Football et technologies : la VAR débarque à la CAN dès les premiers matchs

La Coupe d’Afrique des Nations, CAN Cameroun 2021 a débuté avec la ‘’Video Assistant Referee’’(VAR), l’arbitrage vidéo. C’est la première fois que la Confédération africaine de football (CAF) fait appel à la VAR dès les premiers matchs dans une phase finale de la CAN. Steven Lavon, Officier média des Eperviers –l’Equipe nationale de football- du Togo décrypte pour Cio mag, ce choix de la CAF et évoque l’impact de la technologie sur les sports.

(Cio mag) –  Journaliste sportif, ancien rédacteur en chef du site d’informations sportives Africatopsport.com, Steven Lavon est aujourd’hui l’Officier média des Eperviers du Togo à la Fédération togolaise de football (FTF). Il se rappelle que « la première fois que la CAF a utilisé la VAR, c’était en 2018 lors de la finale de la ligue des champions ; alors que l’Europe l’avait démarré plus tôt. Pour ce qui est de la CAN, la VAR avait été utilisée en 2019 en Egypte, mais seulement à partir du deuxième tour, c-a-d, les quarts de finale ».

Selon le spécialiste des sports, l’utilisation des technologies dans le sport, notamment la VAR dans le football africain répond, pour la CAF, à une dynamique. « Le monde évolue. La FIFA, Fédération internationale de football association, a décidé d’introduire la technologie de plus en plus dans le football. La CAF ne pouvait donc rester en marge de cette avancée, surtout que la plupart des joueurs qui disputent la CAN évoluent en Europe et sont habitués à l’utilisation de la technologie, notamment à la VAR. Je pense que c’est tout à fait logique que la CAF décide de faire intervenir la VAR dans cette compétition. Surtout que, qui parle de technologies ne parle pas uniquement de la VAR », explique Steven Lavon.

Quid de l’authenticité du jeu ?

Une fois le décryptage du spécialiste fait, Steven Lavon exprime son point de vue personnel sur la VAR. « Honnêtement, je ne suis pas très friand de la VAR. Je suis un anti-VAR. Sur ces questions, vous avez toujours des pro et des anti ». Et pour cause, « la VAR pousse un peu trop loin ‘’la dénaturalisation’’ du jeu », soutient ce spécialiste des sports. Il est d’avis que l’on aurait jamais eu ‘’la main de Dieu’’ de Diego Maradona si la VAR avait existé à la coupe du monde 1986 où Maradona a marqué, de la main, le but de victoire de l’Argentine face à l’Angleterre (2-1) ; alors que les arbitres n’y ont vu qu’un but de la tête ! Ce mythe reste l’un des meilleurs fantasmes du football de notre époque.

Steven Lavon est donc de ceux qui pensent que « les petites erreurs des arbitres etc…font partie de l’essence du football, c’est ce qui rend le jeu beau », avec son lot de suspens. D’ailleurs, l’Officier média des Eperviers à la FTF fait observer que malgré la vidéo, c’est toujours les humains qui interprétèrent l’action au final ; même si des experts soutiennt que la VAR réduit les injustices. « Pour moi, cela ne corrige pas grand-chose », affirme-t-il. Aussi, le temps mis pour consulter la vidéo ralentit le jeu et refroidit les joueurs ; ce qui fait perdre le temps, commente l’Officier média. Mais Steven Lavon n’est pas foncièrement contre l’intégration des technologies dans les sports.

Des performances grâce aux nouvelles technologiques

Revoir l’utilisation de l’arbitrage vidéo, réduire le temps de consultation de la VAR, ou redéfinir le rôle des arbitres sur les écrans pour éviter que l’arbitre central ne perde le temps. Voilà autant de réflexions que l’ancien rédacteur en chef d’Africatopsports souhaite voir se mener sur l’utilisation de l’arbitrage vidéo.

Au fond, l’Officier média des Eperviers à la FTF se résout à l’évidence. Il est d’avis que les sports ne peuvent pas se soustraire des avancées technologiques. La preuve, c’est grâce à la VAR que le Cameroun est revenu dans son match à l’ouverture de la CAN 2021, la vidéo ayant permis de valider un penalty que l’arbitre n’avait pas vu dans un premier temps. Et de même, c’est à la VAR que le corps d’arbitrage a fait appel pour annuler le 3è but camerounais qui aurait pu enfoncer davantage le Burkina Faso. Sur ce, Steven Lavon admet que l’apport de la technologie pourrait corriger quelques manquements. S’il est plus réticent à la VAR, il souligne volontier les apports sensibles des technologies aux sports en général. « C’est peut-être la VAR qui m’indispose un peu », confie le journaliste des sports.

« Il faut reconnaitre que ces dernières années, le sport a bien évolué et les performances sont toujours aussi impressionnantes chaque année. De nouveaux records sont établis, et il faut le dire avec sincérité que ces nouveaux records sont rendus possibles grâce aux nouvelles technologies développées ces dernières années », fait observer Steven Lavon.

La technologie comme facteur de développement des sports

Au rang des apports des nouvelles technologies, Steven Lavon rappelle que c’est grâce à la science et à la technologie que l’on a pu mettre en place les gazons synthétiques. Ce qui permet par exemple à des pays en voie de développement de disposer des terrains de jeux, notamment dans des zones où le gazon naturel serait impossible à entretenir ou reviendrait cher.

Les Objets connectés ont également marqué leur entrée dans le sport. Steven Lavon évoque entre autres les ballons, les crampons et les maillots connectés qui permettent d’améliorer les performances de jeu. Il cite en exemple les crampons dans lesquels sont intégrées des puces pour mesurer le nombre de pas, ou pour adapter le poids des crampons à celui des joueurs. Les maillots connectés qui aident à adapter les tissus à l’environnement de jeu, sans oublier les ballons qui embarquent des puces pour calculer les frappes des joueurs, les parties les plus touchées et surtout qui permettent de déterminer si la balle franchit la ligne de jeu ou pas (la goal line technology) ! Une utilisation des technologies qui marque « de très bonnes avancées dans le football ces dernières années », se réjouit Steven Lavon. Occasion pour lui de souligner que presque tous les sports aujourd’hui font appel aux nouvelles technologies. « Les techniques d’entrainement s’améliorent grâce à la technologie. On peut mesurer les paramètres physiques, physiologiques des joueurs, voir leur rythme cardiaque, fréquence respiratoire etc… quasiment dans tous les sports, la technologie intervient », note l’Officier média de l’équipe nationale de football du Togo à la FTF.

De même, la médecine sportive a permis d’améliorer sensiblement le délai de récupération des joueurs blessés. Pour les mêmes blessures qui sonnaient la fin des carrières sportives, aujourd’hui, la technologie permet d’éviter le pire pour les professionnels des sports.

Au finish, on a beau être un conservateur, il est presque impossible de résister à l’avancée des technologies dans les sports. Steven Lavon le sait, lui qui est un observateur avisé de l’évolution des disciplines sportives sur le continent. « On ne peut pas faire sans la science, sans la technologie », résume-t-il ; tout en appelant à un meilleur cadrage de ces technologies comme la VAR. L’officier média des Eperviers du Togo rassure, pour finir, que « le champion de la CAN 2021 ne sera pas un champion de la technologie mais du football ». Car, « la technologie peut intervenir une ou deux fois. Mais c’est la part humaine qui l’emportera. Ce sont des joueurs qui démontrent leurs technicités, leurs talents. Un champion restera donc un champion du jeu », conclut Steven Lavon.

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

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