Des acteurs œuvrant dans le secteur numérique en Afrique ont discuté autour des questions relatives à l’éducation et aux nouvelles technologies lors de la 10e conférence annuelle de l’African Business Lawyer’s Club (ABLC). Une rencontre organisée en collaboration avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), le 29 septembre. Au cours de cette assise, les intervenants ont orienté leurs réflexions sur la manière dont « l’intégration pédagogique du numérique peut permettre une amélioration du système éducatif africain et comment les Edtech peuvent être des vecteurs de croissance et de développement ».
(Cio Mag) – « New Tech : shaping the future of Education in Africa », c’était le thème de la 10e conférence annuelle de l’African Business Lawyer’s Club (ABLC) en collaboration avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF). La première partie de cette rencontre en ligne a donné l’occasion d’écouter un panel de haut niveau autour du sujet : « Dans quelle mesure l’intégration pédagogique du numérique peut-elle permettre une amélioration du système africain?». Il était notamment constitué de Laura Kakom, chief Growth & stratégie officer à Honoris United Universities, Paul Ginies, directeur général de Takafa Education, Alexis John Ayee, directeur du bureau HEC Paris en Afrique de l’ouest & centrale, Bertrand Momo, learning Innovation officer au United Nations International Training Center et modéré par Rose-Marie Bouboutou, journaliste à BBC Afrique.
« L’utilisation du numérique dans le système éducatif est une action qui se base sur l’échange entre les deux parties, enseignant et apprenant, a d’emblée rappelé Laura Kakom. Elle maximise les potentiels de l’apprenant, en l’amenant à être compétitif sur le marché de l’emploi ». Mais pour ce faire, selon l’experte, il est essentiel de « former les enseignants aux nouvelles technologies du numérique ».
« Repenser le système éducatif »
Pour sa part, Alexis John Ayee a affirmé que l’intégration pédagogique du numérique est une solution, notamment face aux restrictions dues au Covid-19 qui ont perturbé le système éducatif sur le continent. « L’utilisation des systèmes numériques vise à maintenir les liens entre les enseignants et les élèves, malgré les perturbations causées par la pandémie. Le recours au numérique est une opportunité d’inclusion et de continuité des activités scolaires et académiques en Afrique ». Son point de vue est relayé par Bertrand Momo, qui ajoute que le numérique « offre les possibilités de réinvention du système éducatif ». De son côté Paul Ginies note que le recours au numérique est une occasion « de repenser l’éducation », en quittant « le système traditionnel vers le système innovant, qui incite beaucoup d’engagements dans le fief des apprenants à travers les séances pratiques et le gout de l’auto-formation », indique-t-il.
L’Edtech, vecteur de croissance et de développement ?
La deuxième partie de cette 10e conférence annuelle a réuni d’autres acteurs œuvrant dans le secteur du numérique en Afrique. Il s’ agit notamment de Papa Amadou Sarr, ministre délègué à l’Entrepreneuriat rapide des jeunes et des femmes au Sénégal, Kamissa Camara, directrice des affaires extérieures et de la politique africaine à l’institut Tony Blair for Global Change et ancienne ministre de l’Economie numérique et de la prospective du Mali, Marine Houmeau, Senior education program manager à Amazon Web Services et Adnane Ben Halima, vice-président en charge des relations publiques pour la région Méditerranée à Huawei Northern Africa. Mohamadou Diallo, directeur général de Cio Mag, modérait ce panel.
Papa Amadou Sarr est revenu sur l’exemple du Sénégal dans le renforcement des EdTech et l’accompagnement des startups, à travers le programme de la DER. Il a noté que ce programme a déjà impacté plus de 100 000 bénéficiaires. « Une centaine de startups numériques ont bénéficié des ressources financements » pour mener à bien leurs activités, a-t-il précisé. Parmi les projets évoqués dans le secteur, la construction d’un Fablab « pour mieux assurer l’accompagnement des startups. Il s’étendra sur un espace de 30 000 m2 », a expliqué le ministre. De son côté Kamissa Camara a fait remarquer que l’institut Tony Blair for Global Change accompagne les gouvernements dans le renforcement de leurs capacités. Par ailleurs, elle note que les EdTeh sont des vecteurs de croissance et de développement. Elle illustre son point de vue par l’exemple le gouvernement du Mali qui a « assisté les startups pendant la période marquée par la pandémie ». Elle précise que le gouvernement a « crée un environnement créatif pour aider les entrepreneurs à développer des solutions pour lutter contre la pandémie ».
Les actions de Huawei et Amazon web services
Pour sa part, Adnane Ben Halima est revenu sur l’implication de Huawei dans l’encadrement des EdTech. Les actions du géant chinois sont axées, entre autres sur la connectivité, la qualité des infrastructures et le partage des connaissances.
« Nous avons déployé deux centres d’innovation en Egypte et en Afrique du Sud en vue d’accompagner les écosystèmes des startups en Afrique. Nous comptons en ouvrir dans d’autres pays sur le continent. Nous proposons également des programmes de formation comme ICT Academy et Tech4All », a-t-il précisé. Le programme ICT a « formé 80 000 ingénieurs africains et 20 000 personnes ont reçu des certifications techniques », a ajouté M. Ben Halima.
Pour Marine Houmeau, la société Amazon est engagée dans l’accompagnent des startups en Afrique. Cet engagement passe par la formation « d’un plus grand nombre de personnes sur les métiers d’avenir ». Présente dans plusieurs pays africains, le géant américain investit dans la formation et la création d’emplois pour le développement du continent. A tire d’exemple, Marine Houmeau a cité le programme AWS Re/Start qui forme et réinsère des personnes éloignées de l’emploi vers une carrière dans le Cloud. Ce programme a pour objectif de fournir des opportunités professionnelles aux personnes sans emploi ou sous représentées dans le milieu de la technologie, tout en répondant aux besoins de recrutement des employeurs.
Enock BULONZA