Dans son rapport Africa’s pulse publié le mois dernier, la Banque mondiale inscrit le recours aux technologies numérique parmi les politiques nécessaires à la reprise après le ralentissement économique en Afrique subsaharienne fortement marqué par la pandémie du Coronavirus.
(CIO MG)– « Alors que la pression exercée par la pandémie sur les économies africaines continue de se faire sentir, il est important pour les décideurs politiques de créer l’infrastructure nécessaire à une reprise rapide de l’économie. », a déclaré Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.
Selon lui « des politiques solides créent les conditions nécessaires à un redressement durable et inclusif, ainsi qu’à une plus grande résilience aux chocs à venir».
C’est ainsi que le rapport intitulé « une analyse des questions qui façonnent l’avenir économique de l’Afrique/ tracer la voie de la reprise », dresse en 150 pages les voies de relance économique en Afrique subsaharienne.
Y sont inclues les remarques autour de la Covid-19 et ses divers impacts. Cette pandémie aurait mis en évidence l’importance cruciale des infrastructures, des technologies et ses services numériques pour permettre aux gouvernements, aux entreprises et à la société de continuer à fonctionner pendant les périodes où la distanciation physique est nécessaire à la création des économies plus productives, inclusives et résilientes.
Le rapport indique une réalité indéniable et plusieurs fois mise en avant par les experts de l’écosystème numérique. Il s’agit de la bouée de sauvetage que constitue l’infrastructure numérique dans la vague toujours actuelle du Coronavirus.
« Contrairement à d’autres crises de santé publique, la COVID-19 a exigé des méthodes de communication virtuelle de bonne qualité, une infrastructure à large bande résiliente et une plus grande utilisation des services et produits numériques en ligne. Les services et applications numériques sont utilisés conjointement avec des techniques d’analyse de données pour faciliter la prise de décision en matière de politique publique », indique le rapport.
« 25 % des compagnies africaines ont accéléré leur adoption des technologies numériques et accru leurs investissements dans les solutions numériques. À la mi-septembre, on ne dénombrait pas moins de 166 mesures de protection sociale déployées à travers 46 pays d’Afrique subsaharienne dont 84 % concernaient l’assistance sociale. Les programmes de protection sociale ont démontré leur rôle crucial dans l’atténuation de l’impact social de la pandémie », précise-t-il.
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Les paiements mobiles, les livraisons de nourriture, les achats en ligne, les médias sociaux, la messagerie instantanés, les outils numériques permettant de gérer les chaînes d’approvisionnement et de logistique se sont révélés importants face aux premières perturbations des chaînes de valeur mondiales ont aussi permis de faire face à la pandémie.
Défis majeurs
Bien que ces développements soient positivement observés, ils ont et continuent de faire face à un défi non négligeable. Celui de la pénétration internet qui selon la banque mondiale est « relativement faible ». Ce, en particulier dans les zones rurales et à faible revenu et parmi les petites entreprises. Des prix relativement élevés pour la connectivité et une qualité inférieure de service sont également à noter. Un défi auxquels sont de même confrontés les gouvernements.
« Ils ne disposent pas de systèmes et d’équipements permettant le travail à distance à grande échelle. L’accès à la large bande depuis le domicile des fonctionnaires est limité et la connectivité numérique des institutions publiques est presque inexistante, surtout dans les régions éloignées ».
Il est aussi question de 49% de la population qui « n’utilise pas les services internet même si une couverture est disponible ».
« L’Afrique subsaharienne est toujours à la traîne par rapport au reste du monde», remarque le livret.
Par ailleurs le pouvoir d’achat, l’accessibilité financière liée aux prix élevés des services et de biens de l’internet, l’inadéquation des produits de l’internet, la pertinence du contenu , le manque de sensibilisation et de compétences pour l’usage des technologies numériques et la réticence à l’usage des services en ligne par manque de confiance sont notés comme obstacles à l’accélération de l’adoption du numérique pour les ménages et les PME.
Comment profiter au mieux du digital?
Pour tirer parti des avantages des solutions numériques pour une économie dynamique, inclusive et sûre il est recommandé aux Etats de se reposer sur cinq piliers, à savoir l’infrastructure numérique, les compétences numériques, les plateformes numériques, les services financiers numériques et l’entrepreneuriat numérique.
Techniquement, il faut une connectivité fiable sinon l’Afrique subsaharienne risque d’aggraver sa fracture numérique.
Il faut aussi miser sur l’adoption et l’utilisation de solutions commerciales numériques pour augmenter les revenus et la productivité des entreprises ; un cadre règlementaire flexible, des pratiques favorisant la concurrence et l’innovation entre les différents acteurs de marché, la transparence des informations dans le but d’accéder à l’internet haut débit et aborder les questions liées à la protection des consommateurs, à la gouvernance des données et à la cyber sécurité.
Il est également nécessaire de réduire les coûts de recherche et de transaction pour avantager la rentabilité de l’entreprise en améliorant l’accès à de nouveaux clients (marge extensive) ou en augmentant le nombre de transactions en ligne des clients existants (marge intensive).
Avec des bénéfices plus importants, ces entreprises pourraient investir dans l’innovation, la mise à niveau de la gestion ou l’adoption de technologies.
L’usage d’un courrier électronique pour se connecter aux fournisseurs permet aussi d’augmenter le groupe potentiel de fournisseur d’intrants et stimuler l’efficacité de la production.
L’Afrique subsaharienne devra aussi investir dans les câbles Internet sous-marins, l’augmentation des emplois des jeunes par exemple car « les micro entreprises dirigées par des jeunes sont deux fois plus susceptibles d’utiliser un smartphone que les entreprises plus anciennes (27 % contre 14 %), tandis que les entreprises dirigées par des femmes sont légèrement moins susceptibles d’utiliser un smartphone que les entreprises dirigées par des hommes », précise le rapport.
Ce type d’entreprise afficherait également une productivité du travail et des ventes plus élevées.
Entre autres multiples mesures détaillées dans ce livret, il en ressort que les technologies numériques offrent des possibilités de débloquer le potentiel de l’Afrique subsaharienne en matière de croissance économique rapide, d’innovation, de création d’emplois et de fourniture régulière de services.
Aurore Bonny