A l’occasion de la Coupe du Monde de Football 2018 qui se déroule en Russie, la Rédaction de CIO Mag vous invite à découvrir l’Afrique qui gagne, à travers une incursion dans l’écosystème numérique des cinq (5) nations engagées dans la compétition : l’Egypte, le Nigéria, la Tunisie, le Sénégal et le Maroc.
(CIO Mag) – Sur le terrain du numérique, le Nigeria est devenu une équipe redoutable depuis les années 2000. A cette époque-là, la Nigeria Communication commission (NCC)-commission des communications du Nigeria-, l’équivalent de ce qu’on pourrait appeler la fédération nigériane de foot libérait le marché, favorisant l’entrée en jeu des opérateurs – “clubs” – comme MTN, Econet, Globacom. Le jeu devenait alors serré pour le traditionnel champion, l’opérateur national NITEL, mais c’est au grand bonheur des spectateurs que sont les consommateurs.
Déjà en 2017, le Nigeria projetait de tirer 88 milliards de dollars US de son économie numérique et de générer plus de 3 millions d’emplois sur les dix prochaines années. C’est une géante vision qui met le numérique à la taille du pays. Le coach de cette vision, le ministre nigérian des Communications, Adebayo Shittu.
De grands projets, des joueurs internationaux…
Le pays sait déjà attirer de gros sponsors- à l’instar des argentiers du Qatar pour le foot- ; des GAFA comme Facebook et Google. La firme de Marck Zuckerberg y a installé un QG. L’ambition du réseau bleu au Nigeria, former près de 50 mille PME et entrepreneurs au numérique pour booster le développement et la croissance, selon un article de Jeune Afrique en 2017. Facebook, selon nos confrères, viseraient des acteurs clés de l’économie du Nigeria, des acteurs culturels et des industries créatives. La vision du Nigeria se dessine à travers d’importants projets qu’abrite le pays. Google y lance cette année une formation baptisée “Launchpad Africa”. Elle mobilisera 3 millions de dollars en fonds propres au profit des startups africaines sélectionnées. Ces dernières bénéficieront de stage (des mises au vert) et de formation sur des modules Google. L’autre attaquant dans l’air de jeu, le milliardaire Aliko Dangote. Il a lui aussi annoncé un investissement de 550 million de dollar dans le secteur, avec notamment la construction d’une école de “foot”, une université technologique à Abuja. Aliko Dangote ambitionne de faire du Nigeria un pôle international de la technologie, tel le plus grand centre de formation de foot au monde. L’incubateur de Lagos, CC_Hub, Facebook travaille à lancer un espace communautaire dénommé NG_HUB. Un point de rencontre de différents acteurs de l’écosystème du numérique nigérian. Une sorte de marché qui va animer les “mercato”…
Le coach Adebayo Shittu utilise une technique de jeu savamment pensé. Sur sa feuille de match, figure en attaque, «la libéralisation de l’industrie Telecom ! ». Et ça gagne à tous les coups. Cette technique a « poussé le développement du marché des services de télécommunications de seulement 1,2% en 2002 à presque 50% fin 2009 », expliquait Badii Kechiche, analyste chez Pyramid Research sur atelier.bnpparibas. Une croissance due principalement à l’arrivée de nouveaux opérateurs (des clubs) qui animent le jeu nigérian du numérique. Et ce qui rassure, c’est la vigilance de la Commission des Communications du Nigeria (NCC), impartial arbitre prêt à siffler les coups francs, hors-jeux et penalty contre les joueurs fautifs.
Des chiffres clés
La conséquence du jeu de l’ouverture et d’attaque, au Nigeria, plus de 92 millions de personnes utilisent internet mobile. Le pays est champion en matière d’utilisation d’internet mobile. En 2016, il était classé 8è mondiale, loin devant la France et le Royaume-Uni. 2004, la libéralisation du “championnat nigérian du numérique” remportait au gouvernement fédéral, la bagatelle somme de 855 M de dollars. Ce qui est qualifié à l’époque de record dans l’histoire des télécoms sur le continent. En 2015, le Nigeria comptait 148 millions d’abonnés téléphoniques et l’industrie des télécoms participe au PIB du pays à hauteur d’environ 9%. Le Nigeria, c’est aussi cinq câbles sous-marins, contrairement à un seul en 2010.
Le ministre des communications sera-t-il le Zinedine Zidane nigérian en maintenant le Nigeria au sommet de la compétition africaine et mondiale du numérique ? En tout cas, depuis 2013, la technique de jeu construite autour du Plan stratégique de management, « Strategic Management Plan » qui s’achèvera cette année a prouvé sa pertinence. « L’un de ses principaux objectifs est le renforcement de la couverture du réseau dans les zones rurales », soulignait un rapport du trésor français datant de 2016.
Notes (sur 5) : Infrastructures (4/5), formation (4/5), startups (4/5), gouvernance (4,75/5)
Souleyman Tobias
Sur le même sujet :
Les Aigles de Carthage à la conquête du sacre mondial numérique
En Egypte, le secteur des télécoms est performant comme Mohamed Salah
Maroc Digital : jamais sur le banc de touche, toujours au fond des filets !