Le rôle et l’importance du numérique n’ont jamais été aussi déterminants depuis la pandémie de Covid-19. Avec l’amélioration de la connectivité en Afrique, au cours de cette période, l’on remarque que le contexte digital est plus favorable, en particulier dans les administrations. Loin de vouloir opposer, de façon systématique, infrastructures physiques et infrastructures numériques, nous voulons plutôt accentuer notre propos sur la grande complémentarité entre les deux. L’intégration du digital dans les processus de gouvernance a été engagé, de façon irréversible, pour gagner en résilience. Et le digital a permis de sauver des vies humaines et a préservé des pans entiers des systèmes économiques, sociaux et culturels. Pour autant, les potentialités escomptées pour une meilleure gouvernance électronique restent en deçà des capacités réelles qu’offre le secteur.
Le faible taux d’alphabétisation, le coût élevé de connexion et le manque d’infrastructures sont autant de freins à l’essor du processus de la gouvernance électronique. Mais, cela pourrait être transformé en force si l’on partait du principe que les pays considérés comme avancés partent avec un fort legacy, lequel ralentit, voire étouffe l’implémentation de systèmes innovants.
Pour tirer profit de ces innovations, de façon à transformer et moderniser l’Etat, le recours aux innovations d’usage pourrait servir de socle à l’émergence d’une administration électronique inclusive fondée sur une base bottom-down. Ce système en trois étapes permettrait, dans un premier temps, de fournir des ressources au travers d’un open data mis à disposition d’une communauté de développeurs locaux et de start-up. Ces derniers seraient, dans un second temps, challengés à partir de thématiques axées sur la gouvernance locale. Ce processus permettrait, in fine, de valoriser les meilleurs projets. Ils seraient financés et mis en œuvre après une phase de proof of concept. En disposant, en parallèle, de FabLabs et de programme de mentoring et de coaching, il serait alors possible d’accompagner les jeunes. Ce serait une façon de créer de l’émulation et de promouvoir, en même temps, le potentiel d’innovation par des usages.
Automatisation de 50 % des emplois
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce vent d’administration électronique a connu ses premiers développements au début des années 2000, avec le Rwanda et le Burkina Faso. Ces deux pays ont été les pionniers avec la mise en place des e-Conseil des ministres. Et tout cela grâce à la centralisation des informations via l’harmonisation de l’informatique de l’Etat. Déjà, à l’époque, c’était révolutionnaire, en dépit des systèmes balbutiants. C’est ce qui donnera naissance à la gouvernance électronique, avec la création de plusieurs vagues d’agences gouvernementales en charge du digital. A cette époque, le Rwanda est même allé jusqu’à noter les performances des responsables et des agents de l’Etat sur des critères tenant compte de l’intégration des TIC dans leurs processus.
Mais, depuis, il y a eu pléthore d’évolutions. A commencer par les nouvelles tendances considérées comme disruptives, telles que l’Etat plateforme et l’open data. Et aussi grâce à l’immense réservoir de potentiels des champs d’application de l’IA et des technologies blockchain. Et pour les vingt prochaines années, on s’achemine vers l’automatisation de plus de 50% des emplois dans l’administration.
Bonne lecture