Quelle formation pour relever les défis actuels du monde agricole ? Le sujet était au cœur du webinaire ‘’Trait d’Union’’ de ce 27 septembre. Initiées par le Groupe OCP, ces rencontres d’échange et de partage visent à fédérer les énergies autour des initiatives de développement d’une agriculture durable.
(Cio mag) – Le rendez-vous de ce mardi portait sur le thème : « La formation agricole : quel modèle face aux enjeux climatiques et alimentaires ?». Le but de l’exercice consistait, pour les panélistes, à réfléchir sur des mécanismes permettant d’adapter les formations agricoles aux besoins actuels, que ce soit en Afrique ou en Europe.
Si le continent manque de cadres pour relever les défis de son système alimentaire, il a besoin de les former. Le challenge est d’arriver à « produire plus et mieux, tout en polluant moins », a rappelé Bruno Gerard, Professor and Agrobiosciences lead à l’Université Mohammed VI Polytechnique. Selon lui, « l’Université est un lieu où on apprend à apprendre ; à travailler avec les autres ». Le chercheur devenu récemment universitaire a insisté sur la nécessité pour les formations de « refléter les besoins actuels ». Le but de la formation agricole ne doit donc pas forcément être de former des agriculteurs mais des spécialistes dans des métiers autour de l’agriculture, des techniciens capables de mettre en place des initiatives pour relever le challenge de « produire plus, mieux et en polluant moins ».
Les défis de l’agriculture de nos jours nécessitent des formations diverses, soutient lui aussi Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste, membre de l’Académie d’Agriculture de France depuis 2017. « Des compétences plus larges, des compétences commerciales, agronomiques, techniques, avec un savoir-être un peu différent » d’il y a quelques années, fait-il observer.
Devant la réalité d’un départ massif des populations rurales vers les villes, comment encadrer ceux qui restent ? C’est la préoccupation évoquée par Pierre Blaise Ango, Président du réseau FAR au Cameroun. Ce qu’il propose, ce sont « des formations qui préparent à changer de paradigme au lieu des formations universitaires longues et interminables ». « On a besoin de créer de nouveaux emplois, de répondre aux nouveaux besoins pour proposer une alimentation plus saine, plus durable et accessible à tous », a expliqué pour sa part Anastasia Boucheron, Directrice des Affaires sociales de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) en France. Elle estime que dans le secteur, autant les anciens métiers ont besoin d’évoluer, autant faut-il en créer de nouveaux pour rester dans l’ère du temps ; et surtout sortir de la généralisation des formations.
Outiller pour l’adaptation
Le changement de paradigme souhaité par les acteurs concerne aussi le changement de mentalité. Si les jeunes diplômés dans le secteur agricole désertent le secteur, c’est à cause des discours alarmistes, fait comprendre Jean-Marie Seronie. Il a invité les agriculteurs à changer de discours. « L’agriculture ce n’est pas la misère. Mais on n’est pas aussi forcément millionnaire », soutient l’agroéconomiste. Dans son intervention, il a insisté sur tous les atouts qu’on a à être agriculteur. Etre son propre patron, avoir la maitrise de son emploi du temps…Au fond, souligne-t-il, « il y a des gens qui s’en sortent mieux en s’adaptant et d’autres qui n’arrivent pas à s’adapter ; d’où l’enjeu des formations pour accompagner les paysans », propose Jean-Marie Seronie.
Quelle que soit la formation, il faut apporter de la valeur à l’agriculture, rappelle Bruno Gerard. « Les nouvelles technologies sont d’application dans les agricultures dans les pays du nord mais pas encore vraiment en Afrique. Mais il y a des raccourcis, des innovations technologies à utiliser à mettre en contexte avec des innovations financières et sociales, c’est le grand enjeu pour l’Afrique », insiste l’universitaire. L’agriculture n’est plus une discipline à aborder de manière isolée. Les réalités environnementaux, climatiques, la croissance démographie, le choc des marchés…autant d’enjeux auxquels les formations sont appelées à préparer des réponses. De quoi faire dire à Pierre Blaise Ango qu’il faut penser à des formations pluridisciplinaires. « Permettre aux jeunes de raisonner leurs projets de vie, de construire leurs métiers pour répondre aux enjeux socio-économique », préconise M. Ango ! Un Etat d’esprit à transmettre aux jeunes diplômés.
L’Afrique et l’Europe partagent quelque peu les mêmes enjeux climatiques et technologiques. Ce qui fait de la question de la formation agricole adaptée une préoccupation commune. Raison pour laquelle ce panel a permis d’analyser les modèles actuels et ceux de demain. Pour l’heure, l’industrie agricole évolue avec l’IA, la robotisation etc. « Il est évident que ces évolutions impliquent des connaissances qui doivent être inculquées aux étudiants », avertit Anastasia Boucheron, Directrice des Affaires sociales de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA).