(CIO Mag) – Ouverte le 8 juin dernier, et ce pendant 30 jours, les travaux de la deuxième session ordinaire des deux chambres (l’Assemblée Nationale et le Sénat), poursuivent sans relâche le programme du calendrier qui leur est soumis. En dehors des discussions en commission sur les projets de lois, les élus du peuple passent l’exécutif (un peu comme à la barre) tous les vendredi sur les questions qui préoccupent les Camerounais. C’est donc à travers la séance des questions orales que les membres du gouvernement apportent des explications ou clarifient la représentation nationale sur les situations ou les cas d’intérêt général.
Vodafone sans licence
C’est Mme Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications, qui a été appelée à se prononcer sur l’illégalité de certains opérateurs du secteur des télécommunications. Le sénateur Pierre Flambeau Ngayap interpelle la ministre en ces termes : « Nous voyons et nous entendons depuis des mois dans divers médias la publicité sur les offres de la nouvelle compagnie Vodafone, lui avez-vous délivré une licence ? Où en est-on avec la licence d’exploitation mobile de l’opérateur Camtel (l’opérateur historique des télécommunications le N°1) ? La rupture du duopole Orange et de MTN est-elle effective ? »
Réagissant à cette préoccupation, la ministre a expliqué que l’adaptation et l’actualisation des cadres législatifs réglementaires sont impératives. L’amélioration de l’offre de service en qualité et en quantité, et la densification du tissu industriel des entreprises TIC aussi. Il faut disposer d’un titre d’exploitation qui peut être une convention, une licence ou un avenant. Ce titre est délivré par le ministère en charge des Postes et Télécommunications. « La licence est délivrée à toute personne morale ou physique pour établir ou exploiter un réseau ou fournir des services de communication électronique. Il existe pour cela deux types de licences : les licences de première et de deuxième catégories. Vodafone Cameroon ne dispose d’aucun de ces types de licence ou mieux d’un autre titre d’exploitation reconnu par la réglementation en vigueur pour exercer au Cameroun en qualité d’opérateur de communication électronique », affirme la ministre.
Elle a révélé par la suite avoir été informée de l’existence de cet opérateur par les médias. Après investigations, il ressort que l’entrée de Vodafone au Cameroun résulterait d’un partenariat entre Northware Part, qui est titulaire d’une licence de première catégorie pour l’accès à internet et la fourniture des services internet à travers un certain réseau B4. Northware Part est détenu à 100% par Afrimax, qui a un accord de franchise avec Vodafone Group International. Un groupe de télécommunication britannique né depuis 1984.
La patronne des Télécommunications du Cameroun poursuit son propos en ces termes : « Après le constat de cette entorse à la réglementation, j’ai rapidement invité cet acteur, comme tous ceux qui se trouvent dans la même situation à se conformer à la procédure prévue par la réglementation en vigueur. Tout en donnant instruction au régulateur de faire preuve de plus de vigilance pour une conformité de tous les opérateurs aux lois et règlements de la République. » Mais au cours d’une audience accordée au directeur général de Vodafone, celui-ci a reconnu que Vodafone Cameroun tenait son existence de la société Northware qui est titulaire d’une licence de première catégorie délivrée en 2010.
Le cas de l’opérateur historique Camtel
Son histoire remonte en 1998 avec la libération du secteur des télécommunications. Arrive alors la filiale mobile à la Cameroun télécommunications (Camtel) afin de rendre attrayant son dossier de privatisation. Le gouvernement ayant déclaré Camtel infructueuse, a décidé de l’appeler la Cameroon Mobile Telecommunications et de lui octroyer une licence. Ce processus a été mis en instance pour attendre l’aboutissement du renouvellement des conceptions de MTN Cameroon et de Orange Cameroun et des avenants y afférents, étant donné que la conception de Camtel devra être arrimée à celle de ces deux autres opérateurs au même titre que Viettel devenu Nexttel. la licence de Camtel sera finalisée et signée dés l’aboutissement des agréments de MTN et Orange qui sont en cours de finalisation.
Le duopole MTN-Orange
Il ne fait aucun doute que l’arrivée de Nexttel sur le marché a quelque peu ébranlé la quiétude de MTN et Orange surtout en termes de services haut débit. Aujourd’hui, la concurrence est réelle dans ce segment et à l’avantage des consommateurs. Elle a fait savoir qu’il est généralement difficile de conclure des ententes à trois sur un marché. Par ailleurs, avec la multiplication des offres internet, les prix connaissaient une baisse certaine et les efforts que le gouvernement n’a cessés de déployer pour la construction des infrastructures large bande contribueront davantage à faire baisser les prix. Dans un environnement concurrentiel où les données ont notamment pris le pas sur la voix, les opérateurs MTN Cameroon et Orange Cameroun se sont indignés des conditions d’entrée de ce nouvel opérateur qui résultent d’un vide d’acquisition et de partenariat ne respectant ni la réglementation, ni les principes d’équité de cette concurrence. « Pour y faire face, mon département ministériel a opté pour une résolution globale du problème des opérateurs détenteurs des titres non conformes à leur activité, car l’État ne saurait tolérer davantage de tels comportements et enfin d’assurer le respect scrupuleux des textes en vigueur », explique la ministre. Tous les opérateurs concernés ont été invités à régulariser leur situation.
Sur Viettel qui a pour nom commercial Nexttel
En ce qui concerne l’entrée de Nexttel au Cameroun dans le marché des opérateurs mobiles, il est important de noter qu’à la suite du lancement commercial de l’activité depuis le 18 septembre 2014, cet opérateur compte aujourd’hui plus de trois millions d’abonnés. « Il est le tout premier à offrir des services de 2G et 3G à des prix de 54 Fcfa la minute vers son réseau et 66 Fcfa vers les autres réseaux soit en moyenne 33% moins cher que ceux pratiqués par les autres opérateurs concurrents à cette période », dit la ministre des Postes et Télécommunications. Les tarifs des opérateurs qui se situaient à 270 Fcfa la minute ont considérablement baissé depuis l’entrée sur le marché de Viettel-Cameroun. S’agissant des offres des opérateurs MTN, Orange et Nexttel les tarifs d’appels se situent en moyenne à 0,9 Fcfa par seconde et à à 4 Fcfa à l’international. Concernant internet, les forfaits oscillent entre 50 Fcfa et 50 000 Fcfa pour les volumes compris entre 50 Megabits et 100 Megabits. En tout les cas, Minette Libom Li Likeng a convaincu les élus du peuple sur les points soulevés.
Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun