Weekend d’intenses activités pour l’écosystème des startups togolaises. Dans la dynamique des initiatives mises en place pour structurer cet écosystème, une douzaine de startups ont été mises en vedette les 23 et 24 février à l’Agence Togo Digital (ATD) à Lomé. Six d’entre elles viennent de finir un programme d’accompagnement de six mois à Innov’up, un centre local d’incubation. Les journées de démonstration et d’exposition organisées le weekend ont servi de tremplin pour présenter le bilan de cet accompagnement offert aux différentes équipes.
Lauréates des concours Atingi et Togo Digital Awards (TDA), six startups (G-Avicole, Rôbalôtô, Edowôpé, Fly Job, Vibank et Artybe) ont bénéficié d’un accompagnement de l’incubateur Innov’up. C’est une des actions clés du programme ProDigiT de la GIZ. Ce dernier permet d’apporter l’expertise nécessaire à l’Agence Togo Digital, dans le but d’accompagner le Togo dans la transformation digitale de son économie. L’Agence Togo Digitale, chargée entre autres de la structuration de l’écosystème de l’entrepreneuriat numérique du pays, balise la voie à l’accélération des compétences numériques. Confié à l’incubateur Innov’up, le programme d’accompagnement a permis aux six startups de monter à échelle.
« Nous avons accompagné ces entreprises sur le plan technique et managérial. Sur le plan managérial, nous avons fait des suivis sur les propositions de valeurs, les plans d’affaires et les modèles économiques. Sur le plan technique, nous les avons accompagnées pour le développement de leurs plateformes web ou mobiles », résume Jolita-Christiana Boukary, chargée de communication et d’accompagnement digital à Innov’up. Comme elle, les partenaires de ce projet espèrent que ces solutions numériques apporteront un plus pour l’économie togolaise. Innov’up promet, pour sa part, de garder un œil sur l’évolution de ces incubées.
Vibank, de l’ idée au prototypage
« C’est ce programme d’accompagnement qui a donné vie à Vibank ! » Ce témoignage de Yves Alassane KOFFI, porteur du projet Vibank résume à lui seul l’intérêt du programme d’incubation proposé aux startups. Vibank au départ n’était qu’une idée de jeunes togolais venus de divers horizons lors d’un hackathon. Six mois après, ces derniers ont pu structurer cette idée. « Vibank est désormais une entreprise en gestation, visant à faciliter les remboursements de prêts et d’épargne dans les microfinances.» « Nous sommes partis d’une proposition de valeur qui n’était pas celle que nous avons aujourd’hui. De l’idée, nous avons aujourd’hui un projet qui est de simplifier les transactions financières pour les microfinances », témoigne le porteur du projet. Vibank recherche un fonds de démarrage estimé à près de 6 millions de francs CFA (envions 9 mille dollars US).
Artybe, catalyseur de l’économie numérique B2B
Cette plateforme de réservation d’activités culturelles, sportives et urbaines… exploite la niche de la mise en valeur des talents de personnes à personnes ! Engagé un coach sportif le plus proche pour des séances personnalisées, un professeur de langue pour des cours dédiés ou encore apprendre des astuces de soins de beauté ? Artybe met en relation des talents inscrits sur sa plateforme et des demandeurs de services. L’une des opportunités qu’offre le projet, c’est de permettre de trouver un prestataire quel que soit le secteur, et quel que soit votre bourse. La startup espère mobiliser d’ici trois ans 200 mille dollars pour s’exporter sur le marché africain.
G-Avicole, rester connecter à sa ferme
Avec une présence dans une dizaine de pays africains, G-Avicole a gagné en organisation. « Innov’up nous a permis de travailler sur la structuration de l’entreprise. Nous avons grandi en tant que groupe pour mener à bien ce projet au-delà du Togo, partout en Afrique », témoigne Eli Adjéyi, CEO de G-Agricole (startups pour l’édition et la commercialisation d’outils pour la gestion des activités agricoles) dont le premier produit est G-Avicole destiné au monde de l’aviculture. Plateforme de gestion métier dans le secteur avicole, G-Avicole aide les exploitants (notamment les petits) à mieux gérer leurs données, à mieux les analyser et à en sortir des projections viables pour l’optimisation de leurs activités. G-Avicole recherche 91 millions de francs CFA (plus de 150 mille dollars) pour pouvoir générer 660 millions FCFA par an sur toute l’Afrique.
Fly Job
La startup fait de l’interconnexion entre l’offre et la demande dans le secteur agricole. Fly Job veut être l’entreprise de référence dans la fourniture de main d’œuvre qualifiée, de la ressource matérielle aux agriculteurs. De la terre à l’assiette, la startup veut se positionner sur l’ensemble de la chaîne de valeur, en apportant les ressources humaines et matérielles nécessaires : machines de culture, ouvriers, machines de récoltes et même cuisiniers dans les restaurants, aucun segment de l’industrie agricole ne devrait échapper à la jeune entreprise.
Fly Job est née d’un hackathon de la Giz-Togo. « Durant ce programme d’incubation, nous avons eu un ensemble de formations assez complètes qui nous ont permis de peaufiner notre projet, de faire une nouvelle proposition de valeur», explique Jacob Yao Dako, CEO de l’entreprise. A la fin des six mois, la nouvelle idée de Fly Job est prototypée. L’équipe recherche 20 millions de francs CFA (environ 33 mille dollars US) pour la phase de développement des applications, l’extension géographique et la gestion des ressources.
Rôbalôtô, le numérique pour l’environnement
Le projet est arrivé 3è dans la catégorie ‘’meilleure innovation digitale’’ de Togo Digital Awards 2024. L’entreprise développe des poubelles connectées, avec pour cible les écoles. Elle vient d’ailleurs de recevoir l’aval du ministère chargé du secteur pour déployer le produit dans l’ensemble des écoles au Togo. Ces poubelles munies d’IoT puis de code QR sont des outils d’une collecte intelligente des déchets plastiques produits dans les écoles. Valorisés, ces déchets sont transformés en ressources financières mais aussi en objets recyclés comme des sacs d’écoliers munis de plaques solaires à destination des élèves des zones rurales sans électricité, explique Aymane Gbadamassi. Rôbalôtô (collecteur de déchets plastiques, en langue locale mina), est un projet structurant qui se développe actuellement dans une vingtaine d’écoles au Togo. Il recherche 50 millions de francs CFA (plus de 82 mille dollars US) pour passer à échelle dans 100 établissements scolaires. Sachant que la tonne de sachet d’eau collectée en moyenne chaque deux semaines vaut 100 mille francs CFA. Une niche d’opportunités que le numérique permet d’exploiter. « Arrivée à Innov’up avec une application web, aujourd’hui nous avons une application mobile. C’est une très belle avancée, en plus des formations sur la communication, le business model… », se réjouit Aymane Gbadamassi.
Edowopé, interconnecter le citoyen à l’administration
Briser le mythe de la lenteur administrative et se positionner comme partenaire stratégique de la digitalisation de l’administration publique ! Voilà l’ambition de la startup Edowopé (lieu de travail, en langue locale mina). Ciblant dans un premier temps l’interconnexion entre centres de santé et états civils, le projet devra aider à digitaliser le processus de délivrance des actes de naissance. Ce faisant, il accélère le processus, améliore les chances pour chaque enfant né au Togo de disposer de ce précieux document. Le projet facilite surtout le suivi des procédures par le citoyen et lui évite des allers-retours infructueux. Avec 18 millions francs CFA (près de 30 mille dollars US), Edowôpé va se déployer dans les 117 communes du pays. Son plan d’affaires se base sur deux piliers : l’abonnement des municipalités et les services facturés aux usagers.
Stimuler l’innovation
Le Togo a déclaré son ambition de stimuler l’innovation, notamment numérique. La stratégie ‘’Togo Digital 2025’’ met l’accent sur l’inclusion sociale et le développement économique par le digital. Le pays compte sur les jeunes pousses locales pour parvenir à relever le défi. Les startups ont donc un grand rôle à y jouer. C’est pourquoi le pays développe des initiatives pour accompagner l’émergence de l’écosystème des startups, a rappelé Kafui Ekouhoho, Dg de l’Agence Togo Digitale. Il s’agit, entre autres, de promouvoir la culture de l’entrepreneuriat numérique, à travers des évènements qui animent l’écosystème. La stratégie consiste à mettre ensemble startups-incubateurs-accélérateurs-espace de coworking etc. Infrastructures, connectivité, formation, labellisation des startups, accompagnement pour les levées de fonds…autant de défis à relever pour faire des startup togolaises des licornes.
« L’innovation dont vous faîtes preuve est d’une grande importance et sert d’exemple à toute la jeunesse », a déclaré Cina Lawson venue visiter l’exposition vendredi soir. La ministre de l’Economie numérique et de la transformation digitale a réitéré l’engagement du gouvernement qui veut faire du pays un hub digital. La ministre Cina Lawson a annoncé le lancement prochain d’une plateforme pour recenser les talents du numérique, afin de mieux les identifier et mieux répondre à leurs besoins.
Ont également participé à l’exposition des startups, les sept jeunes entreprises ayant participé récemment à Emerging Valley : Klumer, Semoa, Solimi, Trankyl, eGoTransfer, Clinicaa et Makifaa. Un déplacement qui leur avait permis une immersion dans l’écosystème Tech et digital international et soutenu par le projet ProDigiT de la GIZ-Togo.