Le Togo a inauguré, vendredi 4 juin, son premier centre de données de niveau Tier III. Lomé Data Centre, infrastructure stratégique, va accélérer le positionnement du pays comme un hub digital attractif pour les investisseurs. Erigé sur plus d’un hectare, ce centre d’hébergement de données critiques abrite des serveurs informatiques sur 400m2 pour le privé et 100m2 pour le gouvernement. L’infrastructure a été officiellement ouverte par le Président de la République Togolaise, Faure Gnassingbé.
(Cio mag) – Avec cette infrastructure hautement sécurisée, le Togo franchit une nouvelle étape importante dans la réalisation de son ambitieux programme de croissance 2020-2025 ; avec comme socle, la transformation digitale du pays dans un environnement sécurisé. C’est pourquoi, sur « les 42 projets prioritaires de développement, 2/3 ont une composante digitale », a rappelé Cina Lawson, Ministre de l’Economie Numérique et de la Transformation Digitale.
Lomé Data Centre est donc une infrastructure à la taille des ambitions du pays. Son inauguration intervient au moment où se prépare le déploiement de projets structurants dont les enjeux relèvent de la sécurité et de la souveraineté numérique du Togo. Cina Lawson en a rappelé trois des plus imminents ou en voie de consolidation. Il s’agit de l’identification biométrique pour doter chaque personne vivant au Togo d’un identifiant numérique unique ; de l’accélération de la digitalisation des principaux services publics (comme la numérisation du casier judiciaire) afin d’améliorer l’expérience utilisateurs des services de l’Etat ; la digitalisation des paiements et la création d’une banque digitale dont le but est d’accélérer l’inclusion financière.
Ce qui change avec Lomé Data Centre
« Au fur et à mesure que le Togo se modernise et se digitalise, des plateformes sont créées. Celles-ci doivent être hébergées dans un centre de données sécurisé et fiable. Lomé Data Centre constitue une infrastructure majeure et revêt une importance stratégique, non seulement au regard de la dynamique de croissance de notre pays, mais aussi comme un puissant levier dans l’atteinte des objectifs de la feuille de route 2020-2025 », a expliqué Cina Lawson.
Ainsi, Lomé Data Centre apporte de la sécurité aux données critiques de l’Etat, mais aussi à celles des entreprises privées. Pour ces dernières, le modèle de colocation proposé par l’Etat leur permet de réduire les coûts d’hébergement de leurs données, en plus donc de leur sécurisation.
En outre, l’hébergement de ces données sur des serveurs logés au Togo est une garantie d’un accès plus rapide aux services informatiques et numériques. Conséquence, la réduction des coûts au consommateur final. « A travers cette infrastructure, c’est aussi le quotidien de nos compatriotes qui se trouvera considérablement amélioré grâce à l’hébergement de contenus locaux qui seront accessibles de manière quasi instantanée au moyen du point d’échange Internet déjà opérationnel », s’est réjoui Cina Lawson.
Enfin, l’accès plus facile aux services de l’Etat à travers la digitalisation, les coûts abordables qu’offre cet hébergement en local aux entreprises, crée un environnement attractif pour le développement d’initiatives créatrices d’emplois et donc de richesse. Une politique qui s’arrime bien avec la vision de développement socioéconomique du pays pour les prochaines années.
La mise en service du centre d’hébergement de Lomé “Carrier Hotel” permet d’optimiser l’utilisation des réseaux, à travers la mutualisation des actifs publics stratégiques de télécommunications. Ainsi, l’aménagement numérique du territoire deviendra une réalité car, le déploiement d’internet haut débit qui s’en suivra permettra d’offrir à tous les mêmes qualités de service sur toute l’étendue du territoire togolais. « Une vision avant-gardiste qui va transformer le Togo en un hub de services numériques qui attirera des investissements », a déclaré Coralie Gervers, la Directrice des opérations de la Banque Mondiale au Togo.
Partenariat public-privé, transfert de compétences et de technologies
La réalisation de Lomé Data Center a été possible avec le partenariat entre l’Etat togolais et la Banque Mondiale. Ceci, dans le cadre du Programme régional ouest-africain de développement des infrastructures de communications, WARCIP. L’ouvrage a coûté douze milliards sept cent soixante millions (12 760 000 000) F CFA, financé par un prêt, fruit d’un partenariat public-privé (PPP).
Le gouvernement togolais, avec la mise en place de la Société d’Infrastructures Numériques (SIN), a su recruter des opérateurs privés ayant fait leur preuve en la matière. Ainsi, CFAO-CENTRO, APL Data center, SA3C, Société africaine de contrôle, conseil et coordination, CAP DC, Africa Data Centres (ADC), ont mutualisé leurs expertises dans la réalisation de ce projet.
« Nous comptons fortement sur notre partenaire privé Africa Data Centres (ADC), le gestionnaire de cet ouvrage pour les cinq (5) prochaines années. Un des aspects importants de notre collaboration avec ADC constitue le transfert de compétences aux Togolais », a précisé la Directrice Générale de la Société d’Infrastructures Numériques, Attia Byll.
Démocratisation de l’accès aux services technologiques aux PME et PMI et donc aux populations, meilleure aménagement du territoire, sécurité et fiabilité, accélération de la transformation digitale du Togo…les enjeux de se doter d’un Data Center de fiabilité élevé (niveau Tier III) était pour les autorités togolaises un choix stratégique pour l’atteinte des objectifs de développement intégré du pays.
Sécurité et fiabilité
Lomé Data Centre, certifié par Uptime Institute est à même de garantir la continuité de services aux opérateurs. Sa fiabilité réside dans sa capacité à maintenir donc opérationnel les réseaux électriques, le système de refroidissement, la connectivité avec du haut et du très haut débit des salles techniques. Pour cette continuité de services, le dispositif électrique du centre est doté de groupes électrogènes, de sources d’énergie électrique de la Compagnie énergie électrique du Togo mais aussi d’une source d’énergie solaire. Il est implanté dans l’une des zones les mieux sécurisées de la capitale togolaise, le nouveau quartier administratif.
A l’horizon 2025, « Lomé Data Centre disposera d’une bande passante internationale suffisante pour une meilleure connectivité du Togo, dans une parfaite redondance à travers l’atterrissage de plusieurs systèmes de câble sous-marin distincts », a annoncé la Ministre de l’Economie Numérique et de la Transformation Digitale.
Souleyman Tobias, Lomé