L’apport du digital a été déterminant pour la croissance du tourisme en Afrique et dans le monde. Dans cet entretien, Mouhamed Faouzou DEME, ancien conseiller spécial du ministre du Tourisme du Sénégal, VIP Speaker HighChloeCloud Consultant senior, fait observer que l’enjeu du digital, en plus d’être primordial, appelle à un engagement collectif pour relever les défis.
Propos recueillis par Youcef MAALEMI
CIO Mag : Présentez-vous à nos lecteurs ?
Mouhamed Faouzou DEME : 25 ans d’activités plurielles dans le secteur du tourisme, une expertise, un apprentissage approfondi, un métier et une maitrise des solutions d’affaires. Cela fait de moi, un sénior qui n’exécute pas que des tâches répétitives, mais plutôt une compétence, un expérimenté, qui a du talent, un créateur d’opportunités, qui apporte des solutions et des innovations. Je suis un chasseur de résultats, d’idées nouvelles, de challenges pour hisser encore plus haut mes objectifs. Mon dernier challenge « le poste de Secrétaire Général de l’Organisation Mondiale du Tourisme » – (OMT) – a avorté, faute de lettre d’accréditation du gouvernement du Sénégal pour des raisons politiques. Et récemment j’ai été coopté comme VIP Speaker HighChloeCloud – GLASS- (Global Linkedin Ambassodors Social Selling) Dakar, Sénégal.
Selon une source de l’OMT, les destinations mondiales ont accueilli 369 millions de touristes internationaux (exprimé en nuitées) sur la période allant de janvier à avril 2017, soit 21 millions de plus qu’en 2016 sur la même période (soit +6 %). Quel est votre commentaire ?
Ces données statistiques appellent en nous Africains et Sénégalais en particulier, la nécessité d’une meilleure appréciation de l’importance économique du tourisme dans nos régions. L’activité touristique étant liée à de nombreuses contraintes juridiques, aux enjeux économiques complexes, elle met en relation nombre d’acteurs aux compétences diverses et variées, qui sont appelés à une synergie en observant des règles et en utilisant des outils de gestions appropriés. Forte croissance dans le monde, l’apport du digital a été déterminant.
Les très bons chiffres de 2016 se maintiennent et les destinations qui connaissaient des difficultés, les années passées continuent de se redresser en ce début d’année. Moyen-Orient (+10 %), Afrique (+8 %) et l’Europe (+6 %). La zone Asie-Pacifique (+6 %) et le continent américain (+4 %). Mais quelle partie de l’Afrique bénéficie de ce bond ?
Ce n’est certainement la partie occidentale de l’Afrique de l’ouest qui est plus sinistrée que d’autres, et il existe une vraie difficulté et un réel besoin d’un cadre institutionnel harmonisé, d’une révision de l’ensemble des textes et l’essentiel de la législation en matière de tourisme actualisé. Ces textes ont vocation d’aide à la décision, à accompagner les acteurs dans leurs différents domaines d’activités. Ces textes et règlements aident à la définition et à la construction de projets touristiques, en mettant en avant l’exercice et le plein emploi de la chaine de valeur des activités et des infrastructures. Mais également, à comprendre le rôle de l’état et des collectivités locales dans l’encadrement des activités touristiques, de la politique de promotion de la destination, de la valorisation du patrimoine et de la protection des ressources touristiques par l’aménagement du territoire.
« La transformation digitale est de taille, et détermine l’avenir de l’activité du tourisme »
Quel est l’enjeu de la transformation digitale ? Est-il de taille pour le secteur du tourisme en Afrique ?
Affirmatif, l’enjeu est de taille en plus d’être primordial, il appelle à un engagement collectif pour relever le défi. Cette compréhension de la transversalité du tourisme, est un système impliquant dans un partenariat harmonieux, secteur privé et public, institutions internationales du tourisme, (OMT, CNUCED, ONU, OIT, OCDE, UEMOA, UA, CEDEAO), les organisations patronales et les syndicats professionnels, ce qui m’a souvent poussé à écrire des articles pour une contribution publique, et de soumettre aux autorités des réflexions portant sur une maitrise indispensable d’outils, de concepts basées sur une vision et portées par une volonté politique de développer le tourisme. Ainsi il serait nécessaire de créer la haute autorité du tourisme, ou le conseil national du tourisme, organisme qui devra veiller aux dysfonctionnements, à la planification des tâches et à la production de données fiables pour établir le baromètre de notre tourisme à travers l’observatoire du tourisme. Je reprends ma plume sur interpellation de plusieurs de mes collègues inquiets de la situation, pour informer et alerter nos autorités, car l’enjeu de la transformation digitale est de taille, et il détermine l’avenir de l’activité du tourisme en Afrique et dans le monde.
« Être un acteur du secteur du tourisme sénégalais, c’est subir la transformation digitale »
L’analyse de données est incontournable, on se situe dans le Big Data et dans une certaine mesure la redéfinition de la relation client et du produit. Mais aussi des outils marketing et de promotion… Que répondez-vous ?
C’est parce que nous sommes dans le secteur des services, que nous devons adapter notre évolution au concept de la mondialisation, et à la compréhension de la transformation digitale du secteur des services, comme ceux du tourisme. Être un acteur du secteur du tourisme sénégalais, c’est subir la transformation digitale puisque bon nombre de prestations sont étroitement liées aux traitements des données et particulièrement aux informations clients, qui sont devenues une source variée d’appréciation, de planification, de gestion et de stratégies commerciales pour bien vendre et créer de nouvelles offres afin d’exister plus longtemps. Au Sénégal nous avons besoin de concevoir un business model tourisme, pensé selon nos réalités économiques, en prenant en compte dans les schémas, les profils et les attentes des consom’acteurs, une réalité incontournable de la satisfaction client, qui aujourd’hui est au cœur de nos préoccupations. La relation client à évolué au point de transformer la vision et la politique de l’entreprise touristique. C’est un concept novateur dans son approche social et qui engage la responsabilité des Directeurs de Ressources Humaines et des Digital Marketing Manager. Le gouvernement du Sénégal doit clairement afficher son ambition et son projet de transformation digitale, afin de guider et d’orienter les entreprises touristiques à s’adapter à l’environnement digital des affaires. Voilà une des préoccupations majeures du secteur du tourisme sénégalais et africain, qu’il faut gérer avec des outils pédagogiques, des séminaires et des conférences, à l’endroit des pouvoirs publics et du secteur privé, afin qu’ils soient tous sensibilisés sur le bien-fondé d’un changement de paradigme, pour avoir une meilleure visibilité des enjeux du développent de nos territoires et des offres touristiques à concevoir et à proposer en ligne.
Est-ce que selon vous, Il est temps de reconnaître au secteur du tourisme son rôle pionnier dans la transformation digitale, dans le webmarketing et le web design, à travers l’e-tourisme qui est le tronc de la transformation digitale du secteur ?
Effectivement ! L’Afrique est encore en retard dans ce domaine. Et cela nécessite une alliance, un partenariat avec les spécialistes et teams manager des professionnels du digital, pour mettre sur le marché une plateforme bien réfléchie conçue et fabriquer par nous mêmes, pour les besoins de nos marchés intérieurs et puis extérieurs. La plateforme va remorquer tous les acteurs et fera la promotion de nos produits touristiques dans toute sa dimension sociale avec les réalités culturelles de notre civilisation, à travers nos valeurs. A chaque acteur connecté de produire ses propres services qui transformeront son environnement de travail et la manière de production de l’entreprise, qui conduiront incontestablement à la transformation digitale, à même d’offrir des services de qualité, à prix compétitifs, avec des compétences locales, supérieures ou égales à celle de l’Europe.
En prenant l’exemple des services de nos experts locaux, à l’image de Wari, Tigo et Sonatel, où les prestations de services seront totalement maîtrisées et sécurisées pour l’hôtellerie, la restauration, le transfert, le transport aérien, les excursions, l’événementiel, les réservations, les paiements électroniques, etc… C’est bien clair qu’en ce moment là, nos entreprises seront plus compétitives, plus performantes, plus visibles et plus riches, puisqu’elles seront au rendez-vous du donner et du recevoir, de l’apprentissage et du partage. Il faut certes reconnaître au secteur du tourisme son rôle pionnier dans la transformation digitale, dans le webmarketing et le web design, à travers l’e-tourisme qui est le tronc de la transformation digitale du secteur. Cette appellation e-tourisme ouvre toutes les thématiques de l’économie numérique liées au tourisme. Mais enfin nous sommes toujours le dernier de la classe au Sénégal. Car pour moi, le tourisme est d’abord national puis mondial. Et je pense que l’on choisit le tourisme par vocation et par amour, si on veut faire de bons résultats, y réussir et perdurer. Pour y arriver, il faut y croire, faire du développement du tourisme une passion, un challenge, un grand défi, où on réfléchit, on analyse, on crée, on partage, on s’interroge en même temps, que l’on s’intéresse aux nouvelles méthodes du digital qui sont en train de redéfinir et de redistribuer les rôles et les fonctions pour chacun d’entre nous.