Plus de 24h après la panne géante survenue sur les réseaux de Facebook, le fondateur de la plateforme aux 3 milliards d’utilisateurs, Mark Zuckerberg, a publié ce qui peut s’apparenter à un droit de réponse.
(CIO Mag) – Les internautes en parlent encore. La panne mondiale intervenue sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger ce lundi 04 octobre de 16h à 23h (temps universel), remettait en cause la théorie du « monde est un village planétaire. » Entre la ruée vers d’autres réseaux tels que Twitter, Signal, Télégram, etc., ou des appels à des proches pour prendre des nouvelles, les inquiétudes étaient grandissantes dans le rang des internautes.
Mais pas que. Les réseaux sociaux ont fait développer de nouvelles compétences à savoir : community manager, social media manager, content curator, data scientist dont l’avenir était mis en péril. Au même moment que les internautes se plaignaient de n’avoir plus de « vie », le troisième site web le plus visité au monde après Google et YouTube, connaissait aussi ses déboires. 7 milliards de dollars perdus en bourse pour le géant des réseaux sociaux.
« Pire panne »
Si la panique n’a pas pris le dessus, les équipes de Facebook ont joué à l’apaisement pour régler la situation. Andy Stone, un porte-parole du groupe avait tweeté : « Nous sommes au courant que certaines personnes ont du mal à accéder à nos applications et produits. Nous travaillons à un retour à la normale le plus rapidement possible et nous présentons nos excuses pour ce désagrément. »
Quant aux causes de ce shut down, les analystes y allaient selon leurs compréhensions du sujet. Mais deux raisons se dégageaient clairement. La première est relative à un problème lié au nom de domaine. « Le SEV qui a interrompu tous nos services hier a été la pire panne que nous ayons connu depuis des années. Nous avons passé les dernières 24h à débriefer sur la façon dont nous pouvons renforcer nos systèmes contre ce genre de défaillance », s’est justifié l’ancien étudiant d’Harvard.
L’autre raison plus probante, ce sont les implications des révélations de Frances Haugen, ancienne ingénieure chef de produit chez Facebook. Au Wall Street Journal, la lanceuse d’alerte a dévoilé des dysfonctionnements au sein de Facebook, accusant notamment le réseau social de privilégier le profit à la sûreté de ses utilisateurs. « Au niveau le plus élémentaire, je pense que la plupart d’entre nous ne reconnaissent tout simplement pas la fausse image de l’entreprise qui est peinte. La plupart des affirmations n’ont aucun sens », rejette le CEO de Facebook.
Les explications de Mark Zuckerberg
Dans un long argumentaire publié sur sa page Facebook, Mark Zuckerberg a tenté de démonter un à un les accusations portées contre son entreprise. « Si nous voulions ignorer la recherche, pourquoi créerions-nous un programme de recherche de pointe pour comprendre ces questions importantes en premier lieu ? Si nous ne nous soucions pas de lutter contre le contenu préjudiciable, alors pourquoi embaucherions-nous autant de personnes dédiées à cela que toute autre entreprise de notre espace, même les plus grandes que nous ? » se demande-t-il.
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Et de poursuivre : « Si nous voulions cacher nos résultats, pourquoi aurions-nous établi une norme de pointe en matière de transparence et de rapport sur ce que nous faisons ? Et si les médias sociaux étaient aussi responsables de la polarisation de la société que certains le prétendent, alors pourquoi voyons-nous la polarisation augmenter aux États-Unis alors qu’elle reste stable ou diminue dans de nombreux pays avec une utilisation tout aussi intensive des médias sociaux dans le monde ? »
Mark Zuckerberg réfute totalement les accusations selon lesquelles son entreprise privilégie « le profit à la sécurité et au bien-être. » « Par exemple, note-il, un mouvement qui a été remis en question est l’introduction du changement Interactions sociales significatives dans le fil d’actualité. Ce changement a montré moins de vidéos virales et plus de contenu d’amis et de famille – ce que nous avons fait en sachant que cela signifierait que les gens passeraient moins de temps sur Facebook, mais cette recherche a suggéré que c’était la bonne chose pour le bien-être des gens. Est-ce quelque chose qu’une entreprise axée sur les profits ferait plutôt que sur les gens ? »
L’influence de Facebook sur le monde
Le fondateur de Facebook a jugé « profondément illogique » l’argument selon lequel sa plateforme propose des contenus qui mettent les internautes en colère. « Nous gagnons de l’argent grâce aux publicités, et les annonceurs nous disent constamment qu’ils ne veulent pas que leurs publicités soient à côté de contenu nuisible ou colérique. Et je ne connais aucune entreprise technologique qui se propose de créer des produits qui rendent les gens en colère ou déprimés. Les incitations morales, commerciales et de produit pointent toutes dans la direction opposée », s’est-il justifié.
Il a surtout évoqué le travail que fait sa boîte pour permettre aux plus jeunes d’accéder à des contenus de qualité. D’après ses explications, Facebook travaille à créer des expériences qui répondent aux besoins de cette cible, tout en assurant leur sécurité. Il a donné pour exemple Messenger Kids et les contrôles parentaux possibles sur Instagram.
« Lorsqu’il s’agit de la santé ou du bien-être des jeunes, chaque expérience négative compte. Il est incroyablement triste de penser à un jeune dans un moment de détresse qui, au lieu d’être réconforté, voit son expérience empirer. Nous avons travaillé pendant des années sur des efforts de pointe pour aider les gens dans ces moments et je suis fier du travail que nous avons accompli. Nous utilisons constamment nos recherches pour améliorer encore ce travail », renchérit-il.
Depuis mardi, les internautes peuvent reprendre à publier des images, vidéos, fichiers et documents, échanger des messages, joindre et créer des groupes. En cela, Mark Zuckerberg dit mesurer l’impact qu’a Facebook sur le monde. Positif ou négatif ? Beaucoup d’internautes redoutent le vol de données à caractère personnel. Pourtant, tous sont déjà retournés sur les réseaux du groupe Facebook.
Michaël Tchokpodo