“L’Afrique est une grande terre d’opportunités qui a enclenché sa transformation digitale” Souhaïb Deen Bangoura, cadre supérieur à la maison Orange Cameroun

  • 22 mai 2017
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Celui qui s’exprime ainsi n’est autre que ce fils de Guinée Conakry qui a pour nom Souhaïb Deen Bangoura, haut cadre à Orange Cameroun. Il est assez fidèle en amitié et attache beaucoup d’importance aux valeurs humaines plus que tout. Il est heureux lorsque, autour de lui, il y a des gens aussi heureux comme lui. Il a un style de management propre à lui. Il affectionne encourager l’esprit entrepreneuriat. Il a une admiration pour  ceux qui, comme les camerounais, ne ménagent aucun effort pour leur développement. C’est une Guinée BCBG qui nourri de bonnes et de grandes idées pour son pays. Très pieux, il a la crainte d’Allah. Il n’a pas hésité à recevoir le reporter de CIO MAG qui, avec lui  a évoqué des sujets importants.

S’il vous était demandé de vous présentez sommairement, que diriez-vous ?

Je m’appelle Souhaib Deen BANGOURA, marié et heureux papa de deux enfants. Je suis diplômé d’un double Executive MBA obtenu à l’Université Paris-Dauphine ainsi qu’à l’Ecole Supérieure de Gestion de l’Université du Québec à Montréal. J’occupe en ce moment le poste de Program Management Officer (PMO) au sein d’Orange Cameroun que j’ai rejoint en octobre 2014, après une première mobilité internationale en France. Cumulativement, j’assure l’intérim au poste de Directeur de la Qualité et du Contrôle des Risques depuis le 1er janvier 2017. Je suis détaché d’Orange Guinée (dont je suis natif) où j’ai été embauché en tant que Responsable du Contrôle de Gestion en 2007. Avant Orange, j’ai travaillé dans d’autres multinationales en début de carrière comme Exxon Mobil au Sénégal et Shell en Guinée.

Vous êtes un élément d’une autre espèce, parce que tout le temps parti pour servir ailleurs dans d’autres domaines. Qu’est- ce qui explique la mobilité qui vous anime et qui colle à votre peau, lorsqu’on sait que vous avez servi dans plusieurs pays d’Afrique et curieusement depuis quelques temps vous êtes en service à Orange Cameroun?

La mobilité est une source de richesse. A chaque fois que l’on change d’entreprise ou de géographie, on fait de nouvelles rencontres, on se confronte à d’autres réalités, à d’autres défis qui nous enrichissent et nous font grandir. C’est cette recherche permanente de nouveaux défis et challenges qui pourrait justifier mes différents mouvements. C’est surtout aussi toutes les opportunités qui se sont offertes à moi  et que j’ai pu saisir au bon moment. En ce qui concerne mon arrivée au Cameroun par exemple, c’est grâce à mon passage au siège d’Orange en tant que Contrôleur de Gestion Expert Cash, Capex et IT & Réseaux sur la zone Afrique et Moyen Orient à Paris que j’ai pu me faire connaître. J’ai ainsi eu la belle opportunité de me voir proposer ce poste aussi intéressant que passionnant qu’est celui de PMO. Pour le moment, j’essaie de me rendre le plus utile possible à l’entreprise, en attendant que d’autres missions me soient confiées.

Et après Orange Cameroun, quelle est la prochaine destination ou alors le prochain atterrissage?

Je n’en ai pas la moindre idée pour le moment. Mon profil et mon parcours font sans doute de moi un bon candidat pour d’autres mobilités internationales, mais j’avoue que je n’ai aucune fixation sur le sujet. J’irai là où le vent me mènera, et cela en accord avec mon épouse en privilégiant ce qu’il y a de mieux pour ma famille. Cela pourrait bien être un retour aux sources en Guinée ou ailleurs dans le monde, selon les opportunités et en accord avec les critères familiaux.

Dites-nous, qu’est-ce que vous recherchez dans cette mobilité qui vous caractérise?

Un apprentissage perpétuel, une amélioration continue, un enrichissement culturel immense, enfin et surtout un partage d’expérience, de connaissance et de savoir …

Pensez-vous que votre parcours est-il convaincant pour les jeunes africains?

Je ne sais pas si je dois parler de convaincant, mais je pense que beaucoup de jeunes africains aimeraient pouvoir connaître des mobilités internationales ou se reconnaître dans un parcours comme le mien. Cela n’a cependant rien d’extraordinaire quand on sait que de plus en plus de jeunes africains brillent dans leurs domaines d’activités respectifs à la fois à l’international et sur le continent en particulier. Si avant les postes d’expatriés étaient réservés prioritairement aux occidentaux, aujourd’hui beaucoup d’entreprises marquent leur préférence pour les jeunes du continent qui sont très bien outillés et formés, ayant l’avantage de bien connaître l’environnement et de s’y adapter plus aisément.

 Qu’est-ce qui vous a plus marqué dans la  maison Orange?

C’est l’univers immense des opportunités. Non seulement le secteur est dynamique avec de nouveaux produits, des nouvelles technologiques, mais également cette forte résilience qui fait que l’innovation y est permanente, avec un fort potentiel de développement. Orange offre de nombreuses possibilités de mobilité, à travers des programmes comme le « Talent Sharing ». Encore appelé programme de mobilité internationale, le Talent Sharing est une initiative du Groupe Orange qui  consiste à donner l’opportunité aux collaborateurs d’Orange d’acquérir des compétences et/ou d’apporter leur expérience et leur expertise durant un séjour de courte ou de longue durée à une autre entité du Groupe.

Sur le plan professionnel avez-vous reçu un plus mieux qu’ailleurs? 

J’ai passé mes dix dernières années professionnelles chez Orange sur les 14 années que je cumule, alors que je suis à ma 4ème entreprise. J’y ai trouvé mon compte et je compte bien me développer davantage et partager mon expertise et mon savoir-faire (sourire).

Est-ce le fait d’être mobile pour un cadre,  la preuve d’une certaine compétence professionnelle?

La mobilité est souvent gage de compétence professionnelle, mais dans certains cas des mobilités successives, souvent de courte durée peuvent cacher une certaine instabilité ou des fois des phénomènes de “mercenaires professionnels”. Il est vrai qu’il y a beaucoup de candidats à la mobilité pour très peu de postes, ce qui conduit à des processus de sélection à l’issue desquels les meilleurs profils sont retenus.

Cette manière d’être mobile, aller d’entreprise en entreprise, est une motivation professionnelle conséquente?

Aller sur de nouveaux challenges à chaque fois que j’ai fait le tour d’une mission est quelque chose de très motivant pour moi. En revanche, aller d’entreprise en entreprise n’est absolument pas ce qui m’accroche, car je ne me retrouve pas du tout dans la peau d’un opportuniste compulsif. Pour moi, il faut pouvoir construire quelque chose de solide, contribuer à faire progresser durablement l’organisation dans son périmètre d’influence , et cela demande un minimum de temps.

Comment est-ce que les compétences de la diaspora peuvent contribuer au renforcement des capacités dans les pays africains?

L’Afrique a besoin de tous ses fils et filles pour se construire et se développer. Ceux et celles de la diaspora ont un rôle particulièrement important, dans le sens où ils ont généralement des compétences transverses, une visibilité internationale des façons de faire ainsi que des références dont ils peuvent se servir pour contribuer au développement de leurs pays. Beaucoup l’ont compris et font le mouvement vers la terre natale pour prendre activement part au développement en partageant les expériences et best practices.

Si nous parlons du domaine qui bat actuellement son plein, à savoir la transformation digitale. Quelle est la place, selon vous, qu’occupent les pays africains?

L’Afrique est une grande terre d’opportunité qui a enclenché sa transformation digitale. Elle a cependant de nombreux défis à relever, notamment ceux liés aux infrastructures et aux problématiques d’accès aux services digitaux. Mais les choses me paraissent avancer assez vite, grâce notamment à la forte pénétration du Mobile.

Voici que le Cameroun vient d’organiser à Yaoundé le premier forum international sur l’économie numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ou alors quel commentaire faites-vous d’une telle assise qui a regroupé un peu plus de 200 participants venus du monde des TIC,

Le Gouvernement a vu juste en mettant sur pied le plan Cameroun numérique 2020 qui est un programme bien conçu. On y voit une réelle volonté de mener cette transformation de l’écosystème digital au Cameroun avec l’organisation pour la 2eme année consécutive du forum sur l’économie numérique ayant regroupé différents acteurs du monde digital (opérateurs télécoms, start-up, banques, institutions internationales, législateur, etc.). Maintenant il faudrait que l’exécution suive, que les initiatives se mettent concrètement en place.

Y a t-il un programme d’accompagnement des porteurs de projets dans le secteur des TIC que la maison Orange Cameroun soutient?

Orange Cameroun a mis en place plusieurs programmes d’accompagnement sur les TIC dans le cadre sa Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), mais également à travers sa Fondation. Parmi ces initiatives, nous pouvons citer Orange Fab qui est un accélérateur d’entreprise. Cette initiative est à sa première saison pour laquelle trois start-up, toutes basées sur les nouvelles technologies, ont été sélectionnées à la suite d’un concours national. Orange Cameroun leur met en place un accompagnement comprenant des outils techniques tels que l’ouverture des APIs, l’aide à la construction d’une proposition de valeur marketing, un soutien pour la mise sur marché ou la communication, ainsi qu’une enveloppe financière. Nous avons également le Prix Orange de l’Entrepreneur Social qui récompense chaque année les jeunes entrepreneurs africains les plus innovants et qui ont un impact social important. Nous pouvons aussi citer le Challenge API qui est un concours organisé chaque année par Orange Cameroun pour les développeurs. La fondation Orange joue un rôle important dans le développement des TIC au Cameroun à travers les Maisons digitales offertes aux populations, l’initiative Ongola Fab Lab qui vise à mettre en place des centres de formation sur des métiers généralement manuels, mais cette fois en utilisant des outils numériques…

Les génies dans ce domaine bénéficient-ils d’un financement adéquat de la part de Orange?

A travers les différentes initiatives, vous voyez très clairement le rôle qu’Orange joue dans le développement du numérique qui va au-delà d’un accompagnement financier. C’est une politique du Groupe Orange de se positionner comme le partenaire de la transformation numérique en Afrique.

Le mobile banking est à la mode et Orange Cameroun à travers Orange Money occupe une place acceptable dans  cette opération. N’avez-vous pas peur des hackers qui investissent les comptes bancaires pour nuire ou perturber ceux qui utilisent orange money?

Orange Money n’occupe pas qu’une place acceptable au Cameroun, Orange Money est le leader incontestable du Mobile Banking au Cameroun. Le développement fulgurant et la place importante que ce service prend dans la vie des camerounais invitent en effet à beaucoup de vigilance. Les différentes mesures de sécurité et les surveillances mises en place sont totalement de nature à rassurer tous nos clients sur la fiabilité d’Orange Money. Nos services compétents veillent au grain afin d’éviter toutes formes de risques et de dissuader toute manœuvre frauduleuse au maximum.

Les réseaux sociaux perturbent la tranquillité des concitoyens et provoquent pas mal de troubles à l’ordre public. Nous en voulons pour preuve la dernière suspension, par le gouvernement camerounais des connexions dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Dites-nous cette suspension pendant de nombreux mois ne vous a pas causé des préjudices financiers à Orange?

Les réseaux sociaux font partie de notre vie et représentent l’un des premiers usages de l’Internet. Le gouvernement camerounais a ses raisons sur lesquelles je ne suis pas en mesure de porter une appréciation quelconque. Tout ce que je peux dire est que Orange a de nombreux abonnés dans cette partie du pays. La suspension d’internet  a effectivement occasionné des manques à gagner aussi bien pour Orange, que pour tous les opérateurs de télécommunications et fournisseurs d’accès internet.

Et quels messages à l’adresse de ceux qui utilisent ces réseaux sociaux?

Comme indiqué, les réseaux sociaux font partie de notre vie au nom de la liberté d’expression et des libertés individuelles qui ont cependant des limites. Se pose donc la problématique de la responsabilité ou de la responsabilisation de l’utilisateur. Car, l’utilisation des réseaux sociaux devrait nous conduire à nous poser un certain nombre de questions. Avant de faire une publication, il faut se demander : est-ce que les membres de ma famille peuvent la voir ? Est-ce que mon employeur peut la voir ?  Est-ce que ce que je publie est en phase avec le respect des lois et règlementations? Si la réponse à une seule de ces questions est non, alors il vaudrait mieux éviter de faire cette publication, parce que nous ne pouvons pas contrôler la diffusion qui peut en être faite.

Propos recueillis par

Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun

 

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