Le ministère des Postes et Télécommunications sensibilise contre la propagation de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux et fait planer des menaces de condamnation sur les auteurs. Les populations réagissent.
(CIO Mag) – Tous les abonnés de la téléphonie mobile au Cameroun reçoivent depuis quelques jours des messages dans les deux langues : « Cher abonné, ne vous rendez pas complice de la désinformation et de la déstabilisation de notre pays via les réseaux sociaux. MINPOSTEL (Ministère des postes et des télécommunications) ». Si certaines personnes apprécient cette campagne contre la propagation de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, d’autres par contre la trouvent non conforme aux droits à l’information reconnu par l’Unesco et s’apprêtent à dénoncer à l’international le comportement du ministère des Postes télécommunications.
Toutefois, les réseaux sociaux ont apporté depuis un moment de nouvelles habitudes chez les consommateurs de l’information. Si le journalisme citoyen est le concept employé pour définir ce que les médias diffusent sur les réseaux sociaux, cela va de soi que la population est le premier journaliste, car c’est par elle que l’activité du journalisme prend forme. C’est elle qui interpelle et fournit des informations. Elle est au centre de tout. Aujourd’hui avec les outils qu’elle a, elle fait juste son travail d’interpeller sur les faits. Par conséquent, aujourd’hui, le cas de figure présent est celui de la diffusion des informations d’utilité publique par un citoyen. Les informations peuvent être fausses ou vraies, c’est non seulement le travail du journaliste de les recouper, mener des enquêtes, et à celui qui les reçoit de vérifier la véracité avant toute propagation. Or, la chaîne est rompue via les réseaux sociaux. Selon madame Danielle Ibohn, digital Project Manager, ce genre de campagne est très important.
« Il faut, ajoute-t-elle, sensibiliser sur la propagation des fausses nouvelles. Aujourd’hui, elle se fait sur des informations, demain cette mesure vous protégera. Lorsqu’on propagera des fausses informations sur vous. Il y aura un vide juridique et chacun sera en mesure de nuire à votre réputation ». Internet n’est pas un espace de non-dit, des abus y sont et y circulent tous les jours. Les usagers évoluent, les mentalités aussi. Cette campagne, selon elle, est avant-gardiste. « Des pays dits développés ont fait ces campagnes, pourquoi pas le Cameroun. En France, il y a carrément des brigades de cybercriminalités qui opèrent sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas un fait isolé, c’est une conséquence de la nouvelle société de vitesse que nous vivons aujourd’hui. Il est possible de détecter les auteurs de ces types d’actes perpétrés sur les réseaux sociaux et selon la loi, ils sont passibles de poursuites judiciaires», ajoute-t-elle.
Sur la toile, les utilisateurs de ce genre de gangstérisme n’utilisent pas les mots-clés pour se cacher. Mais dame Danielle Ibohn n’est pas d’accord lorsque le ministère des Postes et télécommunications parle des peines d’emprisonnement, il s’agit selon elle de tout simplement sensibiliser et pas réprimer. Parce que des sanctions financières, de compassassions aux préjudices causés vont peut-être atténuer la propagation des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. Elle invite chacun à utiliser convenablement les réseaux sociaux, pas d’en faire de nouveaux hors la loi. Elle poursuit en ces termes : « Chaque citoyen à des droits et devoirs. Car les libertés ne demandent pas qu’on n’oublie nos devoirs. Nos devoirs qui sont de concourir à la bonne marche du pays. Ces représailles ne nous privent pas de nos libertés, elles en sont le garant. Parce que l’information est et sera sans équivoque. C’est comme si on nous dit : aujourd’hui devenez de véritables journalistes citoyens, recoupons l’information et ayons des preuves. Personne ne contestera parce que la preuve est là ».
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun qui sont en grève ont le réseau internet suspendu, pourtant, c’est la partie du pays de Paul Biya où il existe de nombreuses startups. Car Silicon Mountain à Buéa dans le Sud – Ouest est la région qui utilise le plus internet, la priver est un gros manque à gagner, tout simplement parce qu’elle est la région où les créateurs de projets numériques sont les plus nombreux au Cameroun. En plus, ce sont des préjudices énormes pour l’économie nationale de ces régions (banques, e-banking) qui fonctionnent en majeure partie avec cet outil. Enfin, internet est reconnu par l’ONU comme un droit car il est au centre des échanges sociaux et commerciaux aujourd’hui.
Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun
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