Agritech : un levier de taille dans la stratégie africaine du Maroc

A l’heure où la transformation numérique prend un élan sans précédent touchant tous les secteurs économiques, l’activité agricole n’échappe pas à la tendance. Drones, imageries satellitaires, stations météo connectées ou systèmes embarqués, l’Agri-tech, qui réunit le digital et l’agriculture, propose des solutions en perpétuelle évolution couvrant tous les maillons de la chaîne de valeur. Pour un pays agricole comme le Maroc, ces technologies constituent un pilier essentiel pour le développement socio-économique du royaume. L’agriculture étant un parti pris important dans ses relations avec les autres pays du monde.

Le Maroc : Une agriculture au centre de la vie économique et sociale

Pilier indéniable de la vie économique et sociale dans le royaume,  la production agricole conditionne fortement le taux de croissance. Qui demeure corrélé aux niveaux des précipitations. Le secteur est le premier pourvoyeur d’emplois dans le pays, avec près de 40% de parts en termes d’emplois au niveau national et environ 74% en milieu rural. Le secteur fait alors l’objet d’un chantier national, dont le développement s’entame dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), mis en place en 2008. Une stratégie gouvernementale, visant à augmenter la part du secteur dans le PIB national et en faire un levier de rayonnement continental et mondial. Dix ans après le lancement de ce plan, le Roi Mohamed 6 a fixé dans son discours de septembre 2018 trois grandes priorités pour les années qui suivent – la jeunesse, l’emploi et l’émergence d’une classe moyenne rurale – dans le souci de répondre à un développement social et territorial plus inclusif dans le pays.

Ainsi, la vision royale ambitionne de créer plus de richesses en zones rurales, susciter la culture entrepreneuriale des agriculteurs et des artisans, et attirer des investissements dans ces territoires en sous-développement. Des enjeux de taille, qui mettent l’innovation au centre de la stratégie de développement de ce secteur vital : Combiner l’agriculture et la technologie pour développer des solutions durables, couvrant tous les maillons de la chaîne de valeur agricole. Drones, imageries satellitaires, stations météo connectées ou systèmes embarqués… Le Plan Maroc Vert a ainsi consacré une bonne part de ses mesures d’accompagnement à l’équipement des exploitations, pour permettre aux services digitaux de tirer le meilleur de ces technologies, dans le sens d’une intensification durable de la productivité. Ce qui représente pour le Maroc un levier important pour consolider sa position dans la carte agricole africaine et mondiale. A travers des procédés agricoles plus efficaces, plus performants et plus durables.

OCP : Champion national ! Et vecteur de l’ancrage africain

Dans le cadre de cette vision stratégique, le Maroc repose en véritable champion national sur son Office Chérifien des Phosphates (OCP), acteur mondial historique dans les solutions de fertilisation des sols. Avec un accès exclusif à plus de 70% des réserves mondiales de phosphate, le groupe constitue pour le Maroc un agent stratégique au service de la vision agricole du royaume. Au Maroc, le groupe a mis en place des programmes d’accompagnement adressant les agriculteurs locaux, à l’instar du programme Al Moutmir, qui a pour objectif de digitaliser les opérations d’accompagnement des agriculteurs dans l’amélioration de leurs pratiques, l’adaptation des produits de fertilisation à leurs besoins spécifiques et l’accès au conseil agronomique. Un programme qui permet aussi à l’équipe du projet d’obtenir une plus claire visibilité sur les offres des agriculteurs, et simplifier par conséquent, l’accès aux différents marchés.

En Afrique, la filiale OCP Africa développe un réseau diversifié de partenaires – gouvernements, ONGs et entreprises – dans 18 pays à travers 12 filiales comptant 17 nationalités différentes. Une structure multiculturelle, travaillant sur des solutions adaptées aux conditions locales et aux besoins des différentes cultures dans le continent. A travers l’expérimentation d’approches intégrées, consistant à développer des synergies entre différents intervenants. A l’instar de la plateforme Udongo, expérimentée au Nigeria, consistant en une approche ‘Plateforme’ mettant en commun plusieurs parties prenantes au service des fermiers en améliorant la transparence et l’accès aux produits. Cette plateforme permet également de structurer l’activité des ‘Agro Dealers’ et des agents d’extension qui sont en contact direct avec les agriculteurs.

Par ailleurs, le groupe a mis en place AgriEdge, une Business Unit dédiée à l’agriculture de précision. L’objectif étant de mettre les Data Sciences au service d’une meilleure utilisation des ressources agricoles, ainsi que l’amélioration des rendements tout en répondant aux challenges de production durable. “L’expertise d’AgriEdge consiste en  l’exploitation des données, qui se décline en des propositions décisionnelles destinées à l’agriculteur afin de lui permettre de maximiser durablement son rendement et sa rentabilité.” a indiqué Faissal Sehbaoui Directeur Général d’AgriEdge, dans un échange avec CIO mag. Et d’ajouter, “Nous utilisons plusieurs sources de données pour développer nos modèles analytics et nos services. Ces modèles améliorent la gestion des opérations quotidiennes de l’agriculteur et l’aident à réduire ses coûts opérationnels, augmenter durablement sa productivité et limiter l’impact du changement climatique.” Pour ce faire, AgriEdge s’appuie sur un écosystème de partenaires technologiques et scientifiques, dont l’Université Mohamed VI Polytechnique, abritant l’African Supercomputing Center -plus grand supercalculateur en Afrique et 26ème dans le monde- contribuant fortement au développement de services à forte valeur ajoutée pour l’écosystème agricole, à travers les avancées notables en termes des R&D, réalisées par les équipes académiques et scientifiques de l’UM6P.

Zakaria Gallouch

 

 

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

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