Sénégal : Expresso, un réseau brouillé

  • Par CIO MAG
  • 15 septembre 2022
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Malgré la présence de trois opérateurs télécoms, la bataille semble se livrer entre Free et Orange. Le dernier arrivé, Expresso peine à décoller. Plusieurs raisons expliquent cette situation.

Quand il décrochait sa licence en janvier 2009, pour devenir le troisième opérateur télécoms au Sénégal, Expresso avait suscité beaucoup d’espoir. À juste raison d’ailleurs.

Avec des offres adaptées et jusqu’ici méconnues du grand public, Expresso commence rapidement à grignoter des parts de marchés et contraint même ses deux concurrents, Orange et Tigo (devenu Free) à se réadapter. En décembre 2011, sur le marché de l’Internet mobile, l’opérateur détenu par le groupe soudanais Sudatel, passe même devant le géant Sonatel avec 52% de parts de marché contre 48% pour Orange, dans le segment internet mobile. Mais ce qui était parti pour devenir une lutte âpre, devient une confrontation David contre Goliath. Et dans cette bataille entre opérateurs, Expresso est de loin le moins performant. Selon les chiffres publiés par l’autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), au titre de l’année 2021, Expresso continue de stagner à une peu enviable troisième place et voit ses chiffres légèrement baisser. Une situation qui s’explique par plusieurs raisons.

Couacs à la pelle

Si aujourd’hui le groupe contrôlé par le gouvernement de Khartoum est dans cette situation peu enviable, c’est parce que le management n’a jamais été stable. En plus de voir ses parts de marché fondre depuis 2017, l’entreprise a du mal à honorer ses engagements. Alors qu’il avait décroché la licence, l’Artp lui avait demandé de mettre en place un certain nombre d’infrastructures. Ce que l’opérateur n’a jamais fait. Après deux mises en demeure, le régulateur sévit et lui inflige une amende de 7 milliards de francs CFA. Il reproche à Expresso « des retards de paiement de redevances ». Selon des informations, cette situation s’expliquerait en partie, par la destitution d’Omar el-Béchir au Soudan en avril 2019. Quoiqu’il, le problème est devenu une affaire d’état. Il a fallu une rencontre au plus haut sommet pour trouver un compromis. Expresso paye une partie de l’amende et le reste est reporté. Pendant que ses principaux concurrents déroulent leurs stratégies de pénétration de la 4G, Expresso, le dernier à avoir acquis la licence continue de traîner le pied. Mais aussi et surtout de traverser des zones de turbulences infinies.

Climat social délétère

Comme si l’instabilité était devenue le quotidien de la boîte, depuis plusieurs mois, la maison est secouée par des tensions entre la direction et les travailleurs. En effet, suite à la volonté de la direction générale de licencier des travailleurs pour motif économique, les agents ont entamé un mouvement d’humeur. Là où la direction brandit des chiffres à la baisse, les partenaires sociaux contestent et ne veulent pas entendre parler de licenciement. Là encore, il a fallu l’intervention des autorités. La dernière a vu la participation d’un représentant du Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, de Karim Cissè, Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale, du Directeur des Affaires juridiques et des Consommateurs de l’Artp…La décision majeure issue de la rencontre sonne comme un rappel à l’ordre à l’endroit de la Direction générale d’Expresso. « Il est demandé à la direction générale de suspendre toutes les mesures de licenciement, d’assurer la reprise du Travail et de veiller à la continuité du service public des télécommunications dont ladite entreprise est concessionnaire. Cette demande a été réitérée, à travers un courrier, parvenu à la Direction générale d’Expresso, le 24 août 2022. Il a, en outre, demandé la mise en place d’une commission de négociation pour trouver des solutions alternatives à la crise ».

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