Après une première expérience d’entrepreneur dans un cabinet de consulting marocain, Hanane Ait Aissa a accompagné quelques institutions gouvernementales nationales et internationales dont la Banque Mondiale, SFI, ainsi que des organismes privés sur le volet stratégique, organisationnel. Elle a été choisie en 2016 par Google for entrepreneurs pour lancer le chapter Startup Grind en Afrique francophone et précisément au Maroc. Où l’objectif est de contribuer à la création d’un écosystème entrepreneurial propice à l’innovation et au développement des territoires.
CIO Mag : Pouvez-vous nous faire une présentation de Startup Gring ?
Hanane Ait Aissa : Startup Grind est la plus large communauté d’entrepreneurs dans le monde avec plus de deux millions d’entrepreneurs issus de 125 pays et 500 villes dont 106 en Afrique. Startup Grind a été développé à Mountain View à San Francisco en 2010 et son objectif est d’inspirer, d’éduquer, et de connecter les entrepreneurs dans le monde. A travers les 500 talkshows organisés chaque mois, nous créons un espace de partage et de réflexion sur le business de demain et surtout créer les opportunités de networking.
Récemment, vous avez participé à plusieurs conférences régionales sur la Tech Industrie. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Comment cela peut-il servir Startup Grind ?
Dernièrement, j’ai participé à plus de 5 conférences : la Conférence Globale de startup Grind à la Silicon Valley avec plus de 10000 Participants, les Conférences Régionales d’Europe à Londres avec 5000 participants et Barcelone avec plus de 3000 participants, en plus du Web Summit à Lisbonne, le plus grand salon Tech en Europe avec plus de 60000 participants et Vivatech en France avec plus de 10000 participants ainsi que Delta Summit à Malte; conférence sur la blockchain avec une présence de plus de 4000 visiteurs. C’est pour cette raison que nous avons voulu mettre en avant l’énorme potentiel du Maroc pour le positionner en tant que hub africain pour promouvoir et fédérer les initiatives et promouvoir la culture entrepreneuriale, à travers l’organisation de la première conférence Régionale de Startup Grind en Afrique et en exclusivité au Maroc.
Notre ambition est de créer un espace d’immersion technologique, ainsi qu’une plate-forme de réinvention, de rencontres et d’échanges entre experts afin de favoriser le networking sur le plan global et la création d’opportunités de business pour accompagner le développement de l’économie africaine qui est en pleine mutation.
Quelle est la place des startups numériques au Maroc en général et en Afrique en particulier ?
L’écosystème startup africain est caractérisé par une disparité entre les pays francophones et anglophones. ces derniers sont beaucoup plus dynamiques avec plus de capacité d’innovation et de levée de fonds. Ceci est dû à la présence des géants américains dont Google, Facebook, ce qui a permis de créer un écosystème technologique propice où la transition numérique a été plus fluide, mais malheureusement dont ne bénéficie pas le reste de l’Afrique.
Au Maroc, il y a une orientation gouvernementale qui vise le développement de l’écosystème startups à travers le lancement d’un certain nombre de fonds de financement des startups, dont celui de la Caisse Centrale de Garantie, institution financière étatique, ainsi que d’autres initiatives par les banques et grandes entreprises de la place. Une agence du développement de la digitale a été créée en 2017 pour accélérer l’accomplissement du plan Maroc Digital 2020. Il faudrait souligner que l’enjeu n’est pas juste par rapport au développement des startups numériques mais plutôt par rapport à une transition numérique d’un continent et une évolution vers la Smart Nation.
Si nous souhaitons analyser le modèle de la Silicon Valley qui est un écosystème mature, issu de plus de 70 ans d’une économie entrepreneuriale. Son histoire nous permet de recenser des prérequis indispensables à la création de l’écosystème dont le savoir-faire, le capital et l’insoumission. L’Estonie a aussi misé sur le déploiement de l’Etat plateforme et l’adoption de lois favorables à l’innovation pour attirer les capitaux.
Maintenant l’Afrique, doit faire sa propre analyse systémique et travailler sur son propre modèle pour identifier les ressources nécessaires pour l’émergence d’un écosystème propice et solide dont : sécuriser les entrepreneurs par le cadre juridique adapté qui va permettre de soutenir la décision de prise de risque et d’innovation, et aussi maintenir une pression concurrentielle pour éviter l’installation d’une économie de rente tout en maintenant la stratégie d’inspiration et de valorisation du désir d’entreprendre auprès des jeunes.
Entretien réalisé par Youcef MAALLEMI