborateurs prêts à délivrer progressivement l’ensemble de l’offre de services Gfi. Nous nous érigeons ainsi en position de leader régional dans la mise en place des solutions progicielles.
Notre offre de service de proximité est rendue possible grâce à nos centres de compétences multi-localisés qui nous font nourrir l’ambition d’un objectif de 50 M€ de chiffre d’affaires en 2020 dans le cadre d’une stratégie inclusive durable.
“Le Digital African Tour nous permet aussi de rencontrer les grands donneurs d’ordre.”
Pour nous, le Digital African Tour est une plateforme importante, d’abord parce qu’il permet aux preneurs de décisions togolais d’en savoir plus sur GFI Informatique, son métier et ses expertises, d’autant plus que nous sommes un groupe qui évolue très rapidement. Nous sommes en effet déjà 18.000 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros.
Le Digital African Tour nous permet aussi de rencontrer les grands donneurs d’ordre, échanger avec eux et construire, ensemble, des solutions répondant à leur besoin. Notre catalogue d’offre est fourni et nous devons en tirer le meilleur pour satisfaire les entreprises togolaises (et de la sous-région) dans l’intégration progicielle, l’ingénierie applicative ou encore l’assistance à maitrise d’ouvrage et le conseil IT.
L’édition 2019 du Digital African Tour Togo place l’humain au centre de la transformation digitale. Dans ce cadre, quelles sont vos recommandations aux opérateurs et aux Etats ?
Je voudrais à ce titre saluer les organisateurs pour le choix du thème parce que le développement est directement lié au capital humain. Notre continent dispose d’une jeunesse ‘’IT native’’ que les pays occidentaux ne peuvent que nous envier. Nous avons échangé lors des ateliers du forum de requalification des ressources humaines, ce concept, s’il est bien déployé pourra faire la différence dans les économies et entreprises africaines, je m’explique… La transformation digitale nécessite de nouveaux profils qui sauront s’adapter rapidement aux changements et à l’évolution des besoins métiers centrés sur les valeurs de l’innovation, du travail collaboratif, de la réactivité et de la flexibilité. Il faut donc soit créer ces profils compétents (et surtout les retenir), soit requalifier le vivier de ressources existant. A ce titre, nous avons au Maroc une initiative dans ce sens (ndlr les Certificats de Qualification Professionnelle), visant à assurer une formation certifiante pour les titulaires d’un Bac+3 scientifique. Les candidats suivront une formation de 9 mois par alternance pour devenir développeurs en nouvelles technologies numériques. Les pays d’Afrique pourraient s’inspirer de cette initiative pour tirer le meilleur du vivier de ressources existant.
En votre qualité de dirigeante d’une grande entreprise à cheval sur la vie associative, notamment celle des femmes, que faire pour intéresser plus de femmes aux métiers du numérique ? Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Effectivement, on retrouve moins de femmes dans le secteur des technologies de l’information et de communication que les hommes. Mais malheureusement ce constat est à faire sur tous les secteurs productifs. En moyenne, le taux d’activité des femmes en Afrique avoisine les 20% alors que nous sommes sur le double en Europe. Il y a donc un réel potentiel et des capacités de production encore inutilisées dans nos pays. C’est dans ce sens que les technologies de l’information peuvent être utilisées pour réduire cette disparité entre les hommes et les femmes. Je vous donne un exemple : grâce au mobile payment, les femmes pourront accéder aux services pour commercialiser leurs produits ou pour en acheter, etc. Il y a beaucoup d’applications de type collaboratif, M-Payment, qui peuvent être mises au service des femmes qui peuvent se regrouper en associations ou coopératives et faire valoir leur savoir-faire pour une plus grande diffusion des produits du terroir africain.
C’est le même message que vous avez prononcé à New York, dans le cadre de la 63ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW63) des Nations-Unies ?
C’est exactement le thème sur lequel j’ai été invitée par l’ONUDI et j’ai plaidé pour l’encouragement des femmes à créer des startups car les NTIC et les femmes sont deux piliers essentiels du développement socio-économique dans les pays arabes et africains. Nous avons eu beaucoup d’écho et je m’en félicite.