« Tout est question d’acculturation digitale »

Après quatre les premières éditions organisées à Casablanca, “Meet the Lead” se délocalise dans la région de l’Oriental pour la 5e édition prévue du 21 au 23 juillet. Le rendez-vous incontournable des technologies numériques est organisé par Startup Grow. Sa fondatrice, Hanane Ait Aissa, nous détaille dans cette interview accordée à Cio mag, les nouveautés de cette 5e édition. Elle nous livre également son point de vue sur les défis et les opportunités de l’écosystème des startups au Maroc.

Cio mag : Cette année, vous avez choisi la région de l’Oriental pour abriter la 5e édition de l’évènement “Meet the Lead”. Pourquoi ce choix ?

Hanane Ait Aissa : Le choix de la région de l’Oriental s’est fait naturellement, de par sa position géographique stratégique, surtout dans le contexte géopolitique actuel. Il faut se rappeler aussi qu’en 2013, Sa Majesté le Roi Mohamed VI avait initié dans cette région la première action du plan de régionalisation avancée. Nous nous apprêtons donc à célébrer les vingt ans de cette vision royale. Du coup, notre fondation a pris l’initiative d’organiser ce rendez-vous dans la région de l’Oriental, qui dispose d’un énorme potentiel économique. L’objectif est de renforcer le capital humain de la région en utilisant le numérique comme catalyseur pour la création de nouveaux métiers.

Mon intime conviction est que la région de l’Oriental est celle du futur

Le thème de cette 5e édition est « Be part of the future, startup ». Pourquoi ce thème ?

Après les 4 premières éditions organisées à Casablanca, nous avons choisi de nous projeter vers l’avenir, pour cette 5e édition. On dit que le futur c’est demain, mais le futur c’est aussi aujourd’hui. Mon intime conviction est que la région de l’Oriental est celle du futur. Elle dispose de tous les atouts pour émerger en tant que territoire innovant. Cela se confirme d’ailleurs avec les récentes actions menées au niveau local par des partenaires institutionnels et privés. Je prends à titre d’exemple l’inauguration la Maison de l’Intelligence Artificielle à Oujda ou encore les structures de formation bientôt opérationnelles pour former les jeunes talents du numérique. Le futur se prépare donc aujourd’hui et on est en plein dedans. D’où le choix de cette thématique dans la région de l’Oriental.

Globalement, quel regard portez-vous sur l’écosystème des startups au Maroc ?

Il faut dire que l’écosystème marocain a fortement évolué au cours des 10 dernières années. Cette évolution positive est due, entre autres, aux différents mécanismes d’accompagnements mis en place pour soutenir les jeunes pousses marocaines. De l’idéation au niveau des universités, jusqu’aux incubateurs et autres accélérateurs qui se sont multipliés, on ne peut que se réjouir du travail accompli pour faire émerger cet écosystème de l’entreprenariat innovant au Maroc.

Les pays anglophones ont une longueur d’avance sur nous

En même temps, si on se compare à d’autres pays africains comme l’Egypte ou le Nigéria, on constate que les startups marocaines sont moins performantes en ce qui concerne notamment les levées de fonds à l’international. Comment l’expliquez-vous ?

Vous faites bien de citer les exemples de l’Egypte et du Nigéria. Ce sont deux pays qui font partie de l’écosystème anglophone de l’entreprenariat innovant. Et toutes les études démontrent que les écosystèmes anglophones sont en avance par rapport aux écosystèmes francophones. Dans ce domaine, la maitrise de la langue est primordiale notamment pour effectuer des “pitch” auprès d’investisseurs qui sont généralement anglophones. Du coup, les pays anglophones ont une longueur d’avance sur nous.

Autre point important : ces pays (Nigéria, Egypte) représentent aussi des marchés beaucoup plus importants que le marché marocain. Un investisseur étranger qui souhaite financer une startup sera plus enclin à se tourner vers une jeune pousse active dans un marché relativement important, où la marge de croissance est importante. Là aussi, ces pays ont un avantage concurrentiel sur nous. C’est le défi que nous devons relever.

Tout est question d’acculturation digitale

En quoi l’innovation est un levier de développement incontournable de nos jours ?

Je dirais d’abord que tout est question d’acculturation digitale. Nous devons vulgariser au maximum le potentiel du digital, notamment auprès des jeunes. Et c’est ce que nous cherchons à faire à travers l’évènement “Meet the Lead”. L’objectif ultime étant de mettre en relation les jeunes talents avec des dirigeants et des chefs d’entreprises, soit pour les accompagner dans leurs projets de startups ou pour les guider dans leurs carrières professionnelles. Nous souhaitons créer des ponts au niveau local mais aussi à l’international. C’est la raison pour laquelle nous avons convié des experts et des dirigeants étrangers, en provenance du Bénin, du Rwanda, des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou encore du Portugal.

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