Elle a travaillé pendant une dizaine d’années dans le secteur privé, au sein de quatre pays répartis sur trois continents. Décidée à contribuer au développement de la Côte d’Ivoire, elle s’y installe en 2009, puis est recrutée par le Ministère de l’Economie Numérique et de la Poste, pour mettre son expérience au profit de la nouvelle génération numérique montante.
Par Anselme AKEKO
Formatrice et enseignante-chercheur au sein de l’Ecole Supérieure Africaine des Technologies de l’Information et de la Communication (ESATIC) et de l’Ecole Doctorale Polytechnique (EDP) de Yamoussoukro, Linda Nanan Vallée est la première femme à rejoindre l’équipe des conseillers techniques du Ministère de l’Economie Numérique et de la Poste. Il lui est confié en 2016 le portefeuille de l’innovation, de la promotion des nouveaux métiers du numérique et de l’encadrement des startups. Elle exerce cette fonction parallèlement à celle de Directrice exécutive de la Fondation Jeunesse Numérique dite Smart-Up Côte d’Ivoire.
50 startups accélérées
A la tête de la Fondation, Linda Nanan Vallée dirige une équipe créée dans un contexte où la volonté de lutter contre le chômage a conduit les pouvoirs publics à lui fixer des missions bien définies : sensibiliser la jeunesse à l’entrepreneuriat numérique, détecter les porteurs de projets innovants et accompagner les jeunes entrepreneurs. Pour relever ces défis, la Fondation fait montre d’une détermination qui porte des fruits. A ce jour, elle a incubé 260 projets et accéléré environ 50 startups technologiques.
Ingénieure en administration des systèmes et réseaux, avec une spécialisation en management des systèmes d’information, Linda Nanan Vallée a occupé des postes qui varient d’Ingénieure de Test Logiciel chez un équipementier aux Etats-Unis, à Responsable de Programme d’Evolution Télécoms, en passant par celui d’Architecte Télécoms et Sécurité au sein d’un grand groupe bancaire européen.
Au titre de la Fondation Smart-Up, elle participe à des conférences nationales et internationales de haut niveau pour expliquer l’importance des startups technologiques dans le développement économique et social d’une nation, et la nécessité d’appuyer ces Tech entrepreneurs à fort potentiel, dont la conséquence première est la création de valeur : richesse et emploi.
Difficile de lui donner tort, puisque le numérique a eu un impact extraordinairement positif sur l’économie de la Côte d’Ivoire en croissance, en apportant notamment aux citoyens une panoplie de services digitaux à une échelle sans précédent : environ 200 000 emplois directs et indirects créés en 2018.
Un environnement à améliorer
Malgré tout, de nombreuses possibilités restent encore inexploitées du fait que les startups, véritables accélérateurs de l’écosystème numérique, ont du mal à croître. En cause ? Le cadre réglementaire et la fiscalité. Deux fondamentaux sur lesquels travaille la Fondation, y compris des acteurs et groupes de l’industrie numérique ainsi que les pouvoirs publics. Objectif : définir une fiscalité et un régime douanier qui simplifient la vie aux entrepreneurs.
A travers des conférences sur l’écosystème et les nouveaux métiers du numérique, l’éducation financière et l’initiation à la programmation informatique & robotique, la Fondation Jeunesse Numérique vise surtout la formation de 10 000 jeunes à l’entrepreneuriat numérique, dans les 31 régions de la Côte d’Ivoire. Elle accompagne les porteurs de projets dans la recherche de financement. Tout en encourageant la formation, la recherche et l’innovation. Engagés dans une entreprise risquée, les start-uppeurs ivoiriens sont également accompagnés par la Fondation pour régler la problématique de la propriété intellectuelle. Résultats ? L’éclosion de startups telles que Lifi Led et Taxi Pro qui marquent l’avènement d’un nouvel ordre économique.
Par ailleurs, plusieurs marchés et partenariats ont été signés par les startups ivoiriennes sous la houlette de la Fondation. On peut citer, entre autres, le marché d’équipement en bornes LIFI de plusieurs villages en Côte d’Ivoire, de l’aéroport d’Antananarivo en Madagascar, du centre-ville de Bangui en République de Centrafrique ; la signature d’un contrat de fournisseur de services à valeur ajoutée avec Moov Niger ; ou encore les partenariats avec la Société Générale, Callivoire, Orange et la SIB pour la production de modules de formation interne.
Enfin, le projet Smart Grid porté par six étudiants de l’ESATIC, en collaboration avec la Fondation Jeunesse Numérique, a remporté le Prix d’excellence de la meilleure innovation numérique 2018. Un accomplissement gratifiant pour Mme Vallée et les enseignants de l’ESATIC qui ont encadré ces étudiants. Notamment, le professeur Asseu Olivier, directeur de la Recherche et de l’innovation technologique, et Dr Kouassi Franklin, coordonnateur de la Cellule Innovation et Développement.