Le Métaverse ne cesse de prendre de l’ampleur au niveau mondial. Il suscite beaucoup d’intérêts en raison des opportunités qu’il offre en termes de découverte, de réalité augmentée et de diversification de revenus pour les entreprises. Mais pas que. Son utilisation soulève aussi des inquiétudes quant aux problèmes de sécurité, au manque de régulation et à l’exclusion d’une catégorie de personnes n’ayant pas accès à la connexion internet et aux compétences numériques, entre autres.
(Cio Mag) – Après l’annonce de Facebook de son changement d’identité pour « Meta », de nombreuses entreprises ont récemment montré leur intérêt pour le Métaverse. Mais que peut-on retenir de cet univers ? Le Métaverse est un environnement virtuel et interconnecté où les éléments sociaux et économiques reflètent la réalité. Ses utilisateurs interagissent simultanément entre eux « sur des appareils et des technologies immersives, tout en interagissant avec des actifs et des biens numériques ». C’est ce qu’explique la toute récente initiative mondiale multipartite du forum économique mondial de Davos, « Defining and building the metaverse », qui vise à partager des stratégies autour de cette technologie.
Harcèlement et risques sécuritaires, le revers de la médaille
En effet, le Métaverse présente plusieurs avantages. Il facilite l’interaction entre les personnes. Il améliore l’image des marques et se présente comme une opportunité d’élargissement d’horizon pour les entreprises. Selon un rapport de Bloomberg Intelligence, ce nouvel univers pourrait peser plus de 800 milliards de dollars d’ici 2024. Mais derrière ces opportunités et avantages, plusieurs inquiétudes alimentent les débats.
Fin décembre 2021, la société Meta a par exemple été saisie par une utilisatrice victime de harcèlement sur sa première plateforme virtuelle Horizon Words. Et ce cas n’est pas isolé. Au-delà du harcèlement, le forum économique mondial (WEF), l’une des institutions internationales les plus influentes, a exprimé, au cours du forum mondial de Davos, du 23 au 26 mai, son inquiétude « sur la sécurité et l’anonymat des utilisateurs du Métaverse ».
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Du côté des Etats aussi, on s’interroge. Ainsi, Omar Sultan Al Olama, ministre d’État pour l’Intelligence artificielle des Émirats arabes unis, a exprimé ses craintes sur le risque de meurtre sur des plateformes virtuelles. « Si j’envoie un message sur WhatsApp, c’est un texte, non ? Il peut vous terroriser, mais, dans une certaine mesure, il ne créera pas de souvenirs qui vous feront souffrir de SSPT (syndrome de stress post-traumatique). Mais si je viens dans le Métaverse, un monde réaliste […], que je vous assassine, et que vous le voyez, cela vous amène à un certain extrême où vous devez répondre agressivement, parce que tout le monde est d’accord pour dire que certaines choses sont inacceptables », a-t-il déclaré à la CNBC.
Nécessité de réglementation
Que faire face à la montée des inquiétudes ? Philippe Nadeau, directeur général de DigiHub Shawinigan (Québec – Canada), affirme que les cas de cyber harcèlement ne sont pas nouveaux dans le monde virtuel. Ils existent depuis bien longtemps dans l’univers des jeux vidéo, notamment. « Les inquiétudes viennent de l’ampleur qu’ils ont pris avec l’avènement du Métaverse », reconnait l’expert. Quant à la nécessité de réglementer cet univers, cette question reste complexe pour M. Nadeau. Deux raisons expliquent ses réticences. Premièrement « chaque Etat a ses propres règlements relatifs à internet et à la sécurité des données », explique-t-il. Deuxièmement, « chaque opérateur fonctionne sur la base de ses propres orientations et règlements intérieurs ».
Malgré les deux difficultés, il y a bel et bien une nécessité de réfléchir à des solutions. Comme piste, Philippe Nadeau propose que, d’un côté « chaque opérateur mette en place des règlements précis » autour de ce monde virtuel. De l’autre côté, que « chaque Etat définisse une bonne politique de régulation » du Métaverse . A titre d’exemple, il cite la Chine qui a créé son propre Métaverse, ou encore les Emirats Arabe Unis, qui penchent sur la façon de punir les auteurs de crimes commis par leurs avatars dans le Métaverse.
Ces stratégies pourraient limiter les dérapages dans le Métaverse. Pour leur part, les membres du « Defining and building the metaverse » ont plaidé pour la mise en place d’un cadre de gouvernance adéquat pour le Métaverse. Ce dernier impliquerait une harmonisation « entre réglementation et innovation », tout en préservant « la vie privée et la sécurité des utilisateurs ».
Face aux craintes, le directeur des produits chez Meta s’est, pour sa part, voulu rassurant : « Il y aura probablement quelque chose comme un système de classification », pour qu’un parent ou un jeune puisse avoir une idée des règles dans l’environnement où ils vont entrer », a expliqué Chris Cox.